
La récolte précoce des méteils, réalisée à Plomodiern (Finistère), offre l'opportunité de semer un maïs juste après. Si la digestibilité du fourrage est améliorée, sa valeur alimentaire ne permet pas de viser un haut niveau de production laitière.
LA DATE DE RÉCOLTE A UNE INCIDENCE IMPORTANTE sur le rendement et la valeur alimentaire des associations de céréales et de protéagineux ensilés appelées méteils. Un essai mené à l'Inra de Lusignan (Vienne), en 2011, révèle qu'entre une récolte réalisée le 20 mai et une autre effectuée le 20 juin d'un mélange céréale-pois-vesce, le rendement passe de 6,8 à 11,3 t/ha. En revanche, l'ingestibilité du mélange est améliorée de 15 % avec la récolte précoce. Dans le cas du fourrage jeune, fauché au stade de la formation des gousses du pois autour de 20 % de matière sèche (MS), le préfanage avant la mise en silo a permis de ramener le taux de matière sèche à un niveau proche de 30 %, équivalent à celui du fourrage plus tardif, ensilé en coupe directe et plus favorable à une bonne conservation. Cette option technique qui consiste à récolter un fourrage jeune pour améliorer ses qualités nutritives, là où les méteils sont couramment récoltés au stade grains laiteux-pâteux des céréales, a amené les associés du Gaec Hily à mettre en place un essai en conditions réelles. Avec l'appui de la chambre d'agriculture, ils ont pu mesurer le rendement et la valeur alimentaire de huit mélanges différents (voir tableau). Ceux-ci ont été semés le 21 septembre 2011 sur une parcelle de 7 ha, en bandes de 6 m de large et jusqu'à 400 m de long, dans des terres limono-argileuses. « L'objectif visé était de semer tôt pour avancer la date de la récolte sans pénaliser le rendement, et ainsi libérer la parcelle suffisamment tôt pour l'implantation d'un maïs », explique Rémy Hily. En effet, la dérobée pompe de l'eau et de l'azote nécessaires à la culture suivante. C'est pourquoi il est couramment recommandé de la récolter ou de la détruire au plus tard un mois avant l'implantation du maïs. Le semis a donc été réalisé derrière un blé, après un déchaumage. « Nous avons utilisé un semoir en ligne pneumatique combiné à une herse rotative, afin d'affiner le lit de semences. Puis nous avons passé le rouleau pour renforcer le contact graines-sol favorable à une bonne levée. C'est ce soin apporté à la mise en place qui nous a permis de réduire la dose de semences. »
RISQUES DE GEL SUR LES SEMIS PRÉCOCES
Ces faibles doses s'inscrivent avant tout dans le cadre d'un semis précoce, favorable au tallage et à la production de biomasse permise par une levée beaucoup plus rapide qu'avec des semis réalisés en octobre ou novembre. Car les méteils sont habituellement semés autour du 15 octobre pour éviter que les protéagineux ne soient trop développés à l'arrivée de l'hiver et ne gèlent.
Anne-Thérèse Bilcot, conseillère en agronomie et grandes cultures à la chambre d'agriculture du Finistère, tient à remettre l'essai dans son contexte climatique particulier : « Il montre qu'il est possible de semer immédiatement après la récolte du précédent. Mais c'est une pratique que l'on peut se permettre sur la zone côtière du département, caractérisée par des hivers doux et peu de jours de gel. Plus à l'est ou au centre de la Bretagne, il y a de vrais risques de gel sur des cultures qui abordent l'hiver avec un développement végétatif avancé. »
Malgré ces conditions, la variété de pois fourrager de printemps Andréa n'a pas résisté aux températures de - 7°C de début février. De même, la variété de triticale Trimmer a subi quelques dégâts de gel d'épis. « Il s'agit d'une variété alternative parmi les plus précoces à montaison. Elle redémarre très vite en sortie d'hiver pour faire de la végétation. C'est une caractéristique intéressante pour faire une récolte précoce. Dans le cadre de l'essai, cette montée rapide a provoqué le gel d'épis en février, mais avec peu de conséquences sur la production finale. Là encore, dans des secteurs plus froids, il faudra privilégier des variétés moins alternatives ou des semis plus tardifs. » Autre fait marquant : les lentilles fourragères ont été presque totalement détruites par les limaces dans une parcelle qui n'a subi aucune intervention ni fertilisation jusqu'à la récolte. Sur chaque bande, des échantillons ont été prélevés pour analyse au moment de la récolte, au stade fin floraison des protéagineux le 12 mai 2012. La récolte était programmée quinze jours plus tôt, mais a dû être retardée à cause de conditions trop humides. Le printemps pluvieux a favorisé le développement végétatif rapide, en particulier celui de la vesce velue.
UN MÉLANGE RICHE EN MAT GRÂCE À LA VESCE
« Ce qui ressort de l'analyse, c'est l'intérêt de récolter tôt pour gagner en digestibilité, mais aussi la teneur en MAT élevée et les rendements des mélanges contenant de la vesce,explique Benoît Portier, chargé d'étude en alimentation animale à la chambre d'agriculture. Riches en azote soluble, ces méteils restent néanmoins trop carencés en énergie dans des rations pour vaches laitières à 10 000 kg de lait où on vise une concentration de 0,9 UFL/kg de MS. Globalement, la valeur alimentaire se rapproche davantage d'un ensilage d'herbe de qualité moyenne. Dès lors qu'il est incorporé de façon significative dans la ration, c'est un fourrage qui ne permet pas de viser des niveaux de production supérieurs à 7 500 l/VL et qui doit être complémenté avec de l'énergie fermentescible. »
Tous les méteils ont été préfanés pour ramener les mélanges riches en vesce très verts à un taux de MS proche de 40 % avant la mise en silo. Malgré le retard pris par la récolte, le maïs suivant a été semé le 24 mai et a produit un niveau de rendement satisfaisant de 13,5 t de MS/ha. « Le maïs n'a pas été pénalisé car il a bénéficié d'un printemps exceptionnellement humide,rappelle Anne-Thérèse Bilcot. C'est pourquoi il est difficile d'apprécier la valeur des résultats à partir d'un seul essai réalisé dans des conditions climatiques particulières. »
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