Le maïs épi, un concentré d’énergie

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Les structures d’assolement évoluant souvent vers davantage de prairies, le maïs épi pourrait devenir plus intéressant que l’ensilage plante entière afin de mieux valoriser cette part d’herbe dans les rations. Il offre en outre plus d’amidon by-pass et un peu de cellulose, ce qui facilite son utilisation.

L’ensilage de maïs épi consiste à récolter­ uniquement l’épi complet (grains, rafles, et tout ou partie des spathes), qui est broyé à la récolte et conservé comme un ensilage ; tiges et feuilles restent dans la parcelle. Ce mode de valorisation du maïs, qui permet de disposer d’un aliment plus dense en énergie qu’une récolte en plante entière, est de plus en plus pratiqué par les producteurs de lait. Il y a plusieurs raisons à cela, comme nous l’explique Olivier Raux, nutritionniste à Elvup. « Depuis plusieurs années maintenant, nous constatons que les rations d’ensilage maïs plat unique offrent des résultats moyens. Les performances zootechniques sont bien meilleures en associant une part d’herbe importante – au minimum 3 à 4 kg de MS. En outre, la réglementation ou les contraintes environnemen­tales imposent de conserver des prairies dans l’assolement. Il faut pouvoir valoriser cette ressource fourragère. Si l’apport azoté de la ration peut être assuré, l’énergie est souvent le facteur limitant de ces rations mixtes incluant une proportion d’herbe augmentée. La densité énergétique du maïs épi est alors un levier efficace. »

L’expert note deux tendances dans l’utilisation de ce maïs épi : les éleveurs qui conservent une part d’ensilage plante entière avec l’ensilage d’herbe, et qui s’en servent pour densifier l’énergie de la ration, à hauteur de 3 à 5 kg de MB/vache/jour ; et ceux qui abandonnent totalement l’ensilage de maïs, et associent à l’herbe 10 à 14 kg de maïs épi.

Une valeur UFL annoncée de 1,08

C’est un concentré d’énergie peu encombrant, dosant 55 % de MS, contre 33 % pour un maïs plante entière. La valeur UFL annoncée par les tables est de 1,08. « Comparé à l’ensilage plante entière, on perd du rendement à l’hectare : environ un tiers de matière sèche, mais moins en UFL. C’est un excellent produit pour apporter de l’énergie quand par ailleurson dispose de suffisamment de fourrage encombrant issu des prairies », ajoute Olivier Raux. Si le maïs épi est l’unique mode de récolte, il est d’ailleurs conseillé de s’orienter vers des variétés typées grains, dentées ou cornées-dentées, afin d’augmenter le rendement, étant donné que la digestibilité tige/feuilles n’a plus d’importance.

Une récolte plus tardive qui assure un meilleur rendement en grains

Toujours dans le but de maximiser le rendement en grains – sans compromettre la conservation –, le maïs épi se récolte plus tard que l’ensilage plante entière. On vise 55 % de MS, ce qui correspond à un besoin en sommes de tem­pératures supplémentaires d’environ 200 degrés-jours (base 6), soit 15 jours de végétation en plus en condition chaude. La récolte s’effectue à l’aide de becs cueilleurs à maïs montés sur une ensileuse classique, avec une interface spécifique et un fond strié au niveau du rotor qui assure une première agression des grains. Le réglage de l’ensileuse doit être le plus agressif possible afin de pulvériser les grains : longueur de coupe minimum et éclateur serré à fond, avec le plus grand différentiel de vitesse des rouleaux.

Le produit est ensuite conservé dans un silo couloir, dans un boudin ou en balle ronde enrubannée, selon la reprise la plus commode pour l’éleveur. Le silo couloir doit être suffisamment étroit pour permettre une avancée d’au minimum 10 cm par jour en hiver (20 cm en été).

« Il faut retenir que c’est un produit difficile à conserver. Certes, il se tasse bien mais il contient peu de sucres dis po nibles pour les bactéries lactiques, et la charge en levures et en champignons est déjà élevée à la récolte. C’est surtout un produit de haute qualité, qui a coûté cher et qui mérite toutes les attentions nécessaires pour en limiter les pertes et convertir sa valeur alimentaire potentielle en valeur nutritive réelle », préconise Olivier Raux. Il insiste en particulier sur la MS du maïs épi à la récolte. Plus il est sec, plus délicate sera la conservation et plus il y aura de pertes dans les bouses, car les grains n’auront pas suffisamment fermenté, même en attendant plusieurs mois. Si la MS est supérieure à 60 %, il faut impérativement ajouter de l’eau de façon à la ramener à 55 %. La première précaution est donc de mesurer cette MS à la récolte. « Avec 65 % de MS mesurée, il faudra ajouter 180 litres d’eau par tonne récoltée, directement au silo », recommande Elvup.

Attention au risque de mycotoxines

Autres impératifs : l’utilisation d’un conservateur à base de L. Buchneri hétéro-fermentaire, et la pose sur le silo d’une double bâche parfaitement hermétique, car c’est aussi un produit à risque pour le développement des mycotoxines.

Avec le maïs épi, on récolte un grain plus mûr qu’avec un ensilage plante entière. La dégradabilité de l’amidon est donc plus faible : DT 6 entre 60 et 70 % en fonction du temps de fermentation (contre 80 % avec un ensilage à 33 % de MS). Il est conseillé d’attendre au moins un ou deux mois avant utilisation, de façon à limiter les pertes dans les bouses. « Nous procédons actuellement à des mesures sur des minisilos afin de connaître l’évolution de la taille de particules et de la DT amidon à 14, 28, 42 et 56 jours de fermentation. Cela nous servira de référence pour ajuster l’utilisation dans les rations en fonction de la date d’ouverture des silos », explique Olivier Raux. Le maïs épi contient donc une part d’amidon by-pass non négligeable et un peu de cellulose, dont il faut tenir compte dans la construction de la ration totale. « Nous visons toujours un maximum de 25 % d’amidon total, dont 5 % d’amidon by-pass, 35 % de NDF et 17 % de cellulose brute. Avec une ration mixte ensilage de maïs et ensilage d’herbe, 3 à 5 kg brut de maïs épi suffisent. Avec de l’ensilage d’herbe uniquement, nous pouvons monter à 12-13 kg brut sans problème », conclut le nutritionniste Elvup.

Dominique Grémy

© Elvup - Conservation. Le maïs épi est un produit difficile à conserver. L’utilisation systématique d’un conservateur est recommandée, et il faut ajouter de l’eau si le produit est trop sec.

© d.gremy - d.gremy

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Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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