Données d’abattage. La montbéliarde, la normande et la simmental vont enfin disposer d’index viande établis d’après les données d’abattage des jeunes bovins… ce qui se fait outre-Rhin depuis trois décennies pour la fleckvieh.
L’aptitude viande est l’un des points qui fait la singularité de la normande, la montbéliarde et la simmental, face à la prim’holstein. Cette mixité était jusqu’alors appréciée à travers la seule morphologie des vaches laitières jugée sur un certain nombre de critères. Certains mesurés, reflétant le gabarit des femelles (hauteur au sacrum, largeur et profondeur de poitrine, largeur aux hanches ou aux ischions). D’autres pointés, directement liés à la conformation bouchère à travers la notation du dessus, du filet et de la culotte pour la normande, du garrot et de la cuisse pour la montbéliarde… Une évaluation pas toujours évidente sur des jeunes vaches en lactation. Une évaluation pas toujours pertinente non plus pour sa sélection des taureaux d’IA d’éleveurs valorisant dans leur exploitation la mixité en engraissant des veaux de boucherie ou des taurillons.
L’aptitude bouchère évaluée sur les veaux de boucherie et les JB
S’inspirant de ce qui se fait depuis au moins trente ans en Allemagne pour la simmental (lire encadré), à savoir exploiter les données d’abattage, les choses ont commencé à évoluer sous l’égide de l’UMT 3G (Gestion génétique et génomique des populations bovines). Depuis avril 2015, les taureaux normands et montbéliards sont évalués génétiquement sur les performances d’abattage de leurs veaux de boucherie, enregistrées dans la base de données Normabev de l’interprofession Interbev. D’où le calcul pour chacun d’eux de quatre index élémentaires veaux de boucherie (poids de carcasse, âge à l’abattage, conformation et couleur de la viande) qui, combinés, donnent deux index de synthèse : « croissance carcasse » et « aptitude bouchère ».
Une nouvelle étape a été franchie cette année avec la production, depuis cet été, d’index valorisant les données d’abattage des jeunes bovins. Ils se déclinent avec les mêmes index élémentaires qu’en veaux de boucherie (hormis la couleur de la viande) et index de synthèse avec des pondérations économiques estimées pour un atelier de production de taurillons. D’où dans les catalogues normands, montbéliards et simmentals, l’apparition d’un nouvel index de synthèse « aptitude bouchère » jeunes bovins. Que cela soit en veaux de boucherie (VB) ou en jeunes bovins (JB), les taureaux montbéliards et normands bénéficieront d’une indexation génomique de leur aptitude viande. Pas les simmentals.
« On retrouve systématiquement une héritabilité moyenne à assez forte selon la race pour la conformation (0,22 à 0,37 en VB, 0,21 à 0,26 en JB) et le poids carcasse (0,18 à 0,27 en VB, 0,12 à 0,19 en JB), et une corrélation génétique positive forte entre ces deux caractères à l’intérieur d’une même production, observe Amandine Launay, d’Idele. La sélection sur ces caractères va permettre d’améliorer les aptitudes bouchères en races mixtes laitières. »
R assurant pour le travail de sélection mené jusqu’alors sur la seule morphologie des femelles, la corrélation génétique entre les critères liés à la muscularité, appréciée sur des vaches en lactation, et l’index conformation des jeunes bovins apparaît très positive en montbéliarde et normande, un peu moins en simmental (voir infographie). Elle l’est aussi, dans une moindre mesure, avec l’index poids de carcasse.
Progresser en lait sans nuire à la mixité est génétiquement possible
L’analyse des corrélations entre caractères tord aussi le cou à une idée bien ancrée dans les esprits. Qu’on se le dise : il n’y a pas d’opposition génétique entre les caractères bouchers (conformation) et de production (lait, quantité de matière grasse ou de protéique). Pour les trois races, les corrélations ne sont pas négatives, mais neutres (voir infographie).
Comme le prouvent les résultats de la sélection de la simmental allemande, il est tout à fait possible de sélectionner les aptitudes laitières sans pénaliser, bien au contraire, les caractères bouchers. Par conséquent, on peut considérer que la sélection laitière menée en normande, montbéliarde et simmental n’a pas a priori entraîné une dégradation trop importante des aptitudes bouchères. Fort de cet acquis, la normande envisage de reformuler, pour l’été 2018, son Isu en y mixant ces nouveaux index veaux de boucherie et jeunes bovins à l’actuelle musculature appréciée sur les femelles. Mais surtout en redonnant plus de poids à l’aptitude bouchère dans la morphologie. Elle n’y pèse aujourd’hui que 5 %. L’idée pourrait être de la monter à 20 % en fonction de l’impact encore à mesurer sur les critères de production laitière. La simmental, dont l’Isu va être redéfini, est dans le même état d’esprit. La musculature pèse pour l’instant 25 % de la morphologie et cette dernière 18 % dans l’Isu. Du côté montbéliard, pas encore de tel projet programmé. On se contentera dans un premier temps de diffuser ces nouveaux index de synthèse veaux de boucherie et jeunes bovins pour aider les éleveurs à mieux cibler leur choix de taureaux d’IA.
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