« Nos vaches n’avaient pas suffisamment à manger »

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Au Gaec des Sagnes, la vidéo a révélé un abreuvement insuffisant après la traite et un déficit de fourrage pendant la nuit. Les corrections ont été immédiatement suivies d’effets.

Le Gaec des Sagnes a utilisé le service « pAnser vaches » en décembre 2017. La vidéo résumant les 24 heures de la vie du troupeau a été riche d’enseignements pour les éleveurs. Le bâtiment, qui est saturé, ne dispose que d’un seul abreuvoir, placé dans le couloir de retour de la salle de traite. Les images montrent clairement que les vaches s’y arrêtent peu car elles sont gênées. Seules les vaches dominantes arrivent à boire correctement à cette période critique.

« La nuit, elles mangent autant que la journée »

Car trois quarts de la consommation journalière d’eau a lieu après la traite. « On se doutait bien qu’il y avait un problème avec cet abreuvoir mais, parfois, on refuse de voir l’évidence », explique Jérémie Boucher, l’un des associés.

Mais sa surprise a été de constater l’activité du troupeau pendant la nuit. « Pour moi, les vaches ruminaient et se reposaient. Or, elles mangent autant la nuit que la journée. Chez nous, à 1 heure du matin, il n’y avait presque plus rien dans l’auge. Nous avons vu des vaches qui, toute la nuit, vont de place en place à l’auge et poussent sur le cornadis pour essayer d’attraper un peu de ration, au lieu de se reposer. C’est assez vexant, quand on aime ses animaux, de constater qu’on ne les nourrit pas suffisamment. À 6 heures du matin, en arrivant dans le bâtiment, nous les trouvions couchées avec des refus dans l’auge, sans se douter de ce qui se passait pendant la nuit. Et ces refus n’étaient que des particules grossières peu appétentes et sans grande valeur alimentaire. »

« Nous observions des bouses liquides »

À 6 h, les vaches sont parquées dans l’aire d’attente pour la traite et l’aire paillée est condamnée. La distribution de la ration intervient à 9 h. Entre-temps, les vaches sont restées debout à attendre, le rumen vide. Une séquence qui se termine par un pic d’ingestion qui déstabilise le pH ruminal. « Là aussi, nous observions des bouses liquides, mais sans se douter que les vaches avaient manqué de fourrage aussi longtemps », explique Jérémie.

Autre constat révélé par la vidéo, des vaches qui trient la ration et restent beaucoup trop longtemps au cornadis, au détriment du temps de ­couchage.

Au Gaec des Sagnes, la première amélioration a été d’ajouter un bac d’eau de 800 litres à l’extrémité de l’aire d’exercice, où les vaches peuvent boire après la traite. Pour corriger le manque de disponibilité de la ration, il a été décidé d’en distribuer davantage (+ 15 % environ) et de la repousser plus souvent : six fois par jour entre 6 h et 19 h 30.

Les éleveurs se sont équipés d’un quad avec une lame repousse-fourrage. Afin de limiter le tri en coupant les fibres longues, la ration est mélangée plus longtemps dans le bol dont les couteaux doivent être changés prochainement. La longueur de coupe de l’ensilage d’herbe sera aussi surveillée.

« Que du bénéfice et très peu de contraintes »

« Les résultats ont été quasi immédiats avec, en premier lieu, un troupeau beaucoup plus calme. À 10 h 30, toutes les vaches sont couchées. Je n’avais jamais vu cela auparavant. Le matin, à 6 h, il reste de la ration efficace dans l’auge, que nous repoussons immédiatement. Avec ces petites modifications, nous avons gagné une note d’état et il n’y a plus de bouses molles. »

L’augmentation de la production a été très significative avec 2,5 litres de lait par vache gagnés en trois mois. « Sur le stade 0-100 jours, nous avons approché 42 kg de lait avec une bonne persistance sur plusieurs contrôles. Un pic jamais atteint chez nous. Au final, ce n’est que du bénéfice avec très peu de contraintes supplémentaires. L’hiver prochain, je veux renouveler l’expérience des caméras pour voir ce qui a changé dans la vie de mes vaches. »

D.G.
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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