Une porte de tri en sortie de salle de traite : pratique en grand troupeau

Les vaches, équipées d’une boucle électronique, passent devant un panneau d’identification et sont triées, celles qui doivent être isolées sont acheminées à droite. (©Antoine Humeau)
Les vaches, équipées d’une boucle électronique, passent devant un panneau d’identification et sont triées, celles qui doivent être isolées sont acheminées à droite. (©Antoine Humeau)

Si les portes de tri sont généralisées en roto, elles restent rares en salle de traite classique. Pourtant, cet équipement peut permettre de gagner en temps et en organisation du travail, surtout lorsque le cheptel est important.

Quand les frères Hersant ont projeté d’investir dans un nouvel équipement de traite il y a cinq ans, ils savaient qu’ils ne voulaient pas de robot, « c’est moins évolutif ». Quant au roto, « cela fait un peu usine, et puis le coût est quand-même beaucoup plus élevé, sans compter l’entretien », pointe l’aîné des deux, Frédéric, 45 ans. En fait, la traite, ils aiment bien, même s’ils y passent 2h30.

Pour remplacer leur 2x5, ils ont choisi une 2x16 TPA simple équipement. Sur leur exploitation de 160 ha à Ercé-en-Lamée, au sud de Rennes (Ille-et-Vilaine), ils ont 180 vaches dont 160 à la traite. C’est beaucoup de travail pour les 3 UTH. Comme ils partaient d’une feuille blanche, c’est-à-dire la construction d’un nouveau bâtiment, ils ont pu faire installer un système de portes de tri. L'objectif : gagner du temps et améliorer l’organisation du travail. « Il n’y a plus de stress, on n’a pas à aller chercher la vache dans la stabulation pour l’isoler, apprécie Benoît, 37 ans.  Avant, on finissait la traite et les animaux un peu fébriles qu’on avait repérés, il fallait aller les chercher un par un. »

Le gain de temps, c’est donc dix minutes à chaque traite, à la louche. Et mine de rien, « ça fait partie des choses qui sont indispensables pour nous aujourd’hui. On s’aperçoit qu’on ne pourrait pas s’en passer et pourtant on n’est pas des accrocs de la technologie ».

Planifier l’isolement

Quand les vaches entrent sur le quai, elles passent devant un panneau d’identification, leur numéro s’affiche sur un écran à l'entrée de la fosse. En sortie de salle de traite, elles passent toutes devant un autre panneau d’identification puis par une porte à deux voies. Celles qui doivent être isolées sont orientées automatiquement vers un box à droite, quel que soit le motif (vache fraichement vêlée, besoin d’échographie, de parage, soins divers ou chaleur). Les autres filent dans le bâtiment. Un autre box, à côté du box d’isolement, permet de procéder manuellement à un second tri si besoin, pour séparer par exemple les vaches en chaleur de celles qui nécessitent un soin.

Boitier en salle de traite
L’éleveur programme l’isolement de sa vache au moyen d’un terminal en salle de traite. Il peut aussi le faire depuis son ordinateur. (©Antoine Humeau)

Tous les animaux de l’élevage sont équipés d’une boucle avec puce RFID, ce qui permet de commander les informations à distance. Depuis la salle de traite, l’éleveur oriente chacune de ses vaches au moyen d’un terminal : à droite pour l’isolement, tout droit pour le retour en bâtiment. Il peut aussi programmer cela depuis son ordinateur la veille au soir ou bien avant, s’il a planifié une date d’insémination par exemple. « Lundi après-midi le pareur va venir, donc on enregistre notre liste de vaches, on programme l’isolement », décrit Frédéric Hersant. Quand l’inséminateur vient, il sait où trouver la vache, le box de tri est à l’entrée du bâtiment.

Logiciel de suivi du troupeau

Les portes de tri sont vendues avec un logiciel de suivi du troupeau. L’éleveur rentre tous les événements concernant chacune de ses vaches : soins, médicaments, événements repro. Les données lait sont également accumulées par le logiciel, ce qui facilite la surveillance du troupeau. Mais les frères Hersant qui ne sont pas « des mordus d’informatique au départ » reconnaissent avoir un usage assez sommaire de leur équipement, quatre ans après l’installation.

Potentiellement, le système est évolutif, il est possible de rajouter une seconde porte de tri. Mais « il faut le prévoir dès le départ dans l’aménagement du bâtiment », met en garde Frédéric Hersant.

Il semble en tout cas difficile d’envisager l’installation, de portes de tri en sortie d’une salle de traite existante, car cela nécessite non seulement de réaménager le bâtiment mais aussi de changer certains équipements : adapter des panneaux d’identifications à l’entrée, avoir des décrochages automatiques compatibles.

Les éleveurs qui changent leur salle de traite restent peu nombreux à s’équiper de portes de tri.  « Payer 10 000 à 20 000 euros pour cela, les gars ne sont pas prêts », constate Aymeric Ventroux technico-commercial chez Modema agri, concessionnaire Delaval. « Cela doit correspondre aux choix de l’éleveur, à sa façon de travailler, mais cela n’est pertinent que pour les troupeaux de plus cent vaches ».

Quatre portes de tri à la ferme expérimentale

Les systèmes roto sont en revanche dotés de portes de tri dans 8 cas sur 10 environ. Ce sont le plus souvent des sorties en deux ou trois voies. Les vaches sont guidées vers le bâtiment, vers un premier box pour l’insémination ou vers un second box pour les soins, par exemple.

La ferme expérimentale des Trinottières, en Maine-et-Loire, est en système roto avec pas moins de quatre portes de tri en sortie. La première porte permet d’acheminer certaines vaches vers un box infirmerie ou un box insémination. Les autres filent vers la deuxième porte qui permet un second tri, puis la troisième et la quatrième porte. Le cas de la ferme expérimentale est particulier, elle a besoin de constituer des lots pour ses expérimentations. L’exploitation compte 145 vaches en production avec des inséminations groupées, ce qui nécessite aussi d’isoler quotidiennement plusieurs vaches. « Si on n’était pas une ferme expé, on aurait besoin de seulement deux portes », estime le responsable du troupeau laitier Benoît Vaillant. Il estime le gain de temps généré par ces portes de tri à « au moins une trentaine de minutes par jour ». À condition que tout fonctionne bien, car il y a des parfois des ratés, « il arrive que la vache ne soit pas captée, et là, c’est le bazar, certains jours j’ai cinq ou six vaches qui ne sont pas triées, c’est très compliqué, il faut tout trier manuellement » soupire le responsable du troupeau laitier.

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