UNE APPROCHE GLOBALE DU MAÏS FOURRAGE

Exemple de deux dates de semis en Bretagne en 2011. À gauche, un semis du 14 avril et, à droite, un semis du 6 mai. Certes, le maïs semé plus tardivement apparaît plus haut en taille, mais la différence sur les épis est impressionnante. Au final, le semis du 14 avril affiche un rendement supérieur de 2 t de matière sèche par hectare.© CECAB
Exemple de deux dates de semis en Bretagne en 2011. À gauche, un semis du 14 avril et, à droite, un semis du 6 mai. Certes, le maïs semé plus tardivement apparaît plus haut en taille, mais la différence sur les épis est impressionnante. Au final, le semis du 14 avril affiche un rendement supérieur de 2 t de matière sèche par hectare.© CECAB (©)

Le choix d'un hybride n'est pas indépendant de l'usage qu'on en fait dans la ration et son potentiel ne sera valorisé qu'à certaines conditions. Le groupe Cecab a voulu mettre un lien entre les conseils agronomique et zootechnique autour du maïs.

LE GROUPE COOPÉRATIF CECAB (CECAB ET COOP DE BROONS), qui rayonne sur l'ensemble de la Bretagne, propose à ses adhérents son concept « Capital Maïs » qui consiste à choisir la bonne variété et à préserver son potentiel jusqu'au rumen. « Nous avons de nombreux essais qui évaluent une centaine de variétés, explique Jean-Luc Demars, responsable agronomie au groupe Cecab. Mais pour quel service à l'adhérent ? Jusqu'alors, l'agronome lui proposait une certaine génétique que le nutritionniste récupérait une fois l'ensilage terminé. Entre les deux, peu de relations. Capital Maïs est une chaîne d'éléments qui crée du lien entre le conseil végétal et le conseil animal avec, notamment, un langage commun sur la valeur alimentaire des hybrides. Notre approche se veut aussi très objective sur la performance des variétés et indépendante des multiples démarches marketing “valeur alimentaire” existant aujourd'hui. »

LIMITER LES PERTES À CHACUNE DES 4 ÉTAPES

Cette approche globale du maïs fourrage commence par une caractérisation de l'exploitation laitière : quel niveau d'intensification ? De quels fourrages dispose-t-on pour la ration ? Quel mode de distribution ? Etc. En face, chaque variété est présentée sous trois aspects : son potentiel de rendement (performances agronomiques), son potentiel à faire du lait (valeur énergétique) et son risque pour le rumen (rapport amidon/fibres efficaces). Enfin, dernier pilier de Capital Maïs : Caune expertise agronomique et zootechnique qui accompagne l'éleveur dans chaque étape, de la semence à l'auge. « Chaque dose de semence achetée possède un potentiel donné qui s'effritera plus ou moins en fonction de l'utilisation qui en est faite. Notre objectif : en perdre le moins possible pour récupérer à l'arrivée une valeur maximale », précise Jean-Marc Benoist, responsable des ruminants.

1 CHOISIR UN POTENTIEL GÉNÉTIQUE

Les vingt-cinq essais menés chaque année sur 1 300 micro-parcelles par le groupe Cecab permettent de qualifier le potentiel agronomique des variétés : rendement, régularité, vigueur au départ, verse, etc. Chaque hybride reçoit une note globale sur 20. « Nous avons une trame assez sévère où la note moyenne en rendement correspond à 100 % du témoin », précise Jean-Luc Demars. Dans les derniers essais Cecab, une variété performante produisait 2,4 t de MS/ha supplémentaires par rapport à un hybride low cost. Bien sûr, l'investissement semence est plus élevé de 43 € mais, au final, le coût de production à la tonne de matière sèche est inférieur de 10 €.

