Spécialiste de la physiologie des animaux de ferme, Mme Gondret donnera une conférence sur l'intelligence artificielle au Space 2025, organisé à Rennes du 16 au 19 septembre.
L'IA favorise-t-elle plutôt une agriculture intensive ?
L'IA est un outil et donc c'est l'usage qu'on va faire de cet outil qui est important. C'est vrai qu'on manque encore de recul pour savoir vraiment qui va pouvoir s'emparer de l'IA. Mais l'agriculteur est très souvent déjà un agriculteur numérique. Par exemple, aujourd'hui 50 % des éleveurs laitiers en Bretagne ont un robot de traite, les deux-tiers des éleveurs caprins ont au moins un outil connecté.
L'IA est finalement un appui au savoir-faire de l'éleveur, un prolongement de ce qu'il peut observer par lui-même: elle offre une capacité de suivi en temps réel, sur des grandes périodes, là où l'éleveur ne peut pas être 24 heures sur 24 en train de regarder ses animaux.
Par exemple, un animal qui va rester couché de manière inhabituelle, l'éleveur va pouvoir le détecter le matin quand il vient alimenter ses animaux mais il ne va pas pouvoir dire si l'animal est resté plus longtemps allongé qu'à l'habitude.
Aujourd'hui en agriculture, et en particulier en élevage, plusieurs exemples montrent que l'IA permet de progresser et de s'inscrire dans ce qu'on appelle les principes agroécologiques, donc de reconnexion à la nature. Par exemple, en alimentation, on est capable de piloter plus précisément ce qu'on va donner aux animaux de manière à réduire les pollutions dans l'environnement.
Dans le domaine de la santé, on est capable de diagnostiquer plus précocément une infection respiratoire ou un mal-être de l'animal, avant que le vétérinaire ou l'éleveur ne détectent les premiers signes. Et parfois on a des surprises, il arrive que ce qu'on trouve aille à l'encontre du « bon sens paysan ».
L'IA va-t-elle inéluctablement pousser à plus d'automatisation ?
IA et automatisation sont deux choses différentes. Non, l'IA ne remplacera pas l'éleveur, c'est un outil d'appui dans un certain nombre de décisions mais elle ne pourra pas remplacer le savoir-faire paysan.
L'idée, c'est de l'aider dans la pénibilité de certaines tâches, de le remplacer là où l'automatisation est intéressante et où la capacité de décision par un humain a finalement peu d'importance, pour lui permettre d'avoir plus de temps de qualité à passer auprès de ses animaux.
Aujourd'hui, un robot de traite ne fonctionne pas avec de l'IA. Par contre, demain, un robot de traite piloté par l'IA pourra se déplacer au sein d'une prairie en géolocalisant les animaux.
L'IA appliquée à l'élevage va-t-elle fatalement aggraver le réchauffement climatique ?
L'agriculture est basée sur le vivant, il faut se poser la question des usages qu'on veut faire de l'IA et des bénéfices qu'on en espère.
Le pari qu'on fait, c'est que l'IA va nous aider à lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique, en permettant par exemple de réduire les émissions de méthane par les systèmes ruminants, en permettant de réduire les pollutions azotées par les porcins, en améliorant le bien-être de l'animal et en détectant plus précocement des problèmes pour pouvoir réagir sans utiliser de médicaments.
Mais dans tous les cas, il faut prendre en compte le coût environnemental d'une solution par rapport à ses bénéfices.
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