Maïs. En 2019, la seule protection contre les mouches géomyze et oscinie aura disparu. Des solutions de lutte contre le taupin perdureront mais pour être efficaces, elles imposent une application optimale plus contraignante qu’une semence protégée.
L’année 2018 sera probablement la dernière année pour utiliser une protection de semence sur les maïs. La loi pour la reconquête de la biodiversité de 2016 interdit les néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018, sauf dérogation (voir ci-contre). Exit donc le Sonido (thiaclopride) qui assurait une protection correcte contre les attaques précoces de taupin et seul bouclier efficace contre les mouches : géomyze et oscinie. Environ 30 % de la sole maïs est semée avec une protection de semence Sonido.
Rien contre les mouches
Les éleveurs du Grand Ouest se souviennent des dégâts causés par ces mouches (surtout la géomyze) en 2012, 2015 et particulièrement en 2016. Cette année-là, sur les seuls départements bretons, 104 000 ha de maïs (un quart de la sole) avaient été touchés, avec une moyenne de 42 % de dégâts sur les parcelles non protégées par le Sonido. Les parcelles traitées n’avaient subi que 7 % de dégâts.
Le retrait des néonicotinoïdes nous conduit sûrement dans une impasse technique pour lutter contre ce ravageur. Le risque, lui, est toujours bien présent (voir encadré). En effet, les insecticides sous forme de microgranulés, encore autorisés, sont tous à base de pyréthrinoïde et n’ont pas d’efficacité démontrée contre géomyze et oscinie. D’ailleurs, ils ne sont pas homologués contre ces ravageurs. Et les enquêtes menées par Arvalis en 2016 sur géomyze ne font apparaître aucun élément pour organiser une lutte indirecte.
Toutes les dates de semis ont été concernées par les dégâts et l’engrais starter n’a pas eu d’effet protecteur. Des niveaux d’attaque différents selon les variétés ont été constatés, mais il est impossible d’expliquer ces comportements : vigueur au départ ? Attractivité ? On sait seulement qu’un printemps froid et un environnement de bocage et de prairies sont des facteurs favorisants. Les traitements insecticides en végétation n’ont pas permis d’enrayer les attaques et dans les conditions de 2016, le ressemis n’a pas été rentable. En attendant un hypothétique nouvel insecticide ou une tolérance variétale, il faudra vivre avec cette vulnérabilité du maïs. Les travaux de recherche sur des moyens de lutte, directs ou indirects, ne font que commencer. Ils seront longs et difficiles car les attaques de mouches sont très variables d’une année sur l’autre.
Les microgranulés
efficaces contre le taupin
Le risque taupin s’abordera différemment car les traitements par microgranulés ont une efficacité contre ce ravageur. Elle est moins régulière que le Sonido en cas d’attaque précoce (avant 4-5 feuilles) mais plus intéressante si l’attaque est intense et se prolonge au-delà du stade 6-7 feuilles. L’usage de ces microgranulés présente un inconvénient majeur. Pour être pleinement efficaces, ils réclament des conditions d’application plus contraignantes qu’une semence traitée : diffuseurs correctement installés, lit de semence régulier avec préparation fine, absence de résidus en surface, etc.
S’ajoutent des contraintes réglementaires pour certains produits : utilisable un an sur trois (Force 1,5G), dispositif végétalisé permanent et zone non traitée de 20 mètres (Fury Geo, Karaté 0,4 GR, Trika Expert).
Contre le taupin, il existe aussi des leviers agronomiques : utiliser une variété avec une bonne vigueur au départ, localiser un engrais starter au semis et, plus généralement, tout ce qui peut favoriser une pousse rapide de la plante jusqu’à 6-7 feuilles, stade où la nuisibilité de la larve commence à diminuer. Mais cette stratégie n’offre qu’une parade limitée en cas de grosse attaque. Et il est démontré que le risque taupin est accru pendant les deux années qui suivent un précédent prairie.
Semer plus tard n’est pas une bonnestratégie
Contrairement aux idées reçues, Arvalis ne conseille pas de réduire la profondeur de semis ni de modifier la date de semis. Le taupin est souvent très présent en mai, voire fin mai, sur des semis tardifs quand les conditions de température et d’humidité sont favorables à la larve. Certes semer un maïs tôt expose la plantule plus longtemps, mais permet parfois d’esquiver la période d’attaques massives. Des solutions de biocontrôle du taupin sont aussi en cours d’évaluation : travailler sur la rotation, plantes appâts, etc. avec des efficacités relatives (30 à 50 %). D’autres sont, à ce jour, à des coûts prohibitifs :1 000 €/ha.
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