2 EXPLOITER CE POTENTIEL

C'est, à coup sûr, l'étape où il y a le plus à perdre : jusqu'à 50 % du rendement selon l'itinéraire. La démarche Caune pital Maïs rappelle les leviers que l'éleveur doit actionner. Avant le semis, être conscient qu'un maïs nécessite 80°/jour (base 6) pour la période semis levée. Inutile de semer si les conditions de température n'y sont pas. Détruire le plus tôt possible les couverts végétaux et surtout éviter les crucifères pour exploiter le potentiel variétal (jusqu'à 7 t de MS/ha de pertes mesurées sur un essai !). Apporter le fumier assez tôt (un mois minimum) pour que l'azote soit disponible au stade 8-10 feuilles peut faire gagner plus de 1 t de MS/ha.

La date du semis détermine les composantes du rendement. C'est pourtant un trompe l'oeil car les maïs semés tardivement sont souvent plus hauts, donc plus impressionnants que les semis précoces. Mais la pesée est sans appel : + 2 t de MS/ ha observées en Bretagne en faveur d'un semis du 14 avril, comparé à un semis du 6 mai sur un essai en 2011. La semence est chère et la tentation est grande de diminuer la densité du semis. Mais le maïs ne talle pas et le nombre de pieds à l'hectare conditionne le rendement. Deux doses à l'hectare sont recommandées pour atteindre 95 000 à 98 000 pieds. « La précipitation est une source de gaspillage de la semence. Le semis du maïs qui conditionne l'alimentation du troupeau ne doit pas être une course de vitesse. L'idéal serait de ne pas dépasser 4-5 km/h et viser 3 cm de profondeur pour garantir l'homogénéité de la levée. L'entretien et le réglage du semoir sont aussi essentiels », rappelle Jean-Luc Demars. Les messages de désherbage corroborent ceux d'Arvalis : intervenir sur des adventices jeunes et prévoir deux passages. « Sur huit essais, nous avons mesuré un écart de +1,5 t de MS/ha avec deux passages au lieu d'un. »

3 NE RIEN GASPILLER À LA RÉCOLTE ET AU SILO

La période de récolte optimale correspond à la présence des trois amidons dans le grain : laiteux, pâteux et vitreux, avec toutes les spathes desséchées et 3-4 feuilles séchées à la base. « Il faut viser le créneau 30-35 % de MS. » Le réglage de la longueur de coupe sur l'ensileuse se décide en fonction de la matière sèche de la plante, du mode de reprise au silo (fraise) et du type de mélangeuse (pale ou vis). Les techniciens insistent aussi sur une couverture hermétique du silo (film sous-couche, film de protection et filet) : « Un silo mal protégé perd 10 à 15 % de MS. Pour un troupeau de 50 vaches, c'est un coût de 2 900 €. » L'utilisation d'inoculants permet d'assurer une meilleure fermentation du maïs, et de limiter moisissures et mycotoxines : « Plusieurs de nos adhérents confirment les effets positifs. L'inoculant s'impose sur les silos d'été », explique Jean-Marc Benoist.

4 UTILISER CE MAÏS POUR LE VALORISER EN LAIT

Les pertes liées à une mauvaise gestion du silo peuvent être importantes. D'où la nécessité d'assurer une coupe franche et de lester le front d'attaque. « Un ensilage qui chauffe, ce sont 3 à 5 kg de MS perdus en gaz et chaleur chaque jour. L'enjeu est de 1 600 € par an pour un troupeau de 50 vaches. » Tous ces éléments étant posés, Capital Maïs propose à l'éleveur des variétés qui correspondent au contexte de son élevage. En fonction du niveau de production (donc du risque de subacidose) et d'une note de sécurité rumen (mode de distribution, présence de fibres efficaces), un profil de maïs est proposé : « amidon », « fibre » ou « équilibre ».

Au-delà de ce choix, le nutritionniste s'intéressera à l'efficacité globale de la ration. « Les maïs d'aujourd'hui peuvent apporter de grandes quantités d'amidon et peu de fibres efficaces. Sécuriser le rumen et s'assurer de l'équilibre énergie/ azote sont des priorités essentielles sans lesquelles la valeur potentielle de l'hybride choisi au printemps peut perdre énormément », conclut Jean-Marc Benoist.

DOMINIQUE GRÉMY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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