Gare aux « poux des bois »

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Habituellement, la piroplasmose est plutôt observée au printemps et à l’automne. Mais, cette année, plusieurs vaches ont été atteintes en août, dont un élevage de limousines avec 5 vaches sur 20 trouvées mortes en pâture. (©E.Durand)

La piroplasmose est une maladie transmise par les tiques qui peut vite conduire à la mort des animaux non immunisés, sans une prise en charge rapide.

Au mois d’août, je suis appelée pour une multipare de race Simmental qui a vêlé avec quelques jours d’avance il y a cinq jours. Le vêlage a été assisté, mais le veau est né sans difficulté et sans avoir forcé sur la vêleuse, et il va bien. Mais depuis son vêlage, la vache n’est pas en forme, elle fait de moins en moins de lait, mange de moins en moins, sans pour autant présenter de signe clinique particulier d’après l’éleveur.

Au moment de l’examen, cette vache, habituellement tonique, est léthargique, mais elle se lève quand même pour l’emmener au cornadis. Sa température est de 38,6 °C malgré un temps caniculaire et le rumen est quasi vide (Score de Remplissage Ruminal de 1,5 alors qu’il devrait être de 3). Elle a les muqueuses un peu jaunes et très pâles, l’éleveur ne l’a pas vu uriner. Au sondage, les urines sont marron… Il n’y a alors plus beaucoup de doute sur le diagnostic : il est fort probable qu’il s’agisse d’une piroplasmose transmise par les tiques, aussi appelées « poux des bois ». Habituellement, la maladie se déclare plutôt au printemps ou à l’automne.

Une transfusion prélevée sur une vache en bonne santé

La vache est tellement faible et pâle qu’il est décidé de faire une analyse de sang pour voir s’il serait utile de la transfuser (c’est-à-dire lui remettre du sang d’une autre vache en intraveineuse). Le frottis sanguin confirme la présence du parasite (piroplasme) dans le sang et le taux d’hématocrite (ratio entre les globules rouges et la totalité du sang) est bas : 11 % alors que la transfusion est conseillée en dessous de 15 % et que la norme basse est de 25 %. Il est donc décidé de la transfuser.

Une vache en bonne santé, loin du vêlage et du pic de lactation est prélevée de deux litres de sang dans un récipient avec du citrate (c’est le minimum, 3 ou 4 litres auraient été mieux mais la vache a perdu patience). Les deux litres sont transfusés de suite à la vache malade, suivi de trois litres de perfusion de sérum physiologique, avec bien sûr le traitement spécifique de la piroplasmose (Carbesia ND). Une injection d’hépatoprotecteurs et d’oxytétracycline est réalisée pour gérer les autres maladies souvent transmises en même temps par la tique infectée (erlichiose, lyme..). Enfin, un soutien avec du monopropylène glycol est mis en place. La vache va rapidement mieux, les urines reprennent une couleur normale en quelques jours et le lait remonte. Au bout de 10 jours, tout est rentré en ordre. Malheureusement, une quinzaine de jours plus tard, l’éleveur appelle pour l’autopsie d’une autre vache qui était dans le même pré de vaches taries. Le verdict tombe… elle est morte de piroplasmose.

Pas de traitement efficace en lactation

Souvent, lorsque la piroplasmose est présente sur un secteur, les bovins « locaux » sont immunisés. Si ce n’est pas le cas (introduction d’animaux provenant d’une autre région par exemple) ou que des tiques infectées sont introduites dans le pré par le biais de la faune sauvage, les cas cliniques peuvent être nombreux et la mortalité importante sans une prise en charge rapide. Dans notre cas, les animaux sont nés sur l’exploitation. Il est donc plus probable que les tiques soient nouvellement infectées. Or, elles sont rarement vues, car la famille de tiques qui transmet la maladie (Ixodès Ricinus) est petite et ne se met pas sur le chignon ou le dos de la vache, mais dans les plis de la peau.

Les répulsifs ne sont pas très efficaces sur ces tiques car ils se placent loin de la ligne du dos, où est mis le produit. De plus, les doses efficaces entraînent un délai d’attente sur le lait, ce qui proscrit leur utilisation sur des animaux laitiers. Pour les autres vaches du pré, il est possible de faire du Carbesia à dose préventive, mais le délai viande est de 216 jours (6 jours pour le lait) et le produit est cher. En système allaitant, il est conseillé de mettre au pré les vaches suitées ayant déjà eu un contact avec les tiques infectées pour que les génisses de renouvellement s’immunisent.

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