Malgré l’accélération de sa collecte, la Chine reste le premier importateur de produits laitiers, mais a été moins acheteuse en 2023.
La conférence organisée par l’Idele sur les marchés mondiaux a été l’occasion de faire un focus sur la Chine, premier importateur de produits laitiers. Très sensible à sa souveraineté alimentaire, le pays enregistre en 2023 une hausse de sa production de 4,6 %, à 41 Mt, pour atteindre un taux d’autosuffisance de 82 %. Depuis 2018, la production chinoise a bondi de 36 % grâce au développement de mégafermes bénéficiant d’un fort soutien gouvernemental. À titre d’exemple, l’État de Mongolie intérieure accorde une subvention de 6 millions de yuans (780 000 €) aux exploitations de plus de 3 000 têtes (vaches, veaux et génisses), plus 1 million de yuans par tranche de 500 têtes supplémentaires.
Les dix principaux groupes laitiers produisent 11 Mt de lait, soit plus du quart de la production intérieure. Des transformateurs prennent des parts dans ces élevages ou achètent des fermes pour sécuriser leurs approvisionnements. Ils bénéficient d’aides spécifiques, réservées aux exploitations de plus de 300 vaches.
Un décalage de l’offre et de la demande
Or cette politique de grandes exploitations crée un décalage de l’offre et de la demande, dans un contexte économique fragilisé : consommation des ménages en berne, Bourse en recul, crise de l’immobilier, chômage des jeunes au plus haut. Mécaniquement, le prix du lait recul de 8 % par rapport à 2022, à 503 €/1 000 litres, avec des coûts de production qui augmentent. Ce phénomène accélère la disparition des petites et moyennes exploitations. Dans le même temps, les industriels continuent de soutenir les grands groupes laitiers : en 2023, 164 nouveaux projets de ferme, dont 70 % comptent plus de 10 000 têtes.
L’accélération de la collecte amène les transformateurs à sécher davantage pour produire des poudres grasses, avec le soutien financier de certaines provinces soucieuses de limiter les faillites de grands ateliers laitiers. Fin 2023, les stocks étaient donc au plus haut depuis six ans, ce qui pèse sur les importations d’ingrédients secs. Les volumes de poudres en provenance de l’UE ont ainsi chuté de 20 %, et de 18 % pour la France (voir les marchés mondiaux des produits laitiers disponibles, d'après l'Idele). Cette tendance signifie-t-elle pour autant la fin du marché chinois ? « À moyen terme, la Chine reste un débouché pour la production française et européenne, analyse Jean-Marc Chaumet, directeur économie du Cniel. Certes, ces disponibilités nouvelles ferment progressivement la porte aux exportations de lait liquide et la confiance retrouvée du consommateur chinois amènera aussi une baisse des achats de commodités (poudres grasses et poudres maigres). Mais le pays aura toujours besoin de poudres de lactosérum pour les produits infantiles ou l’élevage porcin. Des produits de haute technologie, de type lactosérum déminéralisé, ont ainsi de belles perspectives. » De plus, le consommateur chinois garde une grande appétence pour les produits haut de gamme comme le beurre et la crème, ou les fromages fondus, pour lesquels la France est respectivement le deuxième et cinquième fournisseur et a encore de la marge pour ces exportations.
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