« Grâce à la luzerne, ma marge sur coût alimentaire dépasse les 10 euros »

Adrien Moussay producteur laitier à Sacé 53
Convaincu des bienfaits zootechniques et agronomiques de la luzerne, Adrien Moussay compte augmenter sa surface l'an prochain. « Tout compris, elle me revient à 270 €/tonne », explique-t-il. (©Cécile Julien)

En Gaec avec ses parents et son frère, à Sacé (53), Adrien Moussay gère un troupeau de 108 laitières. Adhérents d’une coopérative de déshydratation, ils cultivent de la luzerne, qui, sous forme de bouchons ou de brins longs, enrichit les rations.

Même s’il espère un peu de précipitations pour la suite de l’été, Adrien Moussay est plutôt satisfait devant sa parcelle de luzerne, qui sera bientôt coupée et déshydratée. « Sur la 1ère coupe, le rendement a été bon. La 2e coupe s’annonce aussi bien, partage le jeune éleveur. La luzerne a l’avantage d’avoir fait une bonne partie de son rendement avant le coup de chaud estival. Elle redémarrera dès les prochaines pluies. » La légumineuse est cultivée au Gaec des Ruisseaux depuis 2014. Après avoir vu son intérêt pour la production laitière en l’achetant en brins longs, les parents d’Adrien Moussay décident d’en cultiver « pour être autonomes et maîtriser nos charges. Notre SAU ayant augmenté, il devenait possible de cultiver la luzerne dont on avait besoin pour notre troupeau. »

Pour garder toutes les qualités de la luzerne et faciliter sa conservation, les éleveurs décident d’adhérer à Déshyouest, une coopérative de déshydratation. Sur ses sites de Changé (53) et Domagné (35), cette coopérative déshydrate le fourrage qu’elle a récolté chez ses adhérents. Sous forme de bouchons ou de brins longs, chacun récupère son propre fourrage.

Des bienfaits zootechniques

En plus des protéines, la luzerne apporte des vitamines, de bons acides gras et est connue pour ses bénéfices santé. Adrien Moussay et ses associés la mettent donc au menu des vaches toute l’année. En période de pâturage, les vaches vont ingérer 70 % d’herbe, 5 à 7 kg MS de maïs ensilage, 1 à 1,5 kg de soja, 2 à 3 kg de maïs et 1 kg de luzerne déshydratée. En hiver, la ration passera à 11 kg MS maïs ensilage, 2,5 kg d’enrubannage, 1,5 kg luzerne, 2,3 kg de soja, 2,5 kg de maïs épi et de la mélasse. Au robot, les vaches reçoivent du blé aplati.

« Si le TB descend, on rajoute un peu de luzerne et ça remonte », apprécie Adrien Moussay. Les résultats sont là : sur 2024, la production moyenne par vache et par jour a été de 36,6 kg, avec un TP de 34,3 et un TB de 41,6. « Cette année, nous avons l’objectif de 38 kg pour arriver à livrer 1 250 000 litres avec 100 vaches ».

En moyenne sur l’année 2024, les vaches ont été nourries pour 5,13€/vache/jour et ont produit 15,68 € de vente de lait. Ce qui permet une MCA de 10,55€/vache/jour sur le début 2025. Ce qui est supérieur à la moyenne Eilyps qui est de 7,79 €/VL/jour malgré un coût alimentaire de 3,13€ mais avec seulement 10,92€ de vente de lait.

De la luzerne est aussi incorporée dans l’alimentation des veaux de 2,5 à 6 mois. « Ils sont en alimentation ration sèche avec du maïs épi déshydraté et de luzerne brin long, détaille Adrien Moussay. Ce mash fermier nous revient à 300 €/tonne. Il assure une bonne croissance qui permet un premier vêlage entre 24 et 26 mois et un pic de lactation des primipares à 38 kg. »

Convaincus des intérêts technico-économiques de la luzerne, Adrien Moussay et ses associés veulent passer de 5 à 6 ou 7 hectares pour en mettre davantage dans la ration.

Une culture à l’intérêt agronomique

Avec ses racines particulièrement profondes, la luzerne améliore la structure du sol. « Nous utilisons Farmstar pour adapter les apports d’engrais selon le potentiel de rendement, partage Adrien Moussay. On voit clairement le bénéfice de la luzerne sur les trois cultures qui vont suivre. »

Luzerne
Une parcelle de luzerne, avant la 2e coupe. Le taux de MAT augmente avec les années : 18 % en première coupe et jusqu'à 23 % en 4e. (© Cécile Julien)

Implantée après un blé, en fin d’été/début automne, quand le sol est frais, la luzerne restera en place pour 3 ou 4 ans. Si elle a la capacité de fixer l’azote de l’air, la luzerne a besoin d’apports suffisants en phosphore et potasse, ainsi qu’en soufre. « Il faut privilégier les engrais phospho-potassiques riche en soufre », recommande Antoine Prioux, éleveur en Mayenne et président de Déshyouest.

Comme le fait Adrien Moussay, avec le digestat de sa micro-méthanisation, la luzerne valorise aussi les effluents organiques. Un apport de chaux est aussi à faire à l’automne pour maintenir un pH neutre. Le désherbage est une étape clé afin d’assurer une bonne densité en luzerne donc un bon taux de protéines dans le fourrage récolté. « En sortie d’hiver, j’alterne, un an sur deux, un anti-graminées ou anti-dicotylédones pour maîtriser les coûts, témoigne Adrien Moussay. Si je suis rigoureux sur le désherbage et la fertilisation, c’est pour pouvoir incorporer dans ma ration le fourrage le plus riche en protéines. » En moyenne, il récolte 11 tonnes de luzerne en 4 coupes. Le taux de MAT varie selon la coupe. « Il est en général de 18 % à la 1ère coupe jusqu’à 23 % pour la 4e coupe, partage Samuel Maignan, directeur de Déshyouest. Chaque coupe est faite au meilleur compromis rendement/teneur en protéines ».

La coopérative se charge de la coupe, de la déshydratation et du retour de la luzerne. « Tout compris, la luzerne me revient à 270 €/tonne », chiffre Adrien Moussay. Un coût assez proche de l’enrubannage mais avec tout le travail de récolte de délégué.

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Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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