
Dérèglement. Une instabilité de la ration peut avoir des répercussions inattendues.
Tout commence par un appel pour une vache qui saigne du nez. C’est souvent impressionnant, comme ça peut l’être chez les humains. Mais pour les bovins, il faut vraiment faire la différence entre un saignement du nez et un saignement du poumon qui n’est pas si rare ! Faisons alors la distinction pour cet animal.
En arrivant à la ferme, l’éleveur me montre la vache. Elle a du sang qui pend du nez par une seule narine : c’est plutôt le signe d’un saignement du nez. Si l’origine de l’écoulement vient des cavités nasales, soit à cause d’un corps étranger, d’un coup, ou d’une masse qui pousse à cet endroit et s’irrite, alorsle sang a tendance à s’écouler par une seule narine. Si le saignement est très important et assez haut, il peut passer un peu dans l’autre narine et être avalé. Dans ce cas, en regardant bien l’autre narine, je vois aussi des traces de sang.
En lien avec une ration trop fermentescible
Mais surtout la vache est couchée, elle est maigre, respire très vite et avec difficulté (voir photo) : cela m’oriente vers le poumon. Sa température est de 40,7 °C et, lors de l’examen, le poumon ne s’entend quasiment plus sur les trois quarts de la zone habituelle d’auscultation. Le pronostic est mauvais. Ayant l’échographe dans la voiture, j’en profite pour regarder son foie. Cet examen, peu chronophage, n’est pas invasif et très informatif. Je cherche la veine cave qui est bien arrondie, signe d’un thrombus : c’est un gros abcès qui l’a envahie et que je ne verrai pas sur l’image, mais à l’autopsie de l’animal qui sera malheureusement euthanasié.
Quel est le lien entre un saignement de nez et le foie ? Reprenons les choses dans l’ordre. L’origine principale vient d’une ruminite, une inflammation du rumen provoquée par une ration hautement fermentescible. La paroi enflammée devient plus perméable, des bactéries passent dans le courant sanguin qui les emporte directement au niveau du foie. Elles se logent dans le creux de la veine cave caudale et forment un thrombus qui relâche des petits morceaux régulièrement. Ces derniers se logent dans le poumon en suivant le flux sanguin. Cela provoque des abcès dits métastasiques, qui obstruent le poumon. L’hypertension ainsi générée fait éclater les vaisseaux sanguins. La vache tousse et se vide de son sang par le seul passage possible : l’arbre respiratoire et donc le nez. La boucle est bouclée ! Ce phénomène peut également arriver à la suite d’une métrite, d’une mammite ou d’un épisode infectieux.
Le pronostic dépend de la précocité de la détection
Amaigrissement et signes respiratoires sont souvent les premiers signes de la maladie. Mais c’est bien peu spécifique. Le diagnostic est d’ailleurs difficile. Pourtant, c’est le stade où l’on peut encore espérer quelque chose du traitement. D’où l’intérêt de l’échographie. La médication repose alors sur des antibiotiques classiques de type pénicilline.
Pour le diagnostic individuel, vous avez bien compris que tout dépend de la précocité de la détection. C’est pourquoi, une vache qui chute en lait sans raison doit être examinée individuellement : est-elle maigre par rapport aux autres animaux au même stade de lactation ? A-t-elle de la température ? Son rumen est-il bien plein ? Sa respiration est-elle identique à celle des autres animaux ?
L’origine étant souvent alimentaire, il faut utiliser ces animaux comme sentinelles : pourquoi cette vache fait-elle de l’acidose ou subacidose chronique ?
Est-elle la seule ? L’accès à la ration est-il facile pour elle et pour les autres en permanence ? Fait-elle de gros repas de concentrés ? La ration est-elle bien mélangée ? Faut-il en revoir l’équilibre ? Comment sont les taux ?
Dans ce cas, la cause précise n’a pas été identifiée, mais l’installation du robot avait engendré de nombreux changements. Cela rappelle que l’élevage implique toujours un tas de remises en question !
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