« L214 n’a pas sa place dans le débat sur l’avenir de l’élevage français »

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Jérôme Chapon, producteur de lait dans la Manche

«Dans le débat actuel sur le bien-être animal, notamment autour du cahier des charges European Chicken Commitment (ECC), les attaques répétées de L214 me révoltent. Je suis éleveur de vaches laitières, pas de volailles, mais à travers n’importe quelle action de ces activistes, c’est toute une profession qui est à chaque fois traînée dans la boue.

Ne nous méprenons pas sur les objectifs réels des collectifs comme L214 !

Il faut ouvrir les yeux : ce sont des personnes qui ne connaissent rien à l’élevage, rien à l’économie, rien au métier d’agriculteur qui aujourd’hui dictent aux entreprises et aux éleveurs ce qu’ils doivent faire, au détriment de leur revenu, et aussi au détriment de la qualité et de la traçabilité de l’alimentation des Français ! Pourquoi ? Il n’y a pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que ce que L214 veut, ce n’est pas l’amélioration du bien-être des poulets, veaux, vaches, cochons ! C’est la fin de l’élevage, la fin de toute consommation de produits issus des animaux et leur remplacement par des substituts chimiques industriels ! Quand on sait que des associations comme L214 sont financées majoritairement par des dons défiscalisés et des fonds américains, on comprend mieux qu’ils souhaitent la mort de notre élevage français.

Ne nous méprenons pas sur les aspirations des consommateurs !

L’amélioration des conditions d’élevage et la prise en compte du bien-être animal sont, pour nous éleveurs, une préoccupation permanente. Elle l’est car une vache heureuse est une vache qui produit et se reproduit comme elle le doit. Si elle est dans des conditions de bien-être optimum, elle produit ce que son potentiel génétique et sa nourriture lui permettent… Et elle revient en chaleur pour être inséminée sans artifice. Ce sont les clefs de la rentabilité économique d’un troupeau laitier.

C’est ce qui nous permet de vivre de notre métier tout en proposant aux consommateurs des produits de qualité et pour tous les budgets… Ce qu’ils recherchent, dans un contexte probable de baisse de pouvoir d’achat. Si notre élevage disparaît, qui ressortira gagnant ? Pas le consommateur, pas les éleveurs français. Ce sera la viande importée, toujours moins chère et toujours moins contrôlée.

L’élevage français a besoin de soutien.

Dans le contexte actuel, je souhaite saluer le pragmatisme et le courage de Lidl qui a déclaré, après consultation de ses fournisseurs et producteurs français, que deux des neuf objectifs du cahier des charges ECC, que sont les questions de densité et de souches à croissance plus lente, sont difficilement envisageables, voire inatteignables, pour 100 % des approvisionnements d’ici 2026.

Ils vont encore plus loin en ajoutant qu’ils ne prendront « jamais de décision sans étroite concertation avec le monde agricole ni au détriment de la filière ». En tant qu’éleveur, j’avoue ne pas me réveiller tous les matins en me félicitant des pratiques des GMS, mais je dois reconnaître que là, Lidl s’est clairement mis du côté des éleveurs et de la filière et n’a pas cédé aux actions d’extrémistes. J’aimerais pouvoir en dire autant des autres enseignes mais aussi de nos dirigeants politiques que je trouve beaucoup trop timides et muets quand nous subissons des attaques.

Le ministre de l’Agriculture devrait systématiquement dénoncer les actions des militants véganes et ne rien laisser passer : faire progresser le bien-être animal, oui, mais laisser dire des contre-vérités sur nos métiers, certainement pas. Il serait temps que les journalistes, qui se plaisent à reprendre toutes les actions de L214, se penchent un peu plus sur leur fonctionnement et leurs véritables buts. L214 n’a pas sa place dans le débat sur l’avenir de l’élevage français. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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Herbe

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