Rennes, 22 jan 2016 (AFP) - Les agriculteurs, qui manifestent depuis mercredi dernier en Bretagne, vont observer une pause pendant le week-end avec l'objectif d'élargir la mobilisation la semaine prochaine, a-t-on appris vendredi soir de source syndicale.
« Nous allons faire une pause pendant le week-end et nous réunir lundi syndicalement au niveau régional pour envisager des actions au niveau de la région Bretagne », a déclaré à l'AFP Didier Lucas, président de la Fédération départementale des syndicats agricoles (FDSEA) des Côtes d'Armor. Parallèlement, une table ronde sur la filière porcine avec l'ensemble des acteurs concernés est programmée jeudi à la préfecture de région, à Rennes, a annoncé la région Bretagne. « La mobilisation est en train de se développer. Depuis le début des premières actions, mercredi, il y a de plus en plus de monde sur tous les points de mobilisation », a estimé le responsable syndical. « Il faut absolument retrouver du prix. Sinon, ce sont des milliers d'emplois qui vont disparaître pour le seul département des Côtes d'Armor », a-t-il ajouté.
Vendredi à 20 h 30, deux barrages n'avaient pas encore été levés, selon la préfecture : l'un, sur la RN12, près de Guingamp, l'autre sur la RN164, à Mûr-de-Bretagne. Par ailleurs, à Rennes, dès 6 h 30, une cinquantaine d'éleveurs de porcs et de producteurs de lait, étranglés par la chute des cours, se sont rassemblés à l'appel des Jeunes agriculteurs (JA) et de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) devant la préfecture de région, avec onze tracteurs. Une délégation a été reçue par le préfet et les manifestants se sont ensuite rendus en cortège au siège de l'Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) pour y discuter de la restructuration des filières d'élevage. Ils ont quitté les lieux vers midi, après avoir bloqué avec leurs tracteurs l'accès au parking d'un hypermarché Leclerc situé à proximité. Sur l'un des engins agricoles, une pancarte : « On ne veut pas mourir en silence. »
Les éleveurs tirent la sonnette d'alarme depuis des mois
À Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), des agriculteurs se sont également rendus avec des tracteurs devant la sous-préfecture où une délégation a été reçue dans l'après-midi. Les éleveurs tirent depuis des mois la sonnette d'alarme en raison des cours trop bas, inférieurs aux coûts de production, auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation. Les syndicats veulent également obtenir l'engagement des distributeurs et des industriels pour le respect d'un prix équitable reversé au producteur et réclament la transparence sur la répartition des marges tout au long de la filière.
Jeudi soir à Quimper, plusieurs dizaines d'agriculteurs du Finistère avaient déversé du fumier et incendié des pneus, avant d'être délogés par les forces de l'ordre. D'autres avaient aussi manifesté le même jour dans les Pays de la Loire, à Laval (Mayenne) et dans la Sarthe. En Normandie, dans la Manche, le Calvados et l'Orne, les Jeunes agriculteurs (JA) ont mené jeudi soir des actions « d'avertissement » devant une petite quinzaine de sites industriels, des laiteries pour la plupart, mais aussi quelques abattoirs, sans qu'aucune dégradation n'ait été relevée, selon les gendarmes. « C'est une première alerte. On va poursuivre les actions dans les prochaines semaines. On ne va pas se résigner seuls dans nos exploitations », a affirmé Guillaume Larchevêque, président des JA de l'Orne, lors d'une action à Gacé.
Mercredi, les agriculteurs des Côtes-d'Armor avaient ouvert les hostilités en bloquant la RN 12 (axe majeur avec plus de 60 000 véhicules/jour), à proximité de Saint-Brieuc, et avaient quitté les lieux jeudi matin dans le calme à l'invitation des forces de l'ordre. A Quintin (Côtes-d'Armor), une voiture a percuté un tas de gravats déposé par des manifestants. Le conducteur a été hospitalisé à Saint-Brieuc. Le préfet des Côtes-d'Armor, Pierre Lambert, a appelé les manifestants « à la raison, en ne faisant aucun délestage » de matériaux « sur les voies de circulation ». « Ces comportements répréhensibles seront poursuivis », a-t-il averti.
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