La décapitalisation bovine est loin d’être un mal français. Dans ses Tendances Lait et Viande, l’Institut de l’élevage met un coup de projecteur sur l’évolution du cheptel bovin européen, et personne n’est épargné.
La dernière publication de la Commission européenne sur l’évolution du nombre de têtes dans l’Union acte d’une accélération de la décapitalisation bovine. « On observe une baisse inédite du cheptel européen de 3 %, toutes vaches confondues » note Ilona Blanquet dans les Tendance de l’Institut de l’élevage. « Nous étions plutôt habitués à avoir une érosion lente et régulière de l’ordre de 1 % » décrypte l’économiste.
En cause ? La succession d’aléas climatiques. « Soit il y a des sécheresses qui se répètent, soit des pluies excessives et des inondations. » Autrement dit, les éleveurs adaptent la taille de leurs cheptels pour faire face aux mauvaises années fourragères. Dans certains pays d’Europe, les contraintes environnementales poussent à la décapitalisation, comme aux Pays-Bas ou en Irlande. Et la France n’est pas le seul pays à faire face à la problématique du renouvellement des générations d'éleveurs.
La France, premier pays détenteur de vaches en Europe, affiche une baisse de cheptel de 2 % en 2024. « C’est 140 000 vaches de perdues en un an (tous troupeaux confondus). C’est important », poursuit Ilona Blanquet. L’Allemagne, second cheptel de l’UE, n’est pas en reste avec 3 % de baisse d’effectifs.
Même l’Espagne, pourtant offensive sur le marché de la viande, est concernée avec une décapitalisation autour de 1 %. « L’Espagne a rencontré des sécheresses importantes, et le cheptel allaitant du centre du pays a été réduit pour s’adapter à ces conditions fourragères dégradées. »
En Irlande, ce n'est pas la sécheresse mais l’excès d’eau qui favorise la décapitalisation avec un recul de 3 % pour le quatrième troupeau européen. Le cas irlandais est un peu particulier : la baisse se concentre sur les effectifs de vaches allaitantes qui représentent un tiers des têtes. « Les pluies incessantes entre novembre 2023 et mai 2024 ont conduit les éleveurs à réformer des animaux faute de conditions correctes pour les affourager ou les faire pâturer. » Le cheptel allaitant affiche ainsi une baisse de 6 % en 2024. Seule la Roumanie a maintenu son cheptel avec 1,1 million de vaches.
La réforme laitière irlandaise atteint des sommets
La baisse de disponibilité porte le prix des réformes, laitières comme allaitantes. La semaine du 10 mars, à quelques jours des festivités de la Saint Patrick, le cours de la vache O irlandaise a atteint un niveau historique. Le cours a pris 65 centimes sur quatre semaines pour atteindre le prix inédit de 6,14 €/kg cc », commente l’économiste. « C’est son plus haut point sur les 22 dernières années. » De plus, le prix du lait incitatif ne favorise pas les réformes. Dans le même temps, la vache O allemande atteignait les 5,38 €/kg cc. En France, compter dans les 5,17 €/kg cc sur la même période.
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