L’autosuffisance chinoise sur le lait et la viande progresse fortement depuis deux ans. Elle est largement encouragée par le gouvernement. De ce fait, les importations baissent et les stocks augmentent. À tel point qu’on parle aujourd’hui de surproduction…
« Ce décalage qu’on observe depuis quelque temps en Chine entre l’offre et la demande semble se poursuivre sur 2024 », explique Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste au Cniel à l’occasion de la journée marchés mondiaux du lait et de la viande organisée par l'Institut de l'élevage. « Là-bas, pas d’inflation. On a même une baisse de prix des produits alimentaires. » Et cela touche particulièrement le lait.
La demande en lait est peu dynamique, liée à la crise Covid (confinement, retour aux produits de base qui sont plutôt le riz et les légumes) et à une baisse des revenus des Chinois (le PIB du pays est à la baisse). Pourtant en face, l’offre est à la hausse. « La Chine tient beaucoup à sa sécurité alimentaire. Après la crise de 2008 sur le lait infantile contaminé, il y a eu une grande défiance des consommateurs pour le lait chinois. Le gouvernement a réagi avec pour volonté de rationaliser la production laitière. »
Laiteries et gouvernement misent sur les grosses fermes
Que s’est-il passé ? Les entreprises de transformation laitière ont monté leurs propres fermes (méga fermes) ou ont pris des parts dans des exploitations existantes afin de maîtriser l’approvisionnement en lait. On parle même de « guerre pour les sources de lait cru » entre les laiteries. Le groupe Youran Dairy est par exemple complet : 91 exploitations laitières, 15 usines d’aliments concentrés, 15 bases de production de fourrage, 3 sites de reproduction ! Et les soutiens publics sont toujours plus importants, mais seulement pour les exploitations comptant a minima 300 vaches laitières…
Ce développement tire la production. « En 2023, la Chine comptait 164 nouveaux projets de fermes impliquant 980 000 têtes, dont près de 70 % sont des fermes de plus de 10 000 têtes », détaille Jean-Marc Chaumet. Cela se fait au détriment des petites exploitations : « Les grosses exploitations font aujourd’hui plus du quart de la production du pays. »
Un prix du lait à la baisse
Ce décalage offre/demande conduit inévitablement à une baisse des cours du lait et un stockage de poudre (estimé à 15 000 t/j). « C’est la troisième fois depuis la crise de la mélamine qu’on a une telle baisse de prix, commente Jean-Marc Chaumet. Le prix du lait chinois est repassé en dessous du lait français alors qu’il avait toujours été bien plus élevé. Même le lait infantile est en recul. Se pose alors la question de la compétitivité. »
Les coûts de production quant à eux augmentent en élevage. Conséquence : il y a beaucoup de lait versé et une hausse des abattages de vaches laitières. « En 2022, plus de 60 % des exploitations chinoises perdaient de l’argent. Les petites et moyennes fermes disparaissent et les laiteries profitent de la situation (arrêt de collecte, pas de renouvellement de contrat). En revanche, tous les projets de construction de grosses exploitations initiés par les groupes laitiers et soutenus par l’état ne sont pas impactés : ils vont au bout malgré la crise. » Une crise qui bénéficie forcément à certains…
« Il y a actuellement une demande de régulation de ces grosses fermes laitières qui se construisent partout tout le temps mais elle n’est pas écoutée. Reste à savoir si le prix du lait peut initier une baisse de la production du pays. »
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