
Quel matériel pour la distribution d’aliment ? Chiffres à l’appui, Matthieu Daulle, spécialiste indépendant en agroéquipements donne des pistes pour faire le bon choix. La première d’entre elles concerne le matériel de traction, car c’est souvent lui qui fait gonfler le coût d’utilisation.
À combien revient la distribution de fourrage sur une exploitation ? La question est plus complexe qu’il n’y paraît. « Il est toujours plus facile d’estimer le coût d’un matériel utilisé au champ. La distribution de fourrage dépend beaucoup de l’organisation de l’exploitation, mais surtout du coût de la traction et de la main-d’œuvre, et ils ne sont pas toujours pris en compte », alerte Matthieu Daulle, conseiller indépendant en agroéquipements.
Pour une structure fictive de 150 UGB, le coût du matériel varie du simple au double. Compter autour de 12,5 €/UGB/an pour une désileuse pailleuse, et jusqu’à 35 €/UGB/an pour une mélangeuse 18 m3. Les godets désileurs mélangeur et les remorques distributrices font office de compromis, 20 €/UGB/an.
La traction représente entre 60 et 80 % du coût de distribution hors main-d’œuvre
Mais ce qui fait le coût de la distribution, c’est la traction ! L’utilisation d’un godet désileur d’une valeur de 11 000 € amorti sur 7 ans revient à 20,4 €/UGB, en intégrant l’entretien de la machine sur notre structure de 150 UGB. Mais à cela s’ajoutent les frais de traction. Prévoir autour de 70 €/UGB/an pour le carburant, ainsi qu’une partie de l’amortissement et de l’entretien du télescopique. Si bien que les machines les moins frayeuses à l’achat ne sont pas forcément les plus économes à l’usage.
À défaut de pouvoir modifier son mode de distribution d’aliment, il est essentiel de bien dimensionner son mode de traction. « Aujourd’hui, il faut prévoir un budget de 900 à 1 000 € du cheval pour l’achat d’un tracteur neuf. Il y a dix ans, on était autour de 550-600 € », lance le conseiller. En bref, rien ne sert de voir trop gros. Et ce même si la machine est déjà amortie : un tracteur de 80 ch aura besoin de 5 l/h, là ou un 150 cv tournera autour de 14 l/h.
Le télescopique est d’ailleurs souvent dédié à la distribution d’aliment, car il permet de garder les tracteurs libres sur la ferme : un choix pratique, mais qui chiffre vite. Plus complexe, et donc plus coûteux qu’un tracteur de puissance modéré, il demande beaucoup d’entretien. Compter autour 35 €/h d’utilisation, contre 25 €/h avec un tracteur.
Face à ce constat, il peut être rentable de légèrement surdimensionner le matériel de distribution d’aliment, si cela permet de réduire le temps d’utilisation du matériel de traction. Attention toutefois à bien avoir en tête les capacités du matériel disponible sur la ferme. « On voit parfois des agriculteurs acheter des godets désileurs trop exigeants par rapport aux capacités de leur télescopique », rappelle Matthieu.
La typologie de l’exploitation vient également faire varier les coûts, avec au sein des troupeaux allaitant des systèmes plus ou moins extensifs. « Une dérouleuse ne revient pas au même coût si elle est utilisée 150 ou 270 jours par an », explique le conseiller. S’il est tentant de penser que les éleveurs qui se servent tous les jours de la machine l’amortissent davantage, « il ne faut pas négliger l’usure de la machine et du tracteur en plus des frais de fonctionnement », insiste Matthieu. Compter ainsi 155 €/UGB pour une dérouleuse pailleuse utilisée 270 jours par an sur une ferme 80 UGB, contre 114 €/UGB si elle ne sert que 150 jours à l’année. Encore une fois, la motorisation creuse l’écart.
Rationaliser son circuit de distribution
Le type de ration vient ensuite moduler ces chiffres. « Plus il y a d’aliments à distribuer, plus il y a de points de stockage et donc de temps de chargement et de mélange », illustre le conseiller. Et l’adage « le temps, c’est de l’argent » est encore plus vrai lorsqu’il y a un moteur qui tourne. Les stockages dispersés augmentent les déplacements et donc le temps d’utilisation de la machine. « Pour parcourir 100 m en télesco, il faut 30 à 50 secondes en intégrant la phase d’accélération et de décélération. Compter ensuite entre 10 et 20 secondes pour charger un godet ». Autant de petites manœuvres qui semblent insignifiantes, mais qui pèsent à l’usage sur le coût de distribution. « Un quart d’heure par jour, c’est 90 h par an. Soit entre 1 300 et 1 800 € de main-d’œuvre, et entre 900 et 1 400 € de traction », insiste Matthieu Daulle. Autant d’arguments qui plaident en faveur de la mise en place de circuits de distributions simples et rationalisés.
Intégrer le temps passé dans les calculs
Car le conseiller insiste pour la prise en compte du temps de travail passé à la distribution d’aliment. « Votre temps compte », répète Matthieu Daulle. « C’est à prendre en compte a minima pour comparer au coût d’une prestation complète, par exemple avec une Cuma de désilage, ou pour que vous puissiez vous faire remplacer au besoin ». Le conseiller en agroéquipement propose d’intégrer un coût de la main-d’œuvre entre 18 et 25 €/h. « Cela correspond à ce qui se fait dans les ETA ».
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