La plupart des éleveurs ne sont pas satisfaits de leurs prélèvements privés. De nombreux facteurs, pas toujours extérieurs à l’exploitation, expliquent cette situation. C'est à ce sujet inédit qu'Innoval a consacré sa dernière enquête annuelle.
Les revenus agricoles font l’objet de publications régulières, mais c’est beaucoup moins le cas pour les prélèvements privés. La dernière enquête réalisée par Innoval "Sécuriser son revenu pour mieux vivre de son travail", dans le cadre de son observatoire sur l’élevage, apporte des éléments nouveaux à ce sujet.
Un questionnaire a été élaboré et 1 720 éleveurs, soit 10 % de ceux qui l’ont reçu, y ont répondu en janvier 2025. On trouve parmi eux une majorité d’éleveurs laitiers spécialisés (56 %). Les répondants sont représentatifs des éleveurs de la zone Innoval en ce qui concerne la taille de troupeau (86 vaches laitières, 103 UGB viande) et l’âge (23 % ont moins de 40 ans, 47 % plus de 50 ans).
Moins de la moitié des éleveurs (4,7 sur 10) se disent satisfaits de leurs revenus. Ils avancent l’importance du temps de travail (55 heures par semaine) et des risques financiers, pour justifier une attente de revenus plus élevés. Les prélèvements privés ne sont pas non plus à la hauteur (voir l’infographie ci-dessous). Les laitiers prélèvent plus que les allaitants. La plupart des répondants estiment qu’il manque entre 500 et 1 000 € par mois pour atteindre le niveau de prélèvements privés qu’ils souhaitent.
Le reste de l’enquête éclaire sur les insuffisances de ces prélèvements. Tout d’abord, si les éleveurs jugent leur revenu plutôt stable, ils ne sont que 21 % à penser qu’il le restera. 55 % ne se prononcent pas et la fluctuation des cours est considérée comme une menace par 88 % d’entre eux. De plus, les aléas climatiques inquiètent 57 % des éleveurs, contre 28 % en 2023. Le risque d’arrêt de collecte par la laiterie est mentionné par 4 % des répondants. Face à ces incertitudes, il n’est pas étonnant que ceux qui le peuvent préfèrent constituer des réserves plutôt qu’augmenter leurs prélèvements. Par ailleurs, les éleveurs considérés « expérimentés satisfaits » voient dans l’optimisation des charges et la constitution d’une épargne les outils pour réduire leurs charges. Installés depuis plus de vingt ans, ils se disent optimistes pour l’avenir. Ils prélèvent 2 000 € ou plus chaque mois et espèrent progresser.
Réduire la fiscalité n’est pas une fin en soi
Président d’Innoval, Patrice Guiguian n’est pas surpris par ces tendances, mais il alerte : « De nombreux éleveurs surchargent leur compte associé au lieu d’augmenter leurs prélèvements privés. Ils investissent dans du matériel pour réduire les prélèvements obligatoires. Lorsqu’ils cèdent leur exploitation, ils veulent valoriser leur capital, notamment pour compenser le fait qu’ils ont souvent vécu avec des faibles prélèvements. On arrive ainsi à des reprises trop coûteuses pour les candidats. »
L’enquête montre que les jeunes misent beaucoup moins sur la gestion financière pour augmenter leur revenu. Ils estiment qu’ils ont intérêt à travailler d’abord sur la technique, la performance du troupeau et la maîtrise des charges. « Pour eux, la passion du métier ne suffit pas. Les belles vaches doivent permettre de dégager des ressources pour la famille », conclut Yann Lecointre, directeur général d’Innoval. Un constat à intégrer pour adapter les services proposés aux éleveurs.
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