Faut-il couper le foin plus court et ajouter de la mélasse ?

Ce type de rations mélangées a deux caractéristiques principales. D'une part, elles contiennent beaucoup de particules fines (jusqu'à 65 % en poids de particules 8 mm) : concentrés et minéraux ajoutés bien sûr, mais aussi poussières et éclats de feuilles, de fleurs et de tiges, et toutes petites graines. Les particules les plus denses (taille 1,5 mm), qui vont couler tout de suite dans le jus ruminal et fermenter très rapidement, constituent parfois le quart du total de la ration ! D'autre part, et pour ne rien arranger à l'affaire, ces rations sont très sèches et donc très faciles à trier, dès leur distribution. Preuve en est, le résultat des tamisages des restes quelques heures après le passage de la mélangeuse : les particules très fines ne représentent plus que le dixième de la ration restante. Dans les premières heures, les vaches mangent rapidement beaucoup plus de concentrés que de fibres longues, et sont ainsi sujettes à des baisses de pH du rumen. Ensuite, dans la journée, vous repoussez une ration déjà triée, plus riche en fibres longues et moins appétante. Ingérée plus lentement, elle sera également longuement ruminée, et le pH de la panse va s'élever bien au-dessus de son niveau moyen. On peut appeler cette succession de baisses et de hausses du pH l'instabilité ruminale.

- CETTE INSTABILITÉ RUMINALE, qui n'est pas vraiment de l'« acidose » au sens strict, peut avoir deux effets majeurs. Elle diminue l'efficacité de votre ration, même si elle est parfaite sur le papier. Elle concourt aussi à provoquer ce qu'on appelle le syndrome de dépression de la matière grasse du lait. Très bien décrites en Amérique du Nord, ces chutes importantes du TB surviennent si l'instabilité ruminale est présente et si la ration contient des acides gras insaturés en quantité critique (directement l'acide linoléique du maïs, des drèches, des graines et de l'huile de soja... indirectement les acides gras des tourteaux de colza et des graines de lin).

- POUR LIMITER CE TRI et garder de bonnes valeurs en « fibres mécaniques », couper plus fin (jusqu'à 3 cm) et « coller » une partie des particules les plus fines sur les plus longues est une bonne option. À condition que les couteaux de la mélangeuse soient parfaitement affûtés pour une coupe nette, alors que « couper du foin » en quantité les désaffûte prématurément. Il faut aussi incorporer l'aliment liquide juste après le foin. Ainsi les gouttelettes collent aux fibres qui récupèrent d'abord les fines particules provoquées par les coupes et les broyages successifs, puis les particules les plus fines des minéraux et des concentrés.

- MON CONSEIL En hiver, avec l'ensilage d'épis de maïs, un peu d'eau liée (et liante) est présente dans les rations. Gardez un peu d'aliment liquide (700 g/VL). En été, ne lésinez pas sur les quantités : 1 kg de mélasse au minimum par vache pour 20 kg de MS. Avec 1,2 kg ajouté au bon moment, vous obtiendrez une ration légèrement ambrée, beaucoup plus difficile à trier, très appétante, et plus efficace si elle est préparée, distribuée et repoussée régulièrement.