Après la hausse des prix du lait qui s’est poursuivie tout au long de l’année dernière en Europe, permettant de couvrir les coûts de production dans beaucoup de pays, on constate une chute de 10 centimes sur les trois derniers mois, a regretté Kjartan Poulsen, président de l’European Milk Board (EMB), le 28 janvier. « Chez moi, cela représente 1 000 euros de moins chaque jour », explique cet éleveur danois, qui redoute de « revenir dans une situation difficile, dans laquelle les prix ne seront plus rémunérateurs ».
Activer les instruments de réduction des volumes
En effet, le surplus de lait sur le marché, face à une consommation qui ne suit pas, inquiète l’EMB qui met en avant la nécessité d’un recours aux instruments de réduction des volumes, comme à travers son programme de responsabilisation des marchés. « La Commission européenne pourrait avoir recours à l’Observatoire du marché laitier à des fins pratiques et non théoriques, explique Kjartan Poulsen, en se référant à l’article 219 de l’organisation commune de marché ». « Il ne s’agit pas seulement de stocker de la poudre dans les entrepôts, il s’agit de réduire la production », poursuit-il.
En échange, les producteurs bénéficieraient d’une compensation. Pour l’EMB, cette mesure est indispensable pour réguler le marché et maintenir des prix qui couvrent les coûts de production : il s’agit à la fois d’assurer la sécurité alimentaire, de répondre aux objectifs du Green Deal qui vise à une production locale, avec davantage de fermes mais moins grandes, mais aussi d’attirer les jeunes dans la filière laitière. Or sans salaire, « ils ne vont plus aller vers l’agriculture, ils vont partir dans les villes pour travailler du lundi au vendredi et avoir le week-end off », constate Kjartan Poulsen.
En France, l’attitude de la grande distribution inquiète
Un constat auquel souscrivent l’Apli et la Coordination rurale, toutes deux membres de l’EMB. Néanmoins, en France, la situation s’avère un peu différente, avec des prix qui sont montés moins haut que dans les autres pays européens. « On est conscient que ce qui va arriver dans six mois, un an, ce sera très compliqué. On l’a vécu en 2009, en 2015, et on n’a pas envie d’une nouvelle crise du lait en France et en Europe », rappelle Adrien Lefebvre, président de l’Apli, qui incite la grande distribution « à faire son boulot ».
Or, les MDD ont été volontairement mises en avant par la distribution pour lutter contre l’inflation, avec des prix beaucoup plus bas que ceux des marques nationales ou de producteurs, explique-t-il. « On est très vigilants par rapport à ça, les démarches bio, équitables, vont être mises à mal par la distribution qui profite de l’inflation pour mettre en avant ses marques », note Adrien Lefebvre, grâce à des marges plus importantes sur les autres produits alimentaires. « Une fois les parts de marchés acquises sur ces MDD, la distribution pourra remettre les prix qu’elle veut et se récupérer derrière », dénonce-t-il.
La loi Egalim ne fonctionne pas car il y a un manque de transparence de la part des GMS et des industriels, regrette Boris Gondouin, membre de l’EMB. « On sait que les temps sont durs pour les consommateurs, on s’imagine la pression envers les distributeurs pour casser les prix afin de garder du pouvoir d’achat, ajoute-t-il, mais nous en tant que producteurs, on a déjà une hécatombe des installations, et une vague de départ en retraites, qui s’avère encore pire que dans d’autres pays ».
Pour peser davantage, le sujet de l’organisation des producteurs se pose. « On appuie pour que ces organisations se regroupent, ajoute Joseph Martin, de la Coordination rurale, saluant leur entrée à l’interprofession comme une victoire en demi-teinte, « puisque les représentants ont été désignés par le syndicat majoritaire ».
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