
Depuis 2007, la ferme de Coopelso a incorporé par deux fois de la graine de lin extrudée dans la ration. L'expérience montre des effets très significatifs lorsque les éléments, notamment le maïs-ensilage, sont de bonne qualité.
COMMENT AFFICHER DES RÉSULTATS DE PRODUCTION DE HAUTE FACTURE sans altérer la santé des vaches. Telle était la problématique de Laurent Bonnet, responsable du troupeau laitier de la ferme de Sovagénétique. D'un niveau génétique remarquable, les vaches produisent une moyenne avoisinant 11 000 kg au contrôle laitier. Équilibrée à 35 kg, la ration comporte alors 10 kg de MS d'ensilage de maïs, 3 kg de foin de luzerne, 1 kg de foin, 2 kg de maïs-grain humide, 500 g de blé et 3,5 kg d'un correcteur soja-colza. Une VL 3l est plafonnée à 3 kg au DAC. « Nous voulions des vaches en très bonne santé, tout en conservant le même niveau de lait », insiste Laurent Bonnet.
Sur les conseils de Guy Hébrard, nutritionniste chez Valosud, Laurent Bonnet incorpore 1 kg d'un aliment contenant 70 % de graines de lin extrudées, en janvier 2007. Les premiers effets ne tardent pas à se faire sentir. Entre janvier et février 2007, la moyenne « niveau adulte » au contrôle laitier passe de 13 860 kg à 14 670 kg.
Ce niveau élevé de production se maintient pendant les mois suivants. Parallèlement, le taux butyreux perd près de trois points avec plusieurs mois inférieurs à 38 g/l.
« UN RETOUR SUR INVESTISSEMENT TRÈS INTÉRESSANT »
« Les résultats ont été au-delà de mes espérances, se souvient Laurent. Les vaches étaient en pleine forme, avaient un poil luisant et ont produit davantage de lait. » Cette bonne reprise de poids, malgré une production laitière dépassant souvent 14 000 kg (niveau adulte) au cours de 2007 et 2008, a permis d'obtenir des résultats de fécondité très convenables au vu des quantités de lait produites. Toutes les vaches étaient cyclées rapidement après le vêlage. La hausse significative de la production n'a pas de conséquences négatives sur la reproduction. Le taux de réussite en IAP reste stable (environ 50 %), tout comme le nombre de vaches gestantes au bout de deux IA maximum (environ 70 %).
Le coût journalier du lin atteint 0,60 € par vache laitière. « Toutefois, le gain de production et la meilleure santé des animaux permettent d'obtenir un retour sur investissement très intéressant », explique-t-il.
L'incorporation de lin dans la ration a donc eu un effet positif significatif sur le troupeau de Sovagénétique : des vaches en meilleure santé et une augmentation de la production.
Comment expliquer ces résultats ? « Il est important, dès le départ, de posséder des fourrages de bonne qualité, bien conservés, une ration fibreuse, homogène, de bonne digestibilité, correctement équilibrée avec le panel de protéines, d'énergie (sucres, amidon et cellulose), sans oublier la complémentation minérale et vitaminique. La graine de lin extrudée pourra alors être utilisée comme le correcteur des rations déficitaires en matières grasses oméga 3 », insiste Guy Hébrard.
« PAS DE GASPILLAGE D'ÉNERGIE DANS LA PANSE »
C'est dans la panse de la vache, qui compte 10 kg de micro-organismes de deux cents espèces, que les oméga 3 vont faire leurs premiers effets en sélectionnant une population bien spécifique, celle responsable de la production de méthane (une vache relargue par éructation 400 à 600 l par jour).
« Cette flore méthanogène, une fois diminuée, va permettre une économie d'énergie importante bénéfique à d'autres fonctions : production de lait, reprise d'état, reproduction. L'autre effet significatif des oméga 3 est la baisse du taux butyreux. À la ferme de Sovagénétique, le TB diminue de 3 g/l entre janvier et février 2007. La matière grasse fabriquée par la mamelle dépense également de l'énergie. Avec moins de TB, l'économie sera une fois de plus dédiée aux autres fonctions. »
Par ailleurs, la graine de lin extrudée contribue à sécuriser le pH de la panse. Sa richesse en oméga 3 (composant de toutes les membranes cellulaires) améliore leur perméabilité.
Les acides gras volatils (7 à 8 kg par jour d'acides produits par les microbes) sont plus facilement relargués au travers des parois, évitant ainsi le risque d'acidité importante dans le rumen.
« Pour sécuriser le pH, précise Guy Hébrard, il est important d'y associer l'effet mécanique de la ration qui permettra à la vache de saliver (150 à 250 l par jour) et de recycler ainsi 1,5 à 2,5 kg d'éléments tampon dans la panse. » Avec la dégradation de la conjoncture laitière et la flambée du prix du lin, Laurent Bonnet a décidé d'arrêter l'apport de lin en janvier 2009. « Le prix était monté à 740 €/t, se souvient Laurent. Ce n'était plus rentable. D'autant plus que le prix du lait commençait sa dégringolade. » Les conséquences sur la production laitière ne tardent pas. Après avoir maintenu un niveau adulte dépassant régulièrement 14 000 kg en 2007 et en 2008, la moyenne du troupeau perd rapidement 1 000 kg. De janvier à juillet 2009, la moyenne « niveau adulte » est inférieure de 600 à 2 000 kg en comparaison aux mêmes mois de l'année précédente. En revanche, le lin aurait un effet à long terme sur la santé des animaux.
« Les vaches sont restées en bon état et ont conservé une bonne reproduction tout au long du printemps », souligne Laurent Bonnet. Sur la campagne 2008-2009 (début août à fin juillet), elles affichent un taux de réussite en IAP de 50 % et 70 %. Les vaches ont besoin au maximum de deux IA pour être gestantes. Les résultats de fécondité restent donc très satisfaisants au vu des performances laitières jusqu'à l'été 2009. Toutefois, la machine se grippe au début de l'automne.
« AVOIR UNE RATION BIEN ÉQUILIBRÉE »
« Nous avons récolté un maïs à plus de 40 % de MS, souligne Laurent Bonnet. Sa structure est grossière et peu digestible. Le matin, les vaches trient la ration et mangent les particules les plus petites. À la mi-journée, j'observe des bouses molles caractéristiques d'un pic d'acidose. En cours de journée, les vaches consomment les fibres restant à l'auge. On constate alors des bouses très compactes. » Elles conservent toutefois une production très importante avec 35 l de moyenne au tank au printemps 2010. Mais elles tirent sur leurs réserves corporelles et maigrissent. Pourtant, Laurent a réincorporé 1 kg de lin fin octobre lorsque les vaches fraîchement vêlées ont montré des difficultés à reprendre de l'état. Mais les résultats obtenus deux ans auparavant ne sont pas au rendez- vous. L'augmentation de la production est moins significative (seulement 300 kg de plus que l'année précédente).
Du côté de la reproduction, les vaches mettent davantage de temps à se recycler. « Quand la ration est bien calée, conclut Laurent Bonnet, l'ajout de lin donne des résultats très positifs rapidement. Mais il ne peut pas tout faire s'il y a une carence.Notamment lorsque la qualité de l'ensilage de maïs, qui constitue la moitié de la ration, n'est pas au rendez-vous. »
LILIAN EMMERSON
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
FCO : le Grand Ouest en première ligne
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?