
Parasitisme. Le printemps chaud et humide semble favorable à la prolifération des tiques.
Au programme de cette après-midi mayennaise où l’orage se profile après quelques jours de chaleur, une génisse de 500 kg à aller voir au pré. Elle nous attend couchée à l’abri de ronces, n’ayant pas eu la force de suivre les autres bêtes dans le parc. Sa pâleur saute aux yeux, tout comme sa fréquence respiratoire élevée. L’auscultation révèle un rythme cardiaque très rapide et son attention semble lointaine.
Elle manque d’oxygène, parce qu’elle manque de sang, et elle manque de sang parce que les globules rouges sont détruits par une piroplasmose.
Température, sang dans les urines et avortements
Il s’agit d’une maladie due à un parasite sanguin qui se caractérise par un pic de température de 40-41°C, avant de retomber vers 39°C. Le signe clinique le plus évident de cette maladie concerne les urines : elles sont de couleur foncée à cause de la présence de sang (voir photo). Souvent, on a aussi une diarrhée en corde, parfois des avortements et les muqueuses ont tendance à jaunir. Un passage à la chronicité est possible avec des rechutes surtout marquée par une baisse de production. Le pronostic est bon si le traitement est précoce, mais réservé si les muqueuses sont vraiment jaunes ou les globules rouges trop détruits.
C’est malheureusement le cas de notre génisse dont le taux d’hématocrite, la quantité de globules rouges, est descendu à 15 %, au lieu de 30 à 40 %. Nous la perfusons le temps de préparer le matériel pour la transfuser avec le sang d’une de ses camarades. Malheureusement, ce ne sera pas suffisant pour la sauver. Elle est à l’agonie quand nous commençons la transfusion et n’en verra pas la fin. L’une des responsables est accrochée à la mamelle : il s’agit d’Ixodes ricinus (voir photo), une tique qui se plaît dans les haies, les taillis, les hautes herbes.
Cette tique entretient un vrai réseau de malfaiteurs : outre l’agent de la piroplasmose, elle peut aussi héberger les parasites sanguins de la maladie de Lyme, de l’ehrlichiose, de la fièvre Q et de la tularémie. Elle est même soupçonnée d’être un réservoir hivernal de virus comme la FCO. Nous avons cette année en Mayenne un début de printemps avec de belles périodes chaudes suivies de pluies. Comme c’est plus souvent le cas en avril, mai, juin et septembre. Rien de tel pour faire s’activer la population d’Ixodes ricinus ! Nous en voyons nettement la trace dans la clientèle : outre cette forme particulièrement sévère de piroplasmose, beaucoup d’autres éleveurs, qui n’avaient jamais été confrontés à la maladie, découvrent des animaux « qui pissent le sang », ont des séries d’avortements ou des animaux affichant des températures de 41°C à cause d’ehrlichiose (aussi appelée « la piro blanche »).
Développer l’immunité des jeunes animaux
Le traitement spécifique de la piroplasmose passe par l’administration curative ou préventive d’imidocarbe. Cette solution injectable est relativement coûteuse et implique un délai d’attente de 6 jours pour le lait et de 213 jours pour la viande. Une deuxième option préventive à privilégier passe par la lutte contre les tiques. Tout d’abord, la lutte chimique avec des acaricides comme la deltaméthrine. Cette solution pour-on, appliquée à raison de 75 ml par bovin, a un délai d’attente pour le lait de 2,5 jours (18 jours pour la viande). L’idéal, lorsque c’est possible, est de miser sur la lutte agronomique : les éleveurs qui connaissent cette maladie savent qu’il y a des « prés à tiques ». Il est possible d’y mettre de jeunes animaux (moins de 9 mois) qui sont peu sensibles à la maladie et peuvent ainsi s’immuniser. Parallèlement, quand c’est faisable, l’entretien des haies et des taillis participe à la prévention. Dans tous les cas, gardez la maladie à l’esprit pour réagir vite, surtout d’avril à septembre.
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