La machine, développée par ManuRob, une filiale de M-Extend, a été présentée en action sur une exploitation de Mayenne. Sa commercialisation est annoncée pour 2025.
Il roule avec assurance sur les allées, « tape » dans le fumier sans hésiter, alimente le méthaniseur sans heurts, part changer son outil tout seul comme un grand… À la SCEA de l’Épine, située à Saint-Berthevin en Mayenne, le Loadix est comme à la maison. C’est ici que ce robot de manutention, développé par ManuRob, une filiale de M-Extend, grandit et progresse depuis 6 ans. La démonstration de ses talents a été organisée le mardi 13 février 2024.
« Notre télesco fonctionne 1 200 heures par an et nous avons une désileuse automotrice en Cuma 30 à 45 minutes par jour. La main d’œuvre n’est pas évidente à trouver dans le temps, et nous avons un objectif de ferme bas carbone alors que la manutention consomme énormément, donc quand ManuRob nous a sollicités il y a 6 ans, on a dit Chiche ! », raconte Pierre Besançon.
La ferme en chiffres : 2 salariés, 65 vaches laitières, 740 000 litres de lait par an, un robot de traite, une production de poulets à pattes jaunes, 210 Kw/h en méthanisation et 155 hectares de céréales, maïs, herbe…
Il s’adapte à la ferme
Le Loadix est un robot de cour de ferme, autonome (il se connecte à son poste de charge, sur son « temps libre ») et 100 % électrique. « Il s’adapte à la ferme, et non l’inverse. Il suffit de déployer une couverture wifi, d’aménager la zone de charge et le parking à outils, et d’adapter les éventuels équipements, comme les portes de bâtiment. Mais tout ce qui est au champ, c’est non. On ne peut pas prendre de balles avec cette machine », tranche Pierre Germanaud, directeur produit et industriel chez ManuRob.
Un soin particulier a été apporté au design, plus proche du rutilant bolide futuriste que du classique et triste robot cubique. Le Loadix ne doit pas être juste pratique, il doit être beau et rassurant, « avec une identité visuelle forte », poursuit le responsable.
Une compacité optimisée
La base roulante, développée en partenariat avec Dintec, a été développée autour du bras, et non l’inverse comme M-Extend en a l’habitude. Deux moteurs de 20 kW, 4 roues motrices directrices, une batterie de 60 W à l’arrière (sans cobalt, pour plus de stabilité chimique), un bras qui grimpe à 4,10 mètres pour une capacité de deux tonnes. Il se déplace, réglementation oblige, à 2 m/s maximum. Côté vérins : Un de levage, un de bennage et deux de compensation « pour apporter un boost de 18 % entre la position sol et un mètre ». Poids total : 4 tonnes à vide.
« La montée de charge est verticale, l’encombrement est identique en position haute et basse. La compacité a été pensée pour travailler aussi dans des bâtiments. Si le débit de chantier instantané est un peu plus faible, ce n’est pas grave, il peut répéter sa tâche autant de fois que nécessaire », souligne Pierre Germanaud. Un système de pesage quantifie le travail et permet de l’arrêter au bon moment.
Des technologies de localisation « éprouvées »
Le changement d’outil est autonome. L’attelage répond à la norme EURO, « adaptée à de petits écarts ». Un capteur Lidar et un système de reconnaissance RFID permettent au Loadix d’éviter les erreurs et de s’adapter. Il n’est ainsi pas nécessaire de poser l’outil à un endroit figé. Pour le couplage hydraulique, le système Speedlink de M-Extend a été déployé. Le débit hydraulique permet d’alimenter l’outil jusqu’à 73 l/min.
Le Loadix se déplace dans un environnement cartographié, avec des routes et des zones d’intérêts (parking des outils, tas de matière, méthaniseur, poste de charge…) définies à l’avance. S’il s’éloigne trop de ces zones, il s’arrête. Doté de tous les équipements de localisation modernes (Lidar, RTK…) il navigue seul, et corrige sa trajectoire grâce à « un pilotage traction et une direction indépendante sur les deux ponts ». « Ce sont des techniques déjà éprouvées », confie Pierre Germanaud.
Un mode manuel pour dépanner
Un capteur Lidar 3D s’occupe plus particulièrement de l’épineuse phase de détection la matière, la distinguer du sol, définir sa pente et son volume, trouver où optimiser le chargement sans tout écrouler… La chaîne de sécurité, en cours de qualification, est totalement indépendante du reste de la machine. « Nous avons la chance de pouvoir stopper net la machine sans contrainte, contrairement à un avion ou à une voiture autonome », reconnaît le directeur produit et industriel. Pour détecter les obstacles, le Loadix roule l’outil à l’arrière. « Après une interruption courte, comme un chien qui passe devant en courant, il peut se relancer tout seul », avance Pierre Germanaud.
Il est toujours possible d’utiliser le Loadix en mode manuel grâce à une télécommande, pour le transformer, le temps d’un dépannage, en un engin de manutention classique, « même si ce n’est pas son usage ». Une fonction « Rejoins moi » permet de le faire venir où l’on se trouve, comme on sifflerait son chien.
En présérie dès 2024
Le travail en réseau de Loadix n’est aujourd’hui pas envisagé mais « plusieurs machines possédant chacune leur zone d’intervention, c’est possible ». Une interface web classique permet de suivre le Loadix en direct, de contrôler l’état des stocks de matière et de régir son agenda en lui planifiant des missions. « À terme, on aimerait que le méthaniseur dise directement au robot Viens me nourrir », avance Pierre Germanaud.
ManuRob vise dans un premier temps le marché de la méthanisation, notamment en Allemagne (10 000 unités de production) et en France (660 méthaniseurs dans des exploitations agricoles, un secteur en forte croissance). D’autres débouchés, comme le curage, sont envisagés. La présérie est prévue pour cette année et la commercialisation en 2025. Le lancement officiel se fera au salon EuroTier à l’automne à Hanovre. Aucun prix n’a été fourni mais il correspondra à celui d’un télescopique classique plus la main d’œuvre.

« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Quelle évolution du prix des terres en Bretagne en 2024 ?
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026