La vidéo a révélé le manque de confort des logettes

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Après avoir agrandi leur bâtiment, Stéphanie Loric et Guénaël Le Floc ont constaté une mauvaise fréquentation des anciennes logettes. BCEL Ouest a filmé le bâtiment et des solutions ont été trouvées.

Stéphanie Loric et Guénaël Le Floc ont transformé leur aire paillée en 2011 pour aménager 73 logettes avec 56 places aux cornadis. En 2019, alors que le troupeau comptait 80 vaches laitières, de nouveaux travaux s’imposaient. « Nous avons agrandi le bâtiment pour ajouter 21 logettes et 32 places aux cornadis », explique Guénaël. Trois box d’isolement ont été créés. La mise en service a été réalisée à l’automne 2019.

Très vite, les éleveurs ont constaté que les vaches préféraient la partie neuve. « Elle est plus lumineuse et les logettes sont un peu plus grandes. Elles mesurent 2,80 m de long sur 1,15 de large, contre 2,60 m sur une largeur identique pour les anciennes », remarque Stéphanie. Le sol de toutes les logettes est constitué de pliocène. Il s’agit d’un mélange de sable et de terre, extrait de carrière. Lorsqu’il est humide, il devient collant. C’est à ce stade qu’il est mis en place. Ensuite, il durcit et les éleveurs mettent de la paille dessus. La logette finit par se creuser et il faut les recharger une fois par an.

Après quelques semaines de fonctionnement, les éleveurs ont vu qu’une dizaine de vaches se couchaient dans les couloirs. C’était déjà le cas auparavant mais on aurait pu penser que le nouvel aménagement résoudrait le problème. Sollicité par les éleveurs, BCEL Ouest a proposé de filmer le bâtiment pour mieux comprendre le comportement des vaches.

Il s’est avéré qu’elles fréquentaient en priorité­ les nouvelles logettes. Dans les anciennes, elles hésitaient à s’installer. Celles qui finissaient par s’allonger se relevaient au bout de quinze à trente minutes alors que normalement, les vaches se retournent au bout d’environ une heure. Certaines piétinaient un moment avant d’aller en essayer une autre. « C’est ce que l’on appelle le mouvement d’intention, explique Yannick Saillard, vétérinaire chez BCEL Ouest. Elles veulent se reposer mais ne trouvent pas le bon endroit pour le faire. »

Quelques vaches se couchaient dans les couloirs

Quelques-unes avaient l’habitude de dormir toujours à la même place. Si elle était prise, elles restaient à attendre. Au final, la vidéo a montré beaucoup de vaches étaient perchées et quelques-unes, toujours les mêmes, couchées dans l’aire d’exercice. L’élevage est en système fumier et les éleveurs paillent légèrement ces zones. Le manque de confort des anciennes logettes apparaissait donc comme une évidence. Cependant, il était moins marqué après le paillage, effectué tous les quatre jours. La fréquentation des logettes augmentait avec la paille fraîche. Mais les vaches la repoussaient vers l’arrière et dès le troisième jour, leur réticence à se coucher était nette.

En examinant les anciennes logettes, les éleveurs se sont aperçus que leur sol était bosselé et donc inconfortable. La paille compensait, mais pas de façon durable. Par ailleurs, l’observation des animaux a montré une quasi-absence de boiterie (moins de 10 %), de dos courbé et de tarsite. Hormis celles qui se couchaient hors des logettes, les vaches étaient propres. En revanche, les nouvelles logettes sont un peu plus sales à l’arrière. Les éleveurs passent une fois par jour pour nettoyer.

Sur cet élevage, les vaches pâturent beaucoup. Même en hiver, elles sortent un peu tous les jours. « Ce temps passé dehors permet clairement de limiter l’impact d’un bâtiment manquant de confort sur les pieds et les membres », précise Yannick Saillard. L’élevage ne rencontrait pas de problème particulier de mammites ou de taux cellulaires.

