
Les éleveurs réclament à cor et à cri une revalorisation du prix du lait dès le mois d’avril, pour espérer obtenir 340 €/1.000 l en moyenne sur 2013. Mais cette hausse restera conditionnée au bon vouloir des laiteries, car les négociations sur l’intégration des indicateurs de charges dans les textes réglementaires prendront du temps.
![]() A la tribune du Congrès de la Fnpl, jeudi 21 mars 2013 à Nantes, Xavier Beulin, le patron de la Fnsea, a défendu le Fonds de modernisation céréaliers-éleveurs (Fmce). Il prône l'instauration d'une Cvo. (© Terre-net Média) |
Cette revendication relayée par la Fnpl – le syndicat exigeant 340 €/1.000 l en moyenne pour 2013 – est martelée depuis fin 2012 par les éleveurs qui ne peuvent supporter seuls la hausse des charges de leurs exploitations.
Or, pour l’heure, les producteurs n’ont aucune garantie d’une meilleure rémunération au second trimestre 2013. Car tous les jalons posés par le ministère de l’Agriculture, sous la pression du syndicalisme, ne semblent pas prêts d’être concrétisés à court terme.
Révision de la Lme et de la Lma
Face aux pressions exercées depuis plusieurs mois par la profession, Stéphane Le Foll et le Gouvernement ont accepté de revoir la Lme, mais aussi la Loi de modernisation agricole (Lma), aucune de ces deux lois ne faisant aujourd’hui référence à des évolutions des coûts de production qui nécessiteraient une renégociation des prix.
En fait, la Lma, joyau de Bruno Le Maire pour résoudre les problèmes des éleveurs, a pris l'eau au premier retournement de conjoncture (hausse des coûts de production) et la Lme n'a jamais remplie ses fonctions. Heureusement que les éleveurs ont, cette fois-ci, une oreille attentive rue de Varenne pour la modifier.
Mais ces révisions législatives prendront du temps ! La modification de la Lme est attendue dans le projet de loi dite Hamon sur la protection du consommateur. L’Ania et Coop de France, notamment, ont déposé des amendements pour imposer des règles de négociations commerciales plus équitables entre la distribution et ses fournisseurs. Ce projet ne sera débattu à l’Assemblée nationale qu’en juin prochain. En attendant, Thierry Roquefeuil, le président de la Fnpl, a réclamé une table-ronde d'urgence entre tous les acteurs de la filière. Le ministre a accepté sa requête, mais, à Nantes, n’a pas donné de date. Son communiqué indique qu'elle se tiendra début avril.
Quant à la Lma, il s’agit d’un nouveau chantier destiné aussi à intégrer ces évolutions de coûts de production dans la contractualisation entre producteurs et collecteurs. Aucun calendrier précis n’est avancé pour la réviser. La loi d’avenir, attendue pour l’automne, et dont on ne connait pas encore le contenu, pourrait servir de véhicule législatif.
En attendant, Stéphane Le Foll a annoncé le déblocage d'une aide de 20 M€ pour les jeunes éleveurs laitiers, et pour les producteurs de lait ayant récemment investi. Une autre enveloppe de 20 M€ sera par ailleurs affectée aux nouveaux installés et récents investisseurs éleveurs de bovins allaitants et engraisseurs. Enfin, 4 millions d’euros viendront abonder l’enveloppe annuelle de l’aide pour le secteur caprin. C'est loin du compte, car le manque à gagner pour les éleveurs doit s'évaluer en plusieurs centaines de millions d'euros.
Quant à l'organisation des producteurs, le ministre de l'Agriculture demande expressément aux coopératives « de lui rendre compte des engagements qu’ils ont pris pour appliquer réellement les principes de la contractualisation.»
Le syndicalisme majoritaire dans une position délicate
Dans ce contexte, à moins d’une semaine de son Congrès annuel à Troyes, le syndicalisme majoritaire est dans une position assez délicate, entre d’un côté la colère montante de ses éleveurs et, de l’autre, un Gouvernement sur lequel il ne peut pas compter, faute de crédits suffisants. Xavier Beulin, qui s’est exprimé à la tribune de la Fnpl, s’est d’ailleurs refusé à donner toute interview à la presse avant la "grande messe" de la Fnsea les 26, 27 et 28 mars prochain.
En tout cas, fin de l'état de grâce pour la Fnsea, le temps des autocongratulations officielles quant aux résultats des élections Chambres d'agriculture 2013 est terminé ! Sur le terrain, les syndicats doivent « obtenir du concret », sans quoi les troupes, à l'instar du Finistère où des agriculteurs ont tagué les abords de la maison d'un parlementaire et visé à deux reprises la résidence secondaire de Stéphane Le Foll, seront de moins en moins maîtrisables.
La Fnsea, à laquelle s’associe JA, entend donc occuper le terrain sur les autres dossiers qui pénalisent l’élevage. Ainsi, sur les questions environnementales, Xavier Beulin a prévenu directement le ministre de l’Agriculture : « Nous allons désormais faire du droit de l’environnement en passant par des phases de contentieux. »
Concernant la définition des zones vulnérables, « les six premiers recours sont partis. Et vu la manière dont certains périmètres ont été définis, nous avons toutes les chances d’emmener le dossier jusqu’au bout ! » a-t-il expliqué. En clair, le syndicat compte bien obtenir l’annulation des textes définissant les nouveaux périmètres.
La Fnsea compte aussi contester devant les tribunaux, les contrôles qui résulteront des nouvelles règles de la conditionnalité des aides pour 2013, que le ministère de l’Agriculture a définies mi-mars. « Les agriculteurs ne supporteront pas de nouveaux contrôles. »
Un Fmce sous la forme d'une Cvo
Quant au Fonds de modernisation céréaliers-éleveurs, abordé au congrès de la Fnpl, « la démarche volontaire a ses limites », reconnaît le président de la Fnsea. Et le syndicat ne veut pas d’une taxe fiscale affectée. « La Tfa est appliquée la première année, mais les années suivantes, elle est diluée dans le budget de l’Etat et nous n’en verrons plus la couleur», tance Xavier Beulin, qui milite plutôt pour une Cvo.
« Je sais que ça fait hurler certains, mais une Cvo pourrait être ajustée chaque année en fonction des situations de marché. » Le leader syndical veut aussi rassurer les éleveurs. « Ce fonds sera géré en associant toutes les filières animales, pour assurer une collégialité et la transparence. »
Au final, Fnsea, JA et Fnpl, par la voix de leurs représentants respectifs, ont tenté de montrer, à Nantes, que le syndicalisme majoritaire défend ardemment les dossiers du moment, sans forcément convaincre. Ils ont aussi rappelé que la mobilisation, sur le terrain, n’était pas finie. Jérôme Chapon, en charge du dossier lait chez Jeunes agriculteurs, annonce une manifestation d’ampleur nationale à l’encontre des Gms dans les prochains jours. La Fnpl et la Fnsea, elles, invitent leurs adhérents mi-avril, pour des actions de sensibilisation régionales puis nationale, pour « prendre les citoyens à témoin ».
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