
Certaines variétés de sorgho présentent des valeurs énergétiques supérieures à 1 Ufl. Introduire une part d’ensilage de sorgho Bmr dans les rations des vaches laitières apporte de la cellulose digestible avec peu d’amidon.
Le sorgho s’avère un bon complément des rations les plus acidogènes à base de maïs très riche en amidon ( > 36-37 % d'amidon). En effet, le sorgho contient peu d’amidon, surtout les variétés n’ayant pas de grains (mâle stérile) ou les sorghos de type Pps (sensibles à la photopériode).
Depuis 2013, Arvalis-Institut du végétal et le Geves ont mis au point une équation de prédiction des valeurs énergétiques UF spécifiques aux sorghos, établie à partir de mesures de dégradabilité ruminale. Auparavant, les valeurs Ufl du sorgho étaient estimées avec l’équation du maïs fourrage qui se base principalement sur la valeur en amidon (contenu dans les grains), or le sorgho est riche en sucre, mais pauvre en amidon. Qu’elles soient Bmr (brown mid rib, comprenez à nervure brune centrale), Pps (sensibles à la photopériode), avec grains ou mâle stérile, les variétés de sorgho ensilage mono-coupe sont désormais classées et inscrites au catalogue français (Ctps) selon leur valeur énergétique. On distingue alors les :
- Sorghos ensilage pour l’alimentation animale : > 0,85 UF où l’on retrouve essentiellement des Bmr, souvent supérieurs à 1 Ufl.
- Sorghos ensilage à usage industriel : variétés très hautes (5 mètres) à fort rendements en biomasse (20 tMS/ha) mais à faible valeur UF
- Sorghos ensilage à double usage (fourrage/biomasse) : < 0,85 UF

Diluer l’amidon du maïs
L’objectif d’introduire de l’ensilage de sorgho dans la ration des bovins à base d’ensilage maïs plante entière est d’apporter une cellulose digestible en diluant le taux d’amidon de la ration. En effet, le sorgho trouve sa richesse dans les sucres solubles de la partie tiges-feuilles (autour de 25 % de sucres solubles, tandis que le maïs est plutôt à 6 %).
L'ensilage de sorghos "plat unique" peut convenir pour les animaux à plus faibles besoins (génisses, vaches taries, VL en fin de lactation) mais plus difficilement aux vaches hautes productrices en pleine lactation.
Du Bmr pour les laitières
« Pour nourrir des laitières, il faut privilégier les sorghos sucriers Bmr, ce sont les plus digestibles car ils contiennent peu de lignine », conseille Alexis Ferard de la ferme expérimentale Arvalis de la Jaillière (44). Associé à 50 % avec de l'ensilage de maïs, le sorgho Bmr permet de maintenir les performances laitières malgré une baisse de l’ingestion par rapport à une ration 100 % maïs. Il permet d’atteindre un niveau de production de lait comparable au maïs fourrage avec, par ailleurs, une augmentation du taux butyreux du lait de l’ordre de 5 à 10 %.
Ce fourrage améliore donc l’efficacité laitière de la ration (lait/MS ingérée). On pourrait comparer le sorgho Bmr à un bon ensilage d’herbe jeune, tous deux ont des effets similaires sur la production laitière.
Jusqu’à 50 % de sorgho
La synthèse de huit essais en stations expérimentales (Trinottières, Jaillière, Legta d’Albi,…) montre un maintien des performances laitières en lait à 4 % de matières grasses jusqu’à 50 % d’ensilage de sorgho bmr dans la ration. L’efficacité laitière est alors comparable voire légèrement supérieure à un témoin maïs fourrage. Au-delà, la baisse importante de lait brut n’est pas compensée par le taux butyreux élevé des rations à base de sorgho. Mais attention, toutes les variétés de sorgho Bmr ne se valent pas, certaines sont moins digestibles que d’autres.
Incidence sur la marge brute aux 1.000 l de lait de l’introduction de 50 % de sorgho sucrier Bmr en remplacement du maïs ensilage dans des rations pour vaches laitières en fonction du rendement en maïs fourrages :
En €/1.000 litres de lait | Rendement du maïs ensilage (t MS /ha) | ||
Rendement du sorgho Bmr (t MS /ha) | 8 | 10 | 12 |
8 | 5 | 0 | -4 |
10 | 10 | 5 | 1 |
12 | 14 | 8 | 5 |
Source : Groupe alimentation PdL. (Expérimentation menée à la ferme expérimentale des Trinottières)
« Le sorgho est économiquement et zootechniquement intéressant, mais il faut le cultiver en priorité dans les terres où l’on ne mettrait pas un maïs, en cas de restriction d’eau ou derrière une céréale immature par exemple », estime Jean-Pierre Chevalier de la Chambre d’agriculture de la Drôme.

Pour en savoir plus sur les sorghos fourragers, cliquez sur :
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026