Par ailleurs, la vidéo a montré que la ration restait disponible à l’auge toute la nuit, mais que le fourrage manquait parfois en milieu de matinée, avant la sortie au pâturage. Le film a été réalisé en hiver, à une période où les vaches sortent, mais sans consommer beaucoup d’herbe. Les taux de remplissage du rumen étaient hétérogènes, preuve que certaines ne mangeaient pas suffisamment avant de sortir.

Enfin, le positionnement des trois Dac crée un goulot d’étranglement. Ils se trouvent au bout du bâtiment. L’espace de circulation est restreint.

Stéphanie et Guénaël ont été très intéressés par ces observations. « On savait bien que certaines vaches se couchaient dans le couloir, mais on ne pensait pas qu’elles restaient piétiner dans les logettes à cause du manque de confort », raconte Stéphanie. Ils ont décidé de reniveler les anciennes logettes pour offrir une surface de couchage plane.

Les vieilles vaches gardent leurs habitudes

Pour un coût de l’ordre de 500 €, l’amélioration est évidente. Seulement deux vieilles vaches se couchent encore dans les couloirs. Il semble difficile pour elles de changer leurs habitudes ! Elles sont grandes et les anciennes logettes sont sans doute un peu courtes pour elles. Les autres s’installent correctement. Les éleveurs ne les voient plus se coucher en travers ou avec les pattes arrière à l’extérieur. Elles ramènent moins la paille à l’arrière.

Les éleveurs sont satisfaits de voir que le confort des animaux s’est amélioré. Et ils apprécient aussi de n’avoir plus que deux vaches sales en salle de traite. Les génisses s’habituent rapidement au bâtiment ce qui est également bon signe.

Pour garder les nouvelles logettes plus propres, BCEL Ouest avait suggéré de baisser un peu la barre de cou à 1,10 m. Mais les éleveurs voient les vaches très à l’aise et ne souhaitent donc pas modifier le réglage. « Ce sont surtout les primipares, un peu plus petites, qui salissent à l’arrière. Cela ne nous dérange pas vraiment. »

En ce qui concerne l’abreuvement, les vaches ont accès à un bac à l’extérieur du bâtiment lorsqu’elles sortent, au minimum une fois par jour. Il reçoit l’eau du prérefroidisseur de la salle de traite. Les éleveurs pensaient que cela était suffisant, en complément des huit abreuvoirs de 30 l présents à l’intérieur. En réalité, la longueur est un peu juste. Cela provoque parfois de la compétition la nuit, quand le bâtiment est fermé. BCEL Ouest a conseillé d’ajouter un abreuvoir long dans le passage central. Mais les éleveurs hésitent pour l’instant. Le bâtiment est exigu et ils ne veulent pas restreindre les espaces où les vaches circulent.

Des pistes d’amélioration

Le problème des Dac se heurte également au manque de place. Améliorer la circulation dans cette zone suppose de supprimer des logettes. Ou alors, il faudrait installer une quatrième stalle. « On réfléchit, répond Stéphanie. En hiver, quand les vaches sortent peu, on pense qu’elles ont toutes­ le temps d’aller au Dac. En période de pâturage, les primipares sont sans doute légèrement pénalisées. »

Par ailleurs, le manque de luminosité de la partie ancienne devient plus criant par comparaison avec l’extension. Pour les éleveurs aussi, la partie neuve du bâtiment est plus agréable. L’ancienne toiture a été faite il y a vingt-trois ans. Depuis, la poussière s’est accumulée sur les translucides. Et du lichen a poussé à l’extérieur. Il faudrait donc les nettoyer, ou poser quelques translucides supplémentaires.

Les éleveurs sont contents d’avoir pu voir comment les vaches se comportent quand ils ne sont pas là. Le problème majeur de fréquentation des logettes est résolu. Et ils ont quelques pistes d’amélioration pour la suite. La réfection du sol des logettes n’a pas eu d’impact sur la production. En revanche, la mise en service de la partie neuve du bâtiment avait permis d’augmenter la production des primipares. Elles ont bénéficié de l’agrandissement de la table d’alimentation, qui était devenue trop petite. Passer à une place à l’auge par vache a été très positif.

Pascale Le Cann
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Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
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