Torsionsà répétition, pensez à la prépa vêlage

La torsion de l’utérus est un phénomène très mécanique . C’est le veau qui, en bougeant, entraîne la matrice dans un mouvement de vrille. La vache ne peut alors plus vêler. Elle ne fait même pas ses eaux et si l’éleveur ne s’en aperçoit pas assez tôt, le veau meurt. Dans les cas extrêmes, la vache aussi peut succomber.

Beaucoup d’éleveurs allaitants connaissent ce genre de problèmes, mais quand ils se répètent dans un élevage laitier, il faut aller jeter un œil à la préparation vêlage.

Deux symptômes classiquement rencontrés

Preuve en est ce cas rencontré chez un éleveur de montbé­liardes, une centaine de laitières­ avec un niveau de production­, un état des animaux et des résultats techniques remarquables. Cela ne l’a pourtant pas empêché cette année de subir 5 % de torsions au vêlage. La visite des vaches en préparation vêlage dans ce cheptel a permis de mettre en évidence les deux symptômes classiquement rencontrés qui favorisent l’apparition de ces torsions.

Des rumens pas assez pleins laissant de la place au veau pour bouger aisément.

Des contractions peu efficaces et un travail trop long à la suite d’une mauvaise mobilisation du calcium.

Ingestion de fibres insuffisante

En appuyant sur le creux du flanc gauche, on peut mesurer si le rumen est assez plein. Attention néanmoins, avec des animaux largement en état et avec du gras de couverture (comme les montbéliardes), à bien palper le rumen car l’examen visuel à distance peut être trompeur. Dans notre cheptel, 100 % des vaches palpées, qui avaient pourtant bon appétit et finissaient la ration à l’auge, présentaient un rumen souple mais pas suffisamment rempli.

La cause : une ration distribuée une fois par jour à l’auge, parfaite en matière d’équilibre et de concentration (absence de corps cétoniques, glycémies normales, pas de lipomobilisation et bon démarrage en lactation) mais une ingestion de fibres insuffisante. En effet, ici, le foin grossier recommandé était distribué dans un râtelier central, mais son manque d’appétence et sa présence en permanence ne stimulaient pas suffisamment l’appétit pour que les bêtes le consomment en bonne quantité. La solution préco­nisée et mise en œuvre a été de dérouler au cornadis la botte le matin (la ration est distribuée le soir) pour en stimuler la consommation. La contrainte : un ajout de travail important quand il n’est pas mécanisé… comme ici.

Baca trop haute, évaluée entre 8,1 et 8,3

Pour appréhender le risque de contractions peu efficaces, deuxième cause favorisant l’apparition de torsions, il faut vérifier la Baca (bilan anion/cation) de la ration. Cela en mesurant les pH urinaires qui doivent être inférieurs à 8 (voire 7,8) en préparation vêlage pour permettre l’activation de la parathormone quand elle permettra l’utilisation du calcium osseux. Dans notre élevage, tous les pH urinaires mesurés étaient supérieurs à 8 (entre 8,1 et 8,3) : trop hauts donc. La solution proposée et appliquée a été d’augmenter un peu la dose de chlorure de magnésium. Dans un second temps, en fonction des résultats encore à mesurer, il pourrait aussi être pertinent de choisir un minéral de prépa­ration à la mise-bas avec une Baca plus négative.

Restera à contrôler l’efficacité de ces mesures correctives récentes, c’est-à-dire de vérifier que les rumens se sont correctement remplis et que les pH urinaires sont passés en dessous­ de 8.

Au-delà, avec ce travail fait sur la Baca, on peut espérer diminuer les risques de fièvres de lait, les non-délivrances et améliorer la qualité des colostrums car moins dilués. Ce ne sont pas ici des soucis majeurs.