L’immunité aide à mieux gérer la paratuberculose

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Plan de lutte. Le soutien de l’immunité participe à une meilleure gestion de la maladie.

Au détour d’une visite, un éleveur me demande d’euthanasier une vache tombée le matin et qui ne se lève plus.« Elle est toute maigre, elle doit avoir un abcès au foie » me précise-t-il. Elle est effectivement très maigre et tellement­ faible qu’elle n’arrive plus à se lever. Elle a aussi de la diarrhée. Sur un animal comme celui-là en phase terminale d’une maladie chronique, les hypothèses quant à ladite maladie sont multiples, mais il y en a une en particulier qui doit être explorée : la paratuberculose­.

La réplication du bacilleprend près de dix-huit mois

L’éleveur m’indique que cette vache avait conservé de l’appétit, elle mangeait bien même. « Par contre, il lui arrivait d’avoir de la diarrhée par période, mais ça passait tout seul. » Je fais alors une prise de sang et un prélèvement de bouse pour analyse. De plus, puisqu’on l’euthanasie, autant réaliser une autopsie.

Les lésions lors de cet examen sont sans équivoque : la paroi de l’intestin est très épaissie. Même en l’étirant, on ne voit pas le doigt par transparence. Elle a un aspect encéphaloïde caractéristique(1) et le nœud lymphatique mésentérique (ganglion intestinal) est hypertrophié. Ces éléments suffisent au diagnostic ! Par ailleurs, les signes cliniques étaient déjà très évocateurs : une vache de plus de deux ans, des épisodes de diarrhée qui se résolvent seuls, un amaigrissement inexorable malgré un bon appétit. La diarrhée est souvent bulleuse. Parfois, il y a apparition d’œdèmes discrets ou plus spectaculaires (voir photo).Tout cela s’explique par le mécanisme d’action de la maladie : le veau ingère le bacille de la paratuberculose (Mycobacterium paratuberculosis) auprès de sa mère ou d’un adulte dont il a côtoyé les bouses. Le bacille s’infiltre dans des structures de défense du système immunitaire dans l’intestin. Il s’y réplique pendant au moins dix-huit mois et entraîne doucement un étranglement de la microcirculation de la paroi intestinale. Cela est à l’origine de rétention de liquide qui est entraîné vers la lumière intestinale. De plus, la desquamation des villosités de l’intestin conduit à un défaut d’absorption. Cela explique l’apparition des diarrhées bulleuses et la mauvaise valorisation des aliments ingérés. Vous savez maintenant pourquoi la paratuberculose donne de la diarrhée et fait maigrir malgré l’appétit. Les œdèmes sont causés par la fuite de protéines dans la diarrhée.

La maladie se déclenche à des moments de stress

Le système immunitaire est capable de gérer en partie la maladie, surtout s’il n’est pas mobilisé pour d’autres problèmes. C’est pour cette raison que l’expression de la maladie chez des animaux contaminés se déclenche, en général, à des moments de stress (vêlage, tarissement, transport, changement de groupe…). Car le stress entraîne une immunodépression. Un bon soutien du système immunitaire aide donc à mieux gérer la maladie et les contaminations. Cela passe notamment par une bonne gestion du parasitisme et du tarissement. Deux points critiques pouvant fortement pénaliser l’immunité. Mais le meilleur moyen de lutter contre cette maladie sournoise qui n’a pas de traitement, c’est d’éviter l’infection : la séparation précoce du veau de sa mère est incontournable, pour qu’il n’ingère pas des particules de bouses pleines de Mycobacterium paratuberculosis.

Vous comprenez maintenant sur quoi s’appuient les plans de lutte contre la paratuberculose. C’est souvent un travail de longue haleine, dont les effets mettent du temps à se faire sentir et les résultats sont parfois décevants. D’autant plus que la bactérie persiste longtemps dans l’environnement. Pour cette raison, la détection et la réforme, sans autre mesure, ne sont pas suffisantes. Cela implique parfois de changer des habitudes. Mais la lutte contre la paratuberculose a aussi des avantages : ainsi, le soutien du système immunitaire par l’amélioration zootechnique des conditions d’élevage a des effets positifs sur les débuts de lactation, la productivité, l’élevage du veau, ou la bonne santé globale du troupeau.

(1) Ayant la consistance, l’aspect de la matière cérébrale.

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