Quand le lait est bien payé, on peut avoir tendance à négliger les primes qualité proposées par la plupart des laiteries. Mais quand le prix n’est pas là, la moindre prime peut donner de l’oxygène. Collectés par Bel, Renaud et Fabrice Bastien, deux frères associés, peuvent bénéficier d’un complément de prix qualité pratiqué par de nombreuses laiteries (avec des modalités variables). Pour obtenir cette prime mensuelle de 8 €/1 000 litres, quatre critères doivent être remplis :
moins de 50 000 germes/ml ;
moins de 300 000 cellules/ml ;
moins de 1 000 spores de butyriques par litre ;
aucune trace d’inhibiteur.
Il n’existe pas de palier intermédiaire. Pour une année sans fautes, cela représente pour le Gaec un total de 8 000 €. Complétée par le paiement des taux, la qualité du lait a été rémunérée lors de la dernière campagne 9,30 €/1 000 litres (- 1 € en TP, + 2,30 € en TB et + 8 € de prime), contre une moyenne départementale de 5,80 € en appliquant la grille Bel… pas mal pour un troupeau de 110 laitières menées en aire paillée.
« Nous avons bénéficié de cette prime lors de sa mise en place sans vraiment la chercher, avoue Renaud. Maintenant, nous tâchons de la conserver en faisant attention, notamment à la qualité du silo de maïs. » Pour que ses consignes soient respectées, Renaud fait preuve de patience et s’adapte au caractère de chacun des trois salariés se relayant avec lui à la 2 x 6 TPA qui tourne avec un seul trayeur.
« Je les ai formés en fonction de ma manière de travailler »
« Pour Noémie et Baptiste, le dernier arrivé, il s’agit de leur premier poste permanent à la ferme. Je les ai formés en fonction de ma manière de travailler et de ce que j’attends d’eux. André, lui, a eu son propre troupeau laitier dans le passé. Ses habitudes sont ancrées depuis longtemps. C’est plus difficile de les lui faire changer. Dans tous les cas, lorsqu’un nouveau salarié arrive sur l’exploitation, nous trayons ensemble au début pour lui montrer ce que j’attends de lui. Quand une consigne n’est pas respectée, ce n’est pas évident à gérer. Je suis plutôt du genre patron “copain”. Cependant, je sais qui fait quoi car je les connais bien. Quand ce n’est pas réalisé comme je l’ai demandé, je fais une piqûre de rappel. Mais j’évite de la faire un jour de traite, car je veux qu’ils soient calmes et concentrés à ce moment-là. La traite est la seule tâche que tous doivent maîtriser. Chacun en fait deux par semaine et un week-end par mois. »
Renaud a aussi mis en place une organisation de passages de consignes pour éviter les bugs : un système de bandes de couleur identifie les fraîches vêlées et les différents traitements, les vaches en mammites sont listées sur un calendrier avec les dates de début, de fin et de mise au tank, les vaches en finition sont notées pour éviter de les traiter… « Nous avons un bon suivi des informations, même si nous sommes quatre à nous répartir la traite, estime Renaud. Je ne veux pas chaperonner sans arrêt les salariés. Je fais en sorte qu’ils soient autonomes. »
L’implication et la formation des salariés participent également à une traite soignée. Noémie a notamment suivi des formations sur les cellules et la reproduction. « J’ai appris beaucoup de choses. Cela m’a sensibilisée et maintenant, je comprends mieux les consignes de traite. » Au final, Renaud n’observe pas de lien entre le trayeur et le taux cellulaire, soulignant l’intérêt du décrochage automatique pour limiter « l’effet trayeur ».
Émilie Auvray
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