
Au Gaec Goisbault près de Laval (Mayenne), il y a deux robots pour 100 vaches et vingt hectares à pâturer. Le parcellaire est découpé en 22 paddocks, soit environ un par jour.
C’était l’un des tout premiers de son département à investir dans un robot de traite. Lorsque Ludovic Goisbault a fait ce choix en 2003, il a aussi décidé de maintenir ses vaches au pâturage, ce qui était plutôt audacieux. 20 ans plus tard, le système semble avoir fait ses preuves.
S’ils ont fait le choix du pâturage dès le départ c’est parce que « c’est plus économique ». Et puis « les vaches en bâtiment toute l’année, cela ne nous emballait pas ». Le bloc traite a été installé au milieu du parcellaire : 20 hectares de prairies sont affectés au pâturage, soit 20 ares par vaches, les paddocks les plus éloignés sont à 600 mètres du bâtiment.
L’ensemble du parcellaire a été découpé en 22 paddocks de moins d’un hectare chacun, les animaux y restent environ une journée, ce qui permet d’optimiser la pairie. En pleine période de pousse d’herbe, les parcelles sont même parfois redivisées en deux.
Le Gaec Goisbault a connu la stalle saturée, avant d’être équipé d’un second robot il y a 10 ans. Avec 50 vaches par robot, la circulation est fluide.
Une porte intelligente
Ce qui inquiétait un peu les éleveurs au départ, c’est que les vaches trainent un peu trop au pré, qu’elles ne rentrent pas pour la traite, et que la production chute. Inquiétude vite balayée en réalité : « On ne mettait pas de points d’eau dans les prés, pour les inciter à revenir ! » se souvient Ludovic Goisbault. Et puis très rapidement, ils ont installé des abreuvoirs dans chaque parcelle, et les vaches sont revenues quand-même. « Les points d’eau doivent être placés où l’on veut qu’aillent les vaches », résume Nicolas Roué, consultant robot à Seenovia. Ici, ils sont au milieu des parcelles, tout simplement.

Pour éviter qu’elles ne restent trop longtemps sans être traites, une porte de tri intelligente décide d’autoriser ou non chaque vache à se rendre au pâturage. Elle les oriente à droite ou à gauche selon qu’elles doivent aller au pré ou vers la table d’alimentation. Et si la vache n’a pas le courage de sortir pâturer, elle peut revenir par un couloir vers la table d’alimentation. Cela s’appelle de la « circulation libre optimisée ».
La nuit, seules les vaches qui viennent de se faire traire peuvent sortir
L’éleveur a paramétré sa porte intelligente de façon à interdire de sortir de l’aire d’attente uniquement les vaches en retard de traite. Objectif : éviter la saturation de l’aire d’attente. En journée, c’est-à-dire entre 9h30 et 18h environ, les vaches peuvent aller au pâturage si la dernière traite est suffisamment récente. Par ailleurs, les permissions de traite sont variables selon les stades de lactation des vaches. La nuit, à partir de 21h, seules les vaches qui viennent de se faire traire peuvent sortir, pour éviter qu’il n’y ait trop de vaches en retard de traite le lendemain matin.
Une production laitière maintenue
La saison de pâturage ici, c’est de février à la mi-novembre, mais sur ces terres séchantes début juin il n’y a déjà plus grand-chose à pâturer. Lorsqu’elles sont en bâtiment, les vaches produisent en moyenne 29 à 30 kg par jour. En saison de pâturage, la production ne décroche que de 2 kg en moyenne (28 kg). « Malgré cette baisse de production, la rentabilité est meilleure au pâturage qu’en ration hivernale dans cet élevage », observe Nicolas Roué.
Comme dans l’écrasante majorité des systèmes robot-pâturage, l’éleveur continue de distribuer une ration à l’auge tout au long de l’année. Au plus fort de la pousse de l’herbe, il distribue encore 4 à 5 kg de MS/vache/jour. Sur l’ensemble de l’année, le pâturage représente ici environ « 15 à 20 % de la ration », évalue l’éleveur.
Mettre les vaches au pâturage impose un suivi rigoureux, si l’on veut éviter les mauvaises surprises telles qu’un décrochage soudain de la production laitière. « C’est sûr que l’on se casserait moins la tête à laisser nos vaches en bâtiment ! » sourit Ludovic Goisbault.
Pour concilier robot et pâturage, il faut de la motivation, un parcellaire adapté, et une bonne circulation
Au quotidien, il est organisé. Pour que les vaches pâturent en journée, la ration à l’auge est distribuée en fin d’après-midi. « Cela permet aussi de les faire revenir des champs, elles savent qu’elles ont une ration fraîche. » Les paddocks sont à la journée, « les vaches sont contraintes de consommer ce qu’elles ont et il y a chaque jour du nouveau, cela leur donne envie de sortir ».
L’éleveur, en fin d’après-midi, nettoie les logettes, jette un coup d’œil à l’ordinateur pour connaître l’état de ses vaches, nettoie ses robots et va chercher ses vaches au pré. Cette opération ne lui prend guère plus qu’un quart d’heure. Il ferme la parcelle et ouvre la suivante, rien de plus.
« Pour réussir en robot et pâturage, il faut réunir trois conditions, analyse Dominique Landais, consultant robot à Seenovia. La motivation de l’éleveur est la principale, ensuite il faut avoir un parcellaire adapté avec des contraintes limitées de voisinages ou de routes à traverser et enfin avoir une circulation des animaux adaptée au niveau de saturation des stalles. » Ici les conditions sont toutes réunies, à commencer par la première.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026