Epargnée par la crise qui secoue l'élevage, la filière bio - très minoritaire mais en plein développement - voit arriver une nouvelle vague d'éleveurs conventionnels qui se convertissent à ce mode de production, dont ils attendent des jours meilleurs.
« Ce n'est pas un raz de marée, mais on sent une reprise » depuis le printemps, relève Christophe Baron, président de Biolait, premier collecteur de lait biologique en France, affirmant avoir reçu « une cinquantaine de demandes » de conversions à l'élevage bio « en quelques mois ».
« Depuis que les prix de la viande ont commencé à baisser il y a six mois, on observe plus de demandes de conversions, c'est flagrant », renchérit Boris Jeanne, coordinateur de la filière porcs d'Unebio, un groupement de 2.500 éleveurs, sollicité ces trois dernières semaines par une dizaine d'éleveurs porcins conventionnels.
Chez Initiative Bio Bretagne, une plateforme de promotion du bio, même constat : « on sent un mouvement depuis décembre », note le coordinateur Goulven Oillic, en relevant une « corrélation indéniable » entre les crises et le nombre d'éleveurs s'engageant dans une conversion.
Devant le petit stand « agriculture biologique » du Salon de l'élevage de Rennes (Space), Jean-Claude Racouet est l'un d'entre eux. A 50 ans, cet éleveur de 50 vaches à Pleucadeuc (Morbihan) vient de franchir le pas. Le déclic ? « En conventionnel, le prix du lait n'est vraiment pas terrible, je perdais ma motivation, j'étais tout près de me dire "j'arrête" «. « Faire du volume pour compenser la baisse des prix, c'est pas adapté, car pour augmenter le volume il faut plus de bâtiments, plus de vaches, ce n'est pas rentable » à terme, détaille-t-il.
Si une partie des prétendants au bio sont encouragés dans leur démarche par les aides à la conversion, si d'autres en ont « marre de passer le pulvé dans les champs » ou de s'échiner « 70 heures par semaine », une grande partie veut tout simplement échapper à une situation économique « très compliquée », selon Boris Jeanne.
"Pas une solution miracle"
Face à la volatilité des prix dans l'élevage conventionnel, l'élevage bio offre des prix plus stables, et donc plus de visibilité. Mieux valorisée, la production est « organisée en fonction d'un marché plutôt intérieur, solvable », loin des aléas de la « compétition mondiale », explique Goulven Oillic. « Les rendements sont moins bons mais les prix sont meilleurs, donc au final les éleveurs s'en sortent mieux », résume-t-il.
En moyenne, le kilo de porc bio est payé 3,45 euros à l'éleveur (1,39 en conventionnel) et le prix du lait bio s'établit à 430 euros les 1.000 litres (310-320 en conventionnel). Pour autant, la conversion en bio - où une partie au moins de la nourriture des animaux doit être produite sur la ferme et où les intrants chimiques sont bannis - réclame une bonne préparation et, surtout, d'accepter de revoir de fond en comble son système d'exploitation. « Il faut avoir les bonnes cartes en mains pour passer en bio, c'est-à-dire l'autonomie alimentaire et des tailles d'élevage pas forcément trop conséquentes », précise Boris Jeanne.
Pour Christophe Baron, « vouloir faire de l'agriculture biologique de manière un peu intensive sans remettre en cause le système, ça peut être pire ». « Un éleveur a super bien réussi sa conversion mais en passant de 600.000 litres de lait en 2009 à 350.000 aujourd'hui », raconte-t-il.
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