
La diversité de la production laitière en France ne permet pas une gestion uniforme de l’ensemble de la filière. Elle impose, entre autres, une contractualisation avec des règles spécifiques. Pour rendre les marchés laitiers plus transparents, la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl/Fnsea) souhaiterait que ces règles soient adoptées par nos voisins européens.

Le 1er avril prochain, que proposera-t-on aux éleveurs laitiers? Pour la Fédération nationale des producteurs laitiers (Fnpl, section spécialisée de la Fnsea), la fin des quotas n’est pas la fin de la régulation. Après cinq ans d’entrée en application, et à la veille du renouvellement des premiers contrats signés en 2010, la section spécialisée de la Fnsea souhaite tirer les enseignements de la contractualisation. Car après le 1er avril 2015, il n’y aura plus de filet de sécurité avec entre autres des pénalités payées, par les éleveurs ou les Etats membres, pour dépassement de quota.
Mais comme la contractualisation est l’affaire de l’ensemble de la filière, la Fnpl a demandé au gouvernement, le 23 février dernier, d’organiser un audit dans les toutes prochaines semaines.
Le reproche le plus fréquent adressé aux éleveurs français est de ne pas avoir fait le deuil de la gestion administrée des quotas. Mais pour Thierry Roquefeuil, président de la Fnpl, il est exclu que la contractualisation ne soit réduite qu’à un accord précaire sur un prix, remis en cause tous les trois ou six mois, comme c’est le cas dans les pays du Nord de l’Europe.
Respecter les règles des contrats
Par ailleurs, la diversité de la production laitière ne permet pas en France de gérer l’ensemble de la filière avec un contrat unique. Les éleveurs français tiennent aussi à avoir des contrats inscrits dans la durée avec une grille de prix. L’attractivité de la filière et la pérennité de ses outils de production en dépendent. A vouloir abuser des producteurs, les industriels pourraient avoir à gérer, dans les toutes prochaines années, une pénurie permanente de lait et mettre ainsi leurs propres industries en danger, faute de lait à transformer.
Le prix du lait n’est pas une variable d’ajustement de la production laitière. La crise de 2009 a montré que les producteurs nord-européens produisaient d’autant plus de lait que son prix diminuait. L’objectif recherché était de lisser leurs charges de structure quitte à engorger encore un peu plus les marchés de poudre et de beurre.
Des cinq premières années de contractualisation, il en ressort, selon la Fnpl, plusieurs enseignements.
Tout d’abord, un rééquilibrage des relations entre collecteurs et producteurs s’impose avec des contrats qui doivent être respectés à la lettre. Le soutien apporté par la Fnpl aux éleveurs de Lactalis engagés dans une action collective s’inscrit dans cette optique. Et l’expérience sera renouvelée dès qu’apparaîtront de nouveaux manquements de la sorte, a assuré la Fnpl.
A la logique de contrats individuels sources de distorsions, la Fnpl opte pour des contrats collectifs, au sein d’ organisations de producteurs par exemple. L’objectif recherché est de renforcer la transparence des marchés avec des contrats non marchands par ailleurs. Mais aussi un observatoire des prix et des marchés doté d’indicateurs européens sur les volumes de lait collectés par les entreprises.
Une nouvelle organisation de la production de lait
Les éleveurs veulent pouvoir reprendre la main sur leur production de lait en possédant leur propre tank et en pouvant changer plus aisément de collecteur. Pour la Fnpl, l’après quota doit aussi favoriser l’implantation d’éleveurs sur tout le territoire. La gestion administrative des références laitières ne doit pas être substituée par une organisation oligarchique des collecteurs, qui auraient seuls la liberté de décider dans quelle région le lait doit être produit.
Ces derniers mois, la baisse des produits laitiers et les réactions qu’elle suscite parmi les éleveurs nord-européens laissent penser que la vision libérale de l’avenir de la production laitière qu’ils défendent est d’abord un état d’esprit, selon la Fnpl. Car dans la réalité, ces derniers sont confrontés à des problèmes de gestion et de trésorerie, comme leurs collègues français, même s'ils le font moins savoir !
Par ailleurs, de nombreuses études montrent que les prévisions d’augmentation de la production de lait dans les différents pays de l’Union avoisinent 2 % par an ! Autrement dit, il y a fort peu de chances que le marché européen soit engorgé par des montagnes de poudre et de beurre !
En fait, pour la Fnpl, la fin des quotas ne doit pas conduire l’Union européenne à renoncer à une politique de maîtrise de la production du lait comme le font les Etats-Unis ou le Canada par exemple. Le prochain audit de la contractualisation pourrait insuffler une nouvelle politique de contrôle de la production laitière en France, voire en Europe, en responsabilisant chacun des acteurs de la filière. Mais tant que le très libéral commissaire européen, Phil Hogan, n’en sera pas convaincu, il sera difficile de faire bouger les lignes !
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