Marciac (France), 29 juil 2015 (AFP) - Les agriculteurs du Gers se sont déclarés satisfaits mercredi après leur rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls même s'ils n'ont pas obtenu la démission du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll comme ils le demandaient.
« Je suis à l'écoute des agriculteurs confrontés à une triple crise inédite de la filière porcine, de la filière bovine dans le Gers et de la filière laitière, avec un niveau de prix qui ne leur permet pas de vivre », a déclaré Manuel Valls à l'issue d'une rencontre dans l'après-midi avec une vingtaine d'agriculteurs. Installés en cercle, au milieu de bottes de foin, sous un hangar agricole en rase campagne, l'échangé a duré environ une heure. Les uns exposant leur situation, les autres, dont les préfets, député, sénateur et président de région prenant note.
« Nous sommes satisfaits de cette rencontre, mais restons mobilisés pour la suite », a déclaré à l'Afp après la rencontre le président de la Fdsea du Gers, Bernard Malabirade. Sa collègue des Jeunes Agriculteurs, Emeline Lafon, a abondé dans le même sens, après s'être longuement attardée sur les spécificités des agriculteurs gersois qui pratiquent la polyculture et n'atteignent donc pas les niveaux requis pour bénéficier des aides européennes par spécialité.
Manuel Valls, qui a dû entendre nombre de critiques des agriculteurs envers Stéphane Le Foll, accusé de ne pas les entendre, a défendu ensuite devant la presse son ministre. « Stéphane Le Foll aime le dialogue. Il aime aussi la confrontation. Il a la confiance du président de la République, il a aussi la mienne. Il s'est beaucoup mobilisé au niveau européen », a-t-il insisté, rappelant que son ministre avait réussi à obtenir un Conseil européen en septembre sur ces questions. « C'est à ce niveau-là que les grandes décisions doivent être prises », a-t-il dit.
Emeline Lafon a tout de même souhaité que les autorités françaises assouplissent leurs propres réglementations.
Les actions continuent
En tout cas, Manuel Valls a bien noté qu'il fallait aussi faire en sorte que l'on consomme d'abord en France des produits français et a appelé chacun à y mettre du sien. « Il faut que chacun fasse des efforts, de la grande surface jusqu'au consommateur », a-t-il dit, ajoutant que « le gouvernement assume pleinement ses responsabilités », dans ce domaine. Les agriculteurs gersois ont averti qu'ils resteraient vigilants après avoir installé mardi des barrages filtrants aux accès de Marciac où se déroule le festival de Jazz, auquel le Premier ministre a assisté mercredi soir.
Dans l'ensemble du pays mercredi, les agriculteurs restaient mobilisés. En Bretagne, plusieurs centaines d'éleveurs ont visé dans la nuit des grossistes de la restauration collective dans les Côtes-d'Armor, y contrôlant l'origine des produits puis incendiant des déchets devant l'un des sites. Chez Brake, à Lamballe, « nous avons trouvé du confit de canard de Bulgarie, de la joue de porc espagnol, de la viande bovine abattue à Rotterdam et engraissée en Italie, c'est une catastrophe », a indiqué Didier Lucas, président de la Fdsea des Côtes d'Armor. Les agriculteurs ont déversé devant l'usine une dizaine de bennes de pneus, fumier ou l'électroménager avant d'y mettre le feu, selon les gendarmes.
Dans l'après-midi, d'autres actions de vérification de l'origine des produits ont été menées dans le Finistère, chez des grossistes, selon la Fdsea 29. A Dijon, une trentaine d'agriculteurs de la Fdsea et des JA de la Côte d'Or, ont visé mercredi matin la restauration collective en se rendant dans une cantine d'un centre des impôts et au Chu.
En Normandie, quelque 250 agriculteurs, selon les JA de Seine-Maritime, se sont rassemblés dans la zone portuaire du Havre, au poste des douanes pour vérifier la provenance des produits déchargés. Le ministre allemand de l'Agriculture Christian Schmidt a dénoncé mercredi les barrages montés par des agriculteurs français. « Ce n'est pas normal », même « avec tout le respect dû à l'expression de la protestation », a-t-il dit, ajoutant : « Nous sommes dans le marché unique et il doit être respecté ».
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