Le ministre français de l'agriculture, Julien Denormandie, a vivement critiqué jeudi une proposition de la Commission européenne visant à imposer des seuils d'émissions polluantes aux élevages jugés « industriels ».
Bruxelles veut durcir sa directive sur les « émissions industrielles », qui couvre actuellement 30 000 usines et 20 000 élevages géants en leur imposant des normes drastiques en termes de rejets de polluants -notamment l'ammoniac, à l'origine de particules fines néfastes pour la santé.
La Commission a proposé mardi d'étendre cette réglementation aux élevages de bovins, porcins et volailles comptant plus de 150 « unités gros bétail » (soit 150 vaches adultes, 10 000 poules, 500 porcs ou 300 truies environ), ce qui représenterait 185 000 exploitations dans l'UE.
« Est-ce qu'un élevage d'une centaine de vaches allaitantes dans nos montagnes en Europe est un élevage industriel ? La réponse est non! », s'est emporté Julien Denormandie après une réunion avec ses homologues européens.
.@EU_Commission a adopté aujourd’hui un projet de directive sur les émissions industrielles qui ne tient pas compte de la réalité de nos élevages.
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) April 5, 2022
C’est un non-sens. Nous nous battrons au niveau du Conseil pour remettre de la raison dans ce texte. https://t.co/kjilw2JLis
« Au même moment, on laisse entrer en Europe des viandes d'élevages utilisant des antibiotiques de croissance dans des fermes sud-américaines à 10 000 vaches. C'est une aberration », s'est-il indigné, rappelant l'appel de Paris à imposer une « réciprocité » des normes dans les échanges commerciaux.
La proposition doit être soumise aux États et eurodéputés. « Plusieurs Etats membres ont fait état de leurs réserves avec la même force que la France », a affirmé Julien Denormandie. Il avait indiqué sur Twitter que Paris se battrait pour « remettre de la raison dans ce texte » qui « ne tient pas compte de la réalité de nos élevages ».
Le commissaire à l'agriculture, Janusz Wojciechowski, a fait valoir jeudi que le texte avait déjà été assoupli, puisque l'exécutif européen envisageait initialement de proposer son application pour les exploitations à partir de 100 « unités de gros bétail », seuil encore plus bas que celui finalement retenu.
« Nous devons en discuter. Ce n'est pas seulement la taille d'un élevage qui détermine si une exploitation est "industrielle" : parfois, un petit nombre d'animaux peuvent subir des conditions d'élevage intensif, et parfois, on a un grand nombre d'animaux dans des pâturages d'élevages en plein air », a reconnu le commissaire.
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