Quelque 200 manifestants en colère ont pénétré mercredi dans le siège de Lactalis à Laval, à l'appel de la Confédération paysanne, pour dénoncer les pratiques du géant de l'industrie laitière et réclamer une meilleure rémunération des éleveurs, a constaté un journaliste de l'AFP. (Article mis à jour le 22/02/24 à 9h52)
Mercredi 21 février, aidés de deux tracteurs, les manifestants sont parvenus à forcer l'entrée du site et ont investi le hall d'accueil du siège vers 14 h. « Notre métier a un prix. Lactalis, rends l'argent caché dans les paradis fiscaux ». « Lactalis, prédateur de la valeur » ou encore « Lactalis tue ». Tels étaient les slogans scandés par les membres de la confédération paysanne, à l'origine du mouvement.
Les éleveurs délogés par les CRS
Malgré la volonté marquée du syndicat de tenir le siège durant la nuit, les quelques 200 manifestants ont été évacués par « une quarantaine de CRS » sur les coups de 22h, explique Stéphane Galais, secrétaire général du syndicat à l'AFP. L'objectif : pour rencontrer Emmanuel Besnier, le PDG du groupe présent dans les locaux ce jour là,
Dans un communiqué de presse, Le syndicat regrette l'absence de dialogue. « Les actionnaires ont refusé de recevoir la Confédération paysanne, venue avec plus de 200 paysannes et paysans défendre le revenu paysan et plus singulièrement celui des éleveurs et éleveuses de lait s'agissant de Lactalis ». Et aucun rendez-vous n'a été fixé dans les jours à venir.
Lactalis s'étonne de la manifestation
De son côté, Lactalis « s'étonne » dans un communiqué « de la tenue de cette mobilisation et déplore les conditions dans lesquelles elle s'est déroulée » en précisant que « des négociations sous l'égide du médiateur des relations commerciales et agricoles (sont) actuellement en cours ».
#Communiqué Un groupe de manifestants de la Confédération Paysanne est entré de force au siège de Lactalis ce jour à Laval. Lactalis s’étonne de la tenue de cette mobilisation et déplore les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée : https://t.co/lDtHmkJ5PB [1/2] pic.twitter.com/UCS6efju0n
— Lactalis (@groupe_lactalis) February 21, 2024
Des négociations commerciales sont en cours
« Les discussions entre Lactalis et l'organisation de producteurs Unell, dans le cadre des dispositions Egalim, portent sur un contrat de droit privé dans l'objectif de parvenir à une solution satisfaisante pour trouver un juste équilibre sur le prix du lait (...). Lactalis a été le premier à solliciter cette médiation dans une démarche constructive et dans la volonté de trouver rapidement une solution », affirme le groupe.
La colère eclate: le travail paysan n'est pas rémunéré dignement ! #AgriculteursEnColere #revenupaysan #regulation #repartition pic.twitter.com/xjU0a5hiGW
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) February 21, 2024
Le syndicat dénonce des « pratiques asservissantes »
« Lactalis, c'est le numéro un mondial du lait qui n'est pas capable de payer correctement ses producteurs », a déclaré aux journalistes Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, depuis l'accueil du groupe agro-industriel. « Nous visons Lactalis, numéro 1 mondial du lait, car il fait partie des prédateurs de la valeur du travail paysan » poursuit le syndicat dans un communiqué de presse.
Les paysannes et paysans de la Confédération paysanne ont décidé de passer la nuit, à une quarantaine, dans le siège de Lactalis à Laval. L'occupation se poursuit... #revenupaysan on veut une entrevue avec un des dirigeants Besnier de la multinationale du lait pic.twitter.com/BslWJhxUZI
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) February 21, 2024
« Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs, c'est un scandale absolu », poursuit Mme Marandola, accusant Lactalis de « pratiques asservissantes » et d'infliger des « représailles » à tous les éleveurs qui protestent publiquement contre ses méthodes en refusant de collecter leur lait.
Interrogée sur les annonces faites dans la matinée par le Premier ministre Gabriel Attal, Mme Marandola a jugé que la nouvelle version de la loi Egalim, censée garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte de leurs coûts de production, ne pouvait pas attendre cet été.
Minimum 500 €/1000 l pour la confédération paysanne
« Aujourd'hui, il nous faut un geste significatif pour dire "on a compris ce que vivent les agriculteurs" et qu'ils tiennent compte des coûts de production et qu'ils augmentent le prix du litre de lait », a réclamé Vincent Guillet, 60 ans, producteur de lait bio à Craon (Mayenne). « Et si le premier producteur mondial donne le la, derrière ça va suivre », a-t-il estimé.
Et pour cause, la médiation lancée sur les contrats Lactalis 2024 a abouti à la proposition d'un prix à 420 €/t par l'industriel. Un montant qui ne satisfait pas l'organisation de producteur (Unell), qui demandait au moins 444 €/t.
De son côté, la Confédération paysanne demande « une revalorisation immédiate du prix du lait à 500 euros la tonne de la part de Lactalis et de tous les industriels laitiers ».
Avec plus de 28 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, Lactalis a détrôné un autre mastodonte, Danone, comme leader français de l'agroalimentaire et intégré le top 10 mondial du secteur.
Le groupe, qui a fêté en octobre ses 90 ans, compte 270 sites de production dans 51 pays et 85.000 employés. Ses produits, dont les emballages ne portent aucune mention Lactalis, sont commercialisés dans 150 pays.
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