L’hypocalcémie subclinique mal identifiée, mais majeure

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Ampleur. Selon des études américaines et française, un quart des primipares et la moitié des multipares sont concernées par l’hypocalcémie subclinique dans les quarante-huit heures après le vêlage.

Aussitôt après le vêlage, la vache a besoin de calcium pour produire le lait et le colostrum. Schématiquement, deux leviers sont à sa disposition : l’absorption du calcium contenu dans le sang et la mobilisation du calcium osseux. Une calcémie entre 80 et 100 mg par litre de sang, dans les douze à vingt-quatre heures qui suivent le vêlage, est considérée comme normale chez une vache adulte. Si elle n’absorbe pas assez rapidement ou efficacement le calcium fourni par l’alimentation et la résorption osseuse, son taux de ­calcium chute. Sous les 50 mg/l, elle est en hypocalcémie clinique avec, pour conséquence, la bien connue fièvre de lait. « Elle touche 5 à 8 % des vaches du troupeau », indique Guillaume ­Belbis, de l’École nationale vétérinaire d’Alfort.

Sous 80-85 mg de calcium par litre de sang

Si la calcémie se situe entre 55 et 80- 85 mg de calcium/l, la laitière est en hypocalcémie subclinique, c’est-à-dire sans signe clinique visible.

Deux études réalisées aux États-Unis montrent que 25 % des primipares en sont atteintes dans les quarante-huit heures après le vêlage. Cette prévalence augmente avec le nombre de lactations : la moitié des multipares sont touchées. Plus proche de chez nous, il ressort d’une étude dans les Ardennes que 16 % des génisses sont concernées et 57 % des multipares (voir tableau). L’hypocalcémie subclinique est à prendre en considération car elle accroît le risque des maladies de début de lactation. Le premier effet de l’hypocalcémie est une altération de la réponse immunitaire. Plus fragile, la vache sera plus sujette aux troubles infectieux et métaboliques du début de lactation.

Métrite et déplacement de caillette

La métrite et l’endométrie en font partie. Le déficit immunitaire, couplé à une involution utérine plus lente, expose la matrice à une infection. « Le risque de métrite augmente de 10 % chaque fois que la teneur en calcium dans le sang baisse de 10 mg/l », souligne Guillaume Belbis. Le manque de tonus musculaire lié au déficit en calcium favorise également le déplacement de caillette.

De même, hypocalcémie subclinique et cétose sont associées, en particulier chez les vaches grasses avant le vêlage. Un cercle vicieux s’enclenche. La baisse d’ingestion liée à la cétose et le besoin en calcium du foie pour libérer l’insuline affectent la disponibilité en calcium dans le sang, ce qui crée les conditions de l’hypocalcémie… et inversement.

Ne pas louper la phase du tarissement

L’excès de potassium dans la ration des vaches taries est le principal facteur qui entraîne une hypocalcémie subclinique. En effet, il crée une balance cations-anions (Baca) élevée. Elle est à l’origine d’une alcalose métabolique qui conduit à une mobilisation moins importante du calcium osseux. « Il faut éviter que les taries ­consomment del’herbe jeune, fertilisée, composée de légumineuses riches en potassium », insiste le vétérinaire franc-comtois Michel Vagneur.

Plus globalement, il conseille une ration fibreuse, concentrée modérément en énergie, avec une Baca faible.

Chlorure de calcium après le vêlage

« Après le vêlage, si la vache a de l’appétit, l’apport de chlorure de calcium par voie orale au vêlage est intéressant pour prévenir l’hypocalcémie. » Toujours si elle a de l’appétit, juste après le vêlage, des minéraux sous forme soluble ajoutés à la ration sont l’autre solution. Ils sont actifs rapidement mais leur effet est moins long qu’un bolus. Lui dure vingt-quatre heures. Il contourne le manque d’appétit de la vache. Sa contrainte est la pose durant ou dès le vêlage. « On peut aussi mettre des sels minéraux sur le dos du veau qu’elle lèche. » Toutes ces mesures seront efficaces si elle vêle dans de bonnes conditions, en particulier avec de l’eau à sa portée.

Claire Hue
Dans les Ardennes, plus de la moitié des multipares sont atteintes
Nombrede lactations Prévalence de l’hypocalcémiesubclinique
1 16 % -
2 52 % Moyenne :57 %
3 48 %
4 72 %
5 et plus 67 %
En 2014, analyse du taux de calcium dans le sang de 106 vaches dans huit élevages, 12 à 24 heures après le vêlage. Elles sont déclarées affectées à moins de 80 mg/l. (Sources : Valérie Gillet et Yves Millemann, École nationale vétérinaire d’Alfort)
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