
Une disposition introduite récemment dans l’avant-projet de loi d’avenir de l’agriculture prévoyait de limiter la possibilité pour les vétérinaires de délivrer la totalité des médicaments nécessaires au traitement des animaux. Malgré la marche arrière du gouvernement, le syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (Snvel) a manifesté ce matin à Paris. La question fait débat. Éleveurs, vétérinaires, la parole est à vous sur Facebook et sur cette page.

Mercredi 6 novembre :
Plus de 2.000 vétérinaires « en colère », selon les organisateurs, se sont rassemblés mercredi matin sur le parvis de la gare Montarnassse pour défendre leur métier. En 250 ans d'existence, la profession ne s'était encore jamais mobilisée pour manifester sur le pavé parisien.
« Les vétérinaires ont été rassurés par les décisions prises par le gouvernement mais maintiennent leur mobilisation car toute garantie n'est pas offerte dans la mesure où il s'agit d'un projet de loi qui peut être amendé par les députés et les sénateurs », a expliqué à l'Afp Michel Baussier, président de l'Ordre national des vétérinaires. « C'est un avertissement au pouvoir législatif. On ne touche pas impunément à l'honneur, la dignité et la respectabilité des vétérinaires par des procédés de félons qui contrastent avec un climat de confiance qu'il convient d'adopter avec une profession indépendante et responsable », a-t-il ajouté.
Article publié le 30 octobre 2013 :
« L’avant-projet de loi d’avenir agricole du gouvernement dans sa version envoyée au conseil d’État, comporte une modification radicale de notre statut concernant la délivrance des médicaments vétérinaires, s’indigne Pierre Buisson, président du Snvel.
Pierre Buisson, président du Snvel
Les vétérinaires ne seraient plus autorisés à délivrer les antibiotiques figurant sur une liste définie par arrêté ministériel. Cette modification n’est pas anodine et ouvre la voie d’une interdiction à terme de la délivrance de tout médicament d’importance thérapeutique. Elle a été introduite en catimini après la consultation du Comité national d’orientation des politiques sanitaires du 10 septembre et au mépris de toute concertation avec les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles. »
Il y a un an, Stephane Le Foll avait pourtant prévenu lors du lancement du plan Ecoantibio 2017 que la prescription des antibiotiques dit « critiques » risquerait fort d’être encadrée.
Mise à jour du 04/11 : deux jours avant la grève, les ministres lâchent du lest
Face à la fronde des vétérinaires, Stéphane Le Foll et Marisol Touraine ont annoncé le retrait du projet de texte visant à restreindre la délivrance de certains antibiotiques.
Seules les urgences seront assurées
Selon le syndicat, « cette disposition de l’avant-projet de loi est de nature à compromettre la qualité des services rendus aux détenteurs d’animaux et, par conséquent, à mettre gravement en danger le réseau territorial vétérinaire. Cela se traduira notamment par l’allongement du délai d’intervention lors des urgences, moins de vétérinaires et plus de distance à parcourir, des risques en matière de santé publique et une moindre disponibilité des traitements pour les animaux. »
Les vétérinaires en colère se mobilisent le 6 novembre prochain à Paris entre la gare Montparnasse et le ministère de la Santé à partir de 11h. Lors de cette "journée sans vétérinaires", les cabinets et cliniques n’assureront que les seules urgences.
Qu’est-ce qu’un antibiotique critique ?
« Ne nous y trompons pas, cette atteinte à nos prérogatives limitée aujourd’hui aux seuls antibiotiques dits « critiques » (à ce jour non définis, l’Organisation mondiale de la santé y plaçant la colistine et l’amoxicilline/ acide clavulanique, les macrolides, entre autres...) ouvre assurément la voie à une interdiction beaucoup plus large de notre capacité à délivrer par des décisions arbitraires. Le seul objectif que nous partageons avec le gouvernement est la maîtrise de l’antibiorésistance et nous savons, preuves européennes à l’appui, que le découplage n’est pas la mesure adaptée à ce but », écrit le président du syndicat des vétérinaires dans une lettre ouverte.
L’Anarev ne l’entend pas de cette oreille
Ce n’est pas l’avis que partage l’association Anarev, qui milite pour la dissociation de la prescription et de la délivrance des médicaments par les vétérinaires. Son président Pascal Gortais, demande « qu’à l’instar du durcissement de la réglementation sur les prescriptions hors suivi de troupeaux, les sanctions prévues pour les vétérinaires ne remettant pas les ordonnances aux éleveurs pour qu’ils puissent librement choisir l’ayant droit qui délivrera les médicaments, soient renforcées. » Selon l’Anarev, cette proposition devant permettre d’atteindre le double objectif de lutter efficacement contre les risques de développement de l’antibiorésistance, tout en préservant la compétitivité de l’élevage français.
Paradoxalement, en médecine humaine, qui dissocie depuis longtemps la prescription et la délivrance, l’usage des antibiotiques ne ralentit pas vraiment.
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