Le Ceta ne sera pas si bénéfique que ça

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Pascal pommereul, producteur de lait en Ille-et-Vilaine

Dans la rubrique Chez vous du dernier numéro, Ronan Jacques se réjouit des accords du Ceta avec le Canada car nous allons pouvoir exporter nos fromages. En théorie, la filière lait devrait applaudir des deux mains. Je serai plus mesuré car si nous allons nous « sucrer le bec » avec le sirop d’érable, les Canadiens vont aussi nous envoyer 70 000 tonnes de viande bovine et 75 000 t de viande de porc à l’horizon 2023.

Le Canada bénéficie d’un système protectionniste de quotas que le monde laitier montre en exemple et qui permet un prix élevé aux producteurs. Les États-Unis ont déjà créé une brèche dans le système en exportant du lait diafiltré considéré comme un ingrédient et non pas comme un produit laitier. Nos exportations de fromages vont contribuer à déstabiliser cet équilibre fragile. Mais dans un monde libéral, « business is business » et tant pis pour eux donc. Le bonheur des uns fait le malheur des autres !

L’importation de viande bovine haut de gamme (on parle d’aloyau) contribuera aussi à déstabiliser un marché français déjà bien en berne. Les charolais et les limousins vont perdre 0,50 €/kg et par effet mécanique, les réformes laitières aussi. De plus, la filière taurillons va en prendre un coup et les petits veaux mâles vont perdre 50 €. Ronan, un rapide calcul montre qu’au niveau de ta ferme, 30 vaches de réforme et 50 veaux mâles vendus génèrent une moins-value viande de 7 000 €. Même si c’est moitié moins, nous sommes encore perdants et les Canadiens aussi.

Les seuls gagnants dans cette affaire seront encore les transformateurs qui exporteront et n’auront pas de moins-value sur la viande. Un organisme a recensé au moins 46 substances interdites en Europe et autorisées au Canada. À un moment où l’on veut proscrire le glyphosate, la France va importer des produits avec des résidus interdits.

D’une manière générale, cet accord sacrifie encore les produits agricoles par rapport à l’industrie et les services.

« L’ouverture des marchés doit permettre de maintenir des prix bas et d’offrir plus de choix aux consommateurs. » Dixit la Commission.

Gageons que ce n’est pas en notre faveur.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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