Une clé d'accès au marché ?

Aller au-delà des exigences en termes de bien-être animal permet aux éleveurs de se différencier sur les marchés de l'export. (©Watier-visuel)
Aller au-delà des exigences en termes de bien-être animal permet aux éleveurs de se différencier sur les marchés de l'export. (©Watier-visuel)

A cette question, posée par Coop de France lors d'une conférence au Space, la réponse est, sans conteste, oui. Les éleveurs français doivent faire valoir leurs bonnes pratiques pour garder toute leur place sur les très convoités marchés à l’export.

Respecter le bien-être animal, est-ce un avantage commercial dans les échanges internationaux ? Quand on voit les ravages que peuvent faire les images diffusées par les groupes d’activistes animalistes, la question ne se pose pas. Les éleveurs doivent montrer que leurs pratiques sont respectueuses du bien-être animal, même si ce n’est pas toujours facile dans un débat qui échappe souvent au rationnel.

« Le bien-être est un élément de rentabilité », avance pragmatiquement Jean-Yves Ménard, responsable professionnel « bien-être » à Coop de France, lors d'une conférence au Space. Il devient même une condition d’accès aux marchés internationaux. « Désormais, le bien-être c’est comme l’environnement ou la sécurité sanitaire, une exigence de base », remarque Sophie Bertrand, responsable qualité à la Cooperl. C’est aussi un moyen de se différencier, d’accéder à des marchés exigeants, comme ceux des pays d’Europe du Nord. La Cooperl exporte beaucoup de ses cochons vers le Royaume-Uni, pays où les exigences en termes de bien-être animal sont fortes.

« Dès 2004, nous avons capté une forte attente sociétale pour l’arrêt de la castration, retrace Sophie Bertrand. Nous avons pu travailler tôt sur ce sujet, intégré la norme ISO 34700 sur le bien-être et ainsi préserver nos exportations vers le Royaume-Uni face à nos concurrents allemands et belges, donc de la valeur ajoutée pour nos adhérents ».

Même chose en production de volailles. « L’Allemagne est un de nos gros clients, explique Jean-Michel Reigner, producteur pour la coopérative Unéal. Ce pays nous a imposé un cahier des charges exigeant. Dans un premier temps, on l’a subi. Mais il nous a permis de progresser. On bosse mieux et on se prépare à l’avenir. C’est une satisfaction dans notre métier d’éleveur ».

Se différencier sur les marchés en allant au-delà des normes

La Nouvelle-Zélande a une agriculture tournée vers les exportations, qu’elle réalise dans 120 pays. « Respecter le bien-être est la base du métier des éleveurs. C’est un pré-requis dans toutes les productions, affirme Ben O’Brien. C’est grâce à cette bonne image que nous travaillons dans autant de pays ». Pour préserver cette image, la Nouvelle-Zélande fait parfois des choix draconiens. « Pour éviter qu’une mauvaise image nous fasse perdre le marché, nous avons arrêté d’exporter des moutons vivants vers le Royaume-Uni comme le fait encore l’Australie », explique Ben O’Brien.

Les exigences en termes de bien-être diffèrent selon les pays. Elles ne sont pas toujours difficiles à atteindre pour les producteurs français. « Aux Pays-Bas où le pâturage n’est pas la norme, des cahiers des charges exigent que les vaches paissent 120 jours par an, explique Lauriane Toutain, responsable développement durable de Laïta. Pour nous, ce n’est pas une contrainte, car le pâturage est en moyenne de 200 jours chez nos éleveurs ».

Se pose la question de la rémunération des efforts faits. « Ne pas perdre, voire gagner, des marchés est déjà une garantie de valeur ajoutée pour les éleveurs, estime Sophie Bertrand. Les éleveurs qui sont entrés dans la démarche « porcs non castrés » sont rétribués au regard de l’effort accompli. Ils y gagnent aussi en temps de travail et sur la meilleure efficacité alimentaire des mâles entiers. C’est intéressant pour nous de ne pas attendre les lois, de diversifier nos filières mais le consommateur doit accepter que cela a un prix ».

Face aux exigences sur le bien-être, comme dans beaucoup de démarches de différenciation, la valorisation reste problématique. « Les consommateurs ont des exigences mais changent d’avis quand il faut ouvrir le porte-monnaie et choisissent le moins cher, notent tous les intervenants. Être en avance sur le respect du bien-être, cela nous permet, en plus de la satisfaction de bien travailler, de ne pas perdre de marchés et de pouvoir continuer à exporter ».

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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