
Dans un contexte de tension sur l’offre, la situation géographique de la coopérative Laitnaa, aux portes de l’Europe du Nord, offre de sérieuses perspectives en matière de débouchés d’avenir et de prix.
La coopérative Laitnaa, traduire Laiterie du Nord, de l’Aisne et des Ardennes, clôture la campagne 2024-2025 avec une collecte en recul de -10 Ml, à 224 Ml. Il faut dire que ce territoire frontalier a été particulièrement exposé aux effets de la FCO-3 au second semestre, surtout les deux départements de l’Aisne et des Ardennes. La maladie venue des Pays-Bas a également eu une incidence sur la qualité du lait : -3,44 € de pénalités en moyenne sur la même période, soit un prix moyen versé à ses 293 exploitations adhérentes de 464,20 € (TPC/TQC + 41,81 de TB et 33,5 de TP). « Cette situation sanitaire aura une incidence sur les livraisons à plus long terme, compte tenu de la baisse des performances de reproduction dans les élevages », souligne Henri Brichart, président de la coopérative. Dans ce contexte, Laitnaa n’écoule plus d’excédents sur le marché Spot, pour répondre aux contrats d’approvisionnement passés auprès de ses 19 acheteurs, les principaux restant Nestlé, Schreiber et le belge Solarec.
Croissance continue de la demande mondiale
À l’occasion de son assemblée générale du 4 avril, Jean-Marc Chaumet, directeur du pôle économie du Cniel, a souligné la position géographique privilégiée de Laitnaa, au regard de tensions de plus en plus fortes sur le marché des produits laitiers : « Les pays à proximité, Belgique, Allemagne ou Pays-Bas, vont manquer de lait pour répondre à une demande mondiale croissante et la région sera par ailleurs moins impactée que d’autres par les effets du réchauffement climatique. ». En effet, il rappelle que l’inflation (+20 % sur les produits laitiers depuis 2022) s’accompagne d’une descente en gamme des actes d’achat en faveur des MDD, mais n’a pas eu d’influence négative sur la consommation en volume. Dans le détail, si la consommation de lait liquide poursuit son recul, la crème et les fromages tirent les ventes. L’ultra-frais comme le beurre industriel sont désormais aussi dans une phase ascendante. Ainsi, en 2024, la consommation intérieure a augmenté de 1 %. Le marché au détail pèse 40 % des débouchés de la production française, au même niveau que les exportations : celles-ci ont augmenté de 9 % en volume et de 2,5 % en valeur, soit un solde commercial de 3,2 milliards d’euros.
La tendance mondiale reste donc positive pour la filière à long terme : en juin 2024, l’OCDE-FAO estimait les perspectives de croissance de la consommation d’ici 2033 à +18 % pour les produits laitiers frais, +16 % pour le beurre, ou encore +10 % pour le fromage. Une croissance tirée par une demande venue essentiellement d’Asie et d’Afrique. Certes, la production mondiale (960 millions de tonnes) est en progression constante, sous l’impulsion de l’Inde, du Pakistan et de la Chine (+5 %/an). Mais ces trois pays d'Asie cherchent avant tout à satisfaire leur demande intérieure. « La consommation augmente aussi dans les autres pays qui ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins et auront donc besoin d’importer. Or, la production des grands exportateurs mondiaux stagnent depuis 2020. »
S'organiser pour répondre à la demande du client
Parmi ces grands exportateurs, la croissance de la production aux USA semble à l’arrêt, comme en Argentine confrontée à des difficultés économiques. En Océanie, la production australienne baisse depuis dix ans, tandis que la hausse de la productivité en Nouvelle-Zélande ne compense pas la baisse de cheptel. Même situation dans l’UE, où seule la Pologne enregistre une hausse linéaire de sa production. À l’horizon 2035, la Commission prévoit une baisse globale de la production de 0,2 %, tenant compte de la baisse du cheptel. Selon une étude de la Rabobank, l’obligation de se conformer à la réglementation en matière d’émission de GES pourrait entraîner une forte baisse de production en Allemagne (-10 %), aux Pays-Bas (-20 %), en Belgique (-1 Mt) et au Danemark (-1 Mt). « Sous réserve d'une crise économique mondiale, ce contexte d'une demande soutenue et d’une offre limitée est favorable à la hausse, ou au moins au maintien, des cours mondiaux », analyse Jean-Marc Chaumet.
Pour Laitnaa, coopérative de collecte par principe très fragilisée lorsque l'offre excède la demande, cette situation représente une opportunité économique favorable. « La guerre du lait qui devrait se poursuivre en Europe du Nord nous rend confiant sur l’aspect économique. À nous de savoir nous organiser pour être capable de répondre à la demande des clients, souligne Henri Brichart. Si un prix attractif est évidemment nécessaire, je pense que l’aspect social, c’est-à-dire la main-d’œuvre, le temps de travail, seront au moins aussi importants pour maintenir l’installation et la dynamique laitière sur le territoire. »
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