Pas deux poids deux mesures selon le président de l'Autorité de la concurrence

Paris, 6 mai 2015 (AFP) - Le président de l'Autorité de la concurrence, Bruno Lasserre, a contesté mercredi les accusations de « deux poids deux mesures » qui sont parfois faites à l'Autorité par les représentants agricoles et agroalimentaires, qui estiment être plus lourdement condamnés que les distributeurs.

« Il n'y a pas deux poids deux mesures. (...) Nous n'avons pas d'adversaires, ni de favoris, nous entendons tenir la balance égale pour tout le monde », a déclaré Bruno Lasserre devant la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Certes, l'Autorité de la concurrence a décidé récemment d'amendes importantes à l'égard de plusieurs entreprises de l'agroalimentaire ou de biens de consommation courante, mais « nous ne sommes pas pour autant passifs » face aux regroupements à l'achat mis en place dans la grande distribution, a indiqué le président.

Les sages de la rue de l'Echelle ont sanctionné ce mercredi une vingtaine d'industriels du secteur de la volaille à hauteur de 15,2 millions d'euros pour entente commerciale. L'Autorité a également infligé de lourdes amendes pour ententes sur les prix à l'encontre de onze fabricants de produits laitiers (192,7 millions d'euros) en mars, et à plusieurs géants des secteurs de l'entretien/hygiène/beauté (950 millions d'euros) en décembre.

« Il est normal que nous prononcions des sanctions » en cas d'ententes secrètes et illégales, a expliqué Bruno Lasserre, justifiant ces montants élevés par leur caractère dissuasif pour l'avenir. « Après, cela n'interdit pas un examen au cas par cas et de faire preuve de pragmatisme », a-t-il ajouté.

Le président du gendarme de la concurrence a également reconnu mercredi matin devant la presse qu'il y avait « aujourd'hui un pouvoir de négociation très important dans les mains des distributeurs » du fait de leurs rapprochements dans le cadre de super-centrales d'achats, alors qu'ils se trouvent face à des fournisseurs « souvent atomisés et dépendants ».

Mais « l'entente secrète et illégale n'est pas pour autant la bonne réponse. La bonne réponse, c'est le regroupement à la loyale par une plus grande consolidation ou bien des interprofessions » pour peser davantage dans les négociations, a souligné Bruno Lasserre devant les députés.

Revenant sur les regroupements de distributeurs à l'achat, Bruno Lasserre a jugé qu'ils atteignaient « un seuil qui appelle à la plus grande vigilance ».

Cela « nous préoccupe », mais « nous ne pouvons pas considérer à ce stade qu'il s'agit d'ententes anti-concurrentielles » ou « de cartels secrets. Il nous faut attendre d'en voir les effets (...) et surveiller d'éventuels abus », a-t-il déclaré, rappelant que la Dgccrf (répression des fraudes) disposait elle aussi des moyens d'agir au travers des assignations.

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