Depuis dimanche, une quinzaine d’abattoirs sur l’ensemble du territoire sont bloqués par des éleveurs, à l’appel de la Fnsea, la Fnb et Jeunes agriculteurs. « Cette action exprime la détresse et la colère des éleveurs, confrontés à une impasse économique actuellement en raison de prix qui ne couvrent pas les coûts de production », expliquent les syndicats.
Selon le syndicalisme majoritaire, près de 50 % de l’activité nationale d’abattage serait ainsi paralysée depuis deux jours. Pour les éleveurs, il s’agit d’une manière de mettre la pression sur les industriels, à quelques heures de la réunion ministérielle prévue mercredi 17 juin à 16h30.
Un mois plus tôt, le 12 mai dernier, Stéphane Le Foll avait posé un ultimatum d’un mois pour que « l’ensemble des représentants apportent, collectivement, des réponses aux difficultés des éleveurs ». Les représentants des éleveurs de bovins viande avaient alors ciblé les distributeurs. « Il nous manque au moins 60 centimes du kilo », expliquait le président de la Fnb, imputant « la responsabilité de la situation aux distributeurs au regard du dernier rapport de l’Observatoire des prix et des marges ».
« une lourde perte d’exploitation pour la filière »
« La rentabilité des exploitations est en jeu », expliquent les leaders syndicaux. Ils « lancent un appel aux présidents des industriels privés et coopératifs ». Les producteurs exigent un engagement ferme « dans un processus immédiat de revalorisation des prix, assurant la reconstruction de la marge des exploitations avec prise en compte des coûts de production ». Ils réclament également « la mise en œuvre d’un ensemble d’actions-leviers, comme la mise en avant de Viande de France, la reconquête de la restauration hors domicile, ou une action renforcée à l’export ».
Pour Philippe Mangin, le président de Coop de France, les blocages menés par les éleveurs vont « représenter une lourde perte d’exploitation pour la filière ». Le représentant des coopératives « en appelle à la levée des blocages. »
Il souligne par ailleurs plusieurs lacunes au sein de la filière. « Il faut renforcer l’organisation des producteurs. 35 % seulement de la production est organisée en coopérative. Et la contractualisation ne représente que 7 % de la production de jeunes bovins ». Philippe Mangin en appelle aussi à l’instauration d’un dialogue de fond avec les distributeurs, pour sortir de la guerre des prix.
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