Le nombre de loups présents en France cette année est « clairement sous-évalué » par les autorités, ont dénoncé lundi les organisations agricoles majoritaires alors que cette estimation détermine le nombre maximum de loups pouvant être abattus pour protéger les troupeaux. (Article mis à jour à 20h)
La préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui coordonne le plan national loup 2018-2023, a réuni lundi à Lyon le « groupe national loup » mais le syndicat majoritaire FNSEA, ses associations spécialisées dans l'élevage d'ovins, bovins et de chevaux (FNO, FNB, FNC), le syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) et les Chambres d'agriculture (où FNSEA/JA sont majoritaires) ont « claqué la porte ».
« Clairement le nombre de loups est sous-évalué », s'est agacé Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie, dénonçant une « mascarade » et un « mépris absolu pour le travail des éleveurs ». « Tous les éleveurs vous diront qu'on voit des loups partout », a-t-il déclaré.
Selon un communiqué de la préfecture, « alors que la population de loups était estimée à l'issue de l'hiver 2017-2018 à 430 individus, le bilan (...) pour l'hiver 2022-2023 (...) établit une estimation provisoire à 906 loups soit un chiffre stable par rapport à l'an dernier (921 loups) ».
L'estimation annuelle de la population de loups est très attendue à la fois des éleveurs dont les animaux peuvent être des proies et des défenseurs de la nature. Compte tenu de cette « baisse » de la population de loups, un collectif d'ONG, parmi lesquelles France Nature Environnement, Ferus ou le WWF, ont appelé l'Etat à « autoriser moins de tirs dérogatoires ».
Le loup gris est protégé dans l'Union européenne. Mais des tirs sont prévus à titre dérogatoire, en dernier recours, pour protéger les troupeaux. L'estimation de la population lupine permet de définir le nombre maximum de loups pouvant être éliminés chaque année.
Le loup étant un animal sauvage vivant sur de grandes étendues, sa population ne peut être comptée précisément et est donc estimée sur la base d'indices (observation visuelle, empreintes, déjections...) à partir desquels l'Office français de la biodiversité (OFB) publie une fourchette d'estimation.
Les organisations agricoles reprochent à l'OFB de s'être fondé sur un nombre d'indices « très en retrait par rapport à l'année précédente : près de 1 000 en moins ».
« Si on collecte moins d'indices, on a un chiffre qui baisse », a dit à la presse Edouard Pierre, éleveur et président des JA des Hautes-Alpes, pour qui l'OFB « manque de moyens ».
Sans réagir à cette mise en cause, la préfecture indique que « l'analyse des données génétiques collectées cet hiver permettra à l'OFB, au cours de l'été, de procéder à une réévaluation en vue d'annoncer un chiffre stabilisé ».
La préfecture relève par ailleurs « une hausse en 2022 et début 2023 du nombre d'attaques qui touche particulièrement les nouveaux territoires de prédation ». « En revanche, le nombre de victimes reste stable au plan national », assure-t-on de même source.
Les grandes lignes du prochain plan loup (2024-2029) sont attendues à l'automne. Les éleveurs comptent obtenir un maximum de concessions dans ce dossier complexe et politiquement sensible.
La FNSEA, ses satellites et les Chambres d'agriculture demandent un assouplissement des règles pour abattre les loups s'en prenant aux troupeaux « sans plafond de destruction ». Elles veulent aussi que les éleveurs et les chasseurs soient dotés « d'armes équipées de lunettes à visée nocturne ».
De son côté, la Confédération paysanne craint un futur plan loup « pas à la hauteur » : « pourtant, tout le monde autour de la table sait qu'aucun département ne sera épargné par la prédation à l'avenir », s'alarme le syndicat, qui appelle Matignon à « faire preuve d'ambition » pour les éleveurs et la FNSEA à cesser d'« entretenir le déni avec l'objectif "zéro attaque", totalement démagogique et irresponsable ».
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