Les producteurs de la filière AOP dénoncent Lactalis

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Patrick Mercier, ex-président de l’AOP camembert de Normandie, devant le stand de Lactalis, dénonce l’utilisation abusive du terme Normandie par l’industriel. (© J.PEZON)

L'affichage en grand d'une étiquette de camembert Président avec la mention "Fabriqué en Normandie" par Lactalis sur son stand au Salon de l'agriculture a provoqué leur colère.

Le 26 février, les producteurs de lait pour la filière AOP « camembert de Normandie » ont profité de la visibilité offerte par le Salon de l’agriculture pour dénoncer l’utilisation abusive de l’appellation Normandie par le géant Lavallois. Plus précisément, ils demandent que les termes « Fabriqué en Normandie » soient retirés de ses boîtes de camembert Président. « Il s’agit d’une usurpation de l’identité Camembert de Normandie très confusante pour le consommateur et d’une concurrence illégale pour l’AOP », martèle Patrick Mercier devant le stand Lactalis. Il est producteur fermier de camembert AOP dans l’Orne et ex-président de l’AOP camembert de Normandie. Les défenseurs de l’appellation vivent comme une véritable provocation l’affichage en grand sur le stand lavallois de l’étiquette Président portant la mention « Fabriqué en Normandie ».

Distorsion de concurrence

Le cahier des charges de l’AOP impose, pour la partie élevage, la présence obligatoire de la race normande (50 % au minimum) et au moins six mois de pâturage, et, pour la partie fabrication, un fromage au lait cru moulé à la louche. Rien de tout cela du côté des camemberts pasteurisés Président de l’industriel, mais une distorsion de concurrence qui en découle, confirmée par le Conseil d’État.

La communication de Lactalis au Salon de l’agriculture sous l’appellation « fabriqué en Normandie » irrite à la fois les producteurs AOP et les éleveurs de race normande. (© C.Hue)

Force est de constater que l’avis du Conseil d’État n’est toujours pas respecté. La guérilla judiciaire menée par les industriels depuis plus de deux ans, Lactalis en tête, permet de maintenir la mention sur les étiquettes.

Dans ses délibérés du 12 février, le tribunal administratif de Caen (Calvados) a botté en touche le sujet. Il reproche à l’administration ses contrôles d’étiquettes qu’elle n’a pas faits au cas par cas. Dans un courrier envoyé à l’Inao, l’AOP demande des nouveaux contrôles, cette fois-ci plus ciblés. Comprenez sur le « Fabriqué en ». « C’est à l’Inao qu’il revient de saisir la DGCCRF », indique Benoit Duval, président de l’AOP camembert de Normandie. « Il est grand temps de réagir. L’effectif de vaches normandes, largement porté par l’appellation, est en recul de 30 % depuis dix ans. » Les volumes de vente, eux, ont reculé de 5 % en 2023. Ils s’élevaient à 5 634 tonnes en 2022.

Lire aussi : Lactalis, visé par les producteurs  et le PNF

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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