
Pour alléger la charge de travail en élevage laitier, la monotraite est une solution envisageable. Avant d'y passer, mieux vaut calculer son coup (ou plutôt son coût) car la baisse de production n'est pas négligeable et la marge s'en ressent. D'ailleurs, le gain de temps n'est pas systématique selon la stratégie choisie...
La traite est la principale charge d’astreinte dans une exploitation laitière. Elle représente 40 à 50 % du temps quotidien. Si le nombre de postes de traite par élevage augmente, il progresse moins vite que le nombre de vaches, et le temps de traite s’allonge…
Un moyen radical de réduire cette astreinte est de supprimer une des deux traites quotidiennes : mathématiquement on devrait gagner 1h30 à 2h entre la traite et le lavage. Aujourd’hui, la monotraite est pratiquée principalement en production biologique ou dans des systèmes très économes.
Une perte de lait de l'ordre de 30 % et un taux cellulaire à la hausse
Les études françaises et internationales rapportent des résultats assez similaires : - 30% de production laitière, + 1,5 à 2 g/kg de TP et + 3 à 4 g/kg de TB.
Un troupeau à 27 litres passera à 19 litres environ. Les effets varient légèrement entre les races. Ils bougent aussi entre les vaches d’un même troupeau, indépendamment du niveau de production. On retrouve les mêmes évolutions sur une période courte de six à huit semaines ou sur une lactation complète.
10 à 15 % de lait en moins sur une année avec une période de monotraite de 2 mois.
Lorsqu'on repart sur deux traites, la production remonte et ne se limite plus qu'à 1 à 2 litres/vache en moins au bout de trois semaines. En parallèle, le bonus sur les taux s’estompe. Lissé sur un an, avec une période de monotraite pendant huit semaines, c’est 10 à 15 % de lait en moins. Il n’y a aucun effet sur les lactations suivantes.
Le point noir reste au niveau des taux cellulaires. Ils ont tendance à augmenter lors du passage en monotraite, mais sans mammites cliniques. Cette hausse est surtout marquée quand la situation de départ est déjà moyenne à médiocre. C’est d'ailleurs la principale raison de l’arrêt de la monotraite.
Autre aspect : les vaches qui passent à une traite par jour consomment la même quantité de ration. La baisse d’ingestion met plusieurs semaines à s’ajuster sur la production laitière. L’économie de fourrages est donc limitée. La perte d’état en début de lactation est largement réduite. Avec un déficit énergétique maîtrisé, la fécondité doit en revanche s’améliorer.
Quel effet sur la marge ?
Le graphique suivant simule l'impact sur la marge d'un passage en monotraite ponctuel ou permanent, en augmentant ou non l'effectif de vaches pour maintenir ou pas le volume livré :
Sont pris en compte : la livraison, les plus-values TB et TP, les pénalités cellules, le coût des fourrages (dont une partie de mécanisation), le coût des concentrés, les frais d'élevage, les hectares de SFP libérées ou de SCOP consommées, les ventes de veaux et de réformes et le coût d'élevage des génisses.
Dans toutes les situations, la balance est négative de 10 000 € à 45 000 €. Dans un système avec une part de pâturage importante, l’écart se réduit. La consommation de concentrés et de fourrages conservés est plus limitée. Plus le prix du lait est élevé, plus l’écart s’accentue. Dans cette approche, aucune annuité bâtiment n’a été intégrée pour loger les vaches supplémentaires. Si la place est limitante, il faut l’ajouter.
Gagner du temps en monotraite ? pas forcément !
L’économie d’une traite par jour, c’est environ 2 heures de gagnées. Pour 85 vaches, si on veut maintenir la livraison, cela revient à traire, loger, nourrir (etc.) 9 vaches de plus dans le cas où la monotraite ne concerne que huit semaines de l'année et tout de même 25 vaches en monotraite permanente. Au final, gagne-t-on réellement du temps ?
Avec des périodes de travaux très saisonniers, traire une fois par jour permet, parfois, de réduire le recours à des salariés sur l’atelier laitier ou sur la seconde activité. Il faut cependant accepter une perte de production et une augmentation probable de cellules. Il est possible de traire une seule fois par jour à condition que des places de couchage supplémentaires soient disponibles dans le bâtiment (ce qui est rarement le cas) et que la situation en cellules soit saine. Les vaches récupèrent une partie du lait perdu sous trois semaines.
La bonne question est surtout d’évaluer, pour sa propre exploitation, la balance entre l’impact économique et le gain de temps. Sur des périodes courtes, les conséquences sont limitées.
Enfin, ce système pénalise aussi les deux principaux indicateurs environnementaux : avec la chute du lait par vache, l’empreinte carbone est dégradée et si nous cherchons à maintenir le volume livré, il y aura plus de vaches et plus de gaz à effet de serre. À bien réfléchir donc !
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