Dans le cadre d’une étude épidémiologique, comprenant plusieurs centaines de milliers de données, Maéva Caillat, ingénieure de recherche à l’Inrae, a mis en évidence l’intérêt de donner de la luzerne, notamment sous forme déshydratée, dans certaines rations pour améliorer le rendement laitier.
« Nous ne nous attendions pas à de tels résultats », a déclaré Maéva Caillat, ingénieure de recherche à l’Inrae, lors de la présentation au Space de son étude sur l’impact de la consommation de luzerne sur le rendement laitier. Elle a utilisé une approche épidémiologique, appliquée à la nutrition, pour réaliser l’évaluation de l’impact de la consommation de luzerne par les vaches pour la santé reproductive et la production laitière. Si les résultats concernant la santé reproductive sont délicats à interpréter, dans le cas du rendement laitier, la consommation de luzerne l’améliore d’environ 50 g/kg de luzerne ingérée et, s’il s’agit de luzerne déshydratée, il progresse d’environ 250 g/kg , avec un apport moyen de 2 kg de MS par vache et par jour (luzerne toute forme [1] : 2,10 kg de MS/VL/j et luzerne déshydratée : 1,80 kg de MS/VL/j). « Cela est sans doute lié à une meilleure valorisation de l’azote grâce à l’apport de luzerne », analyse Maéva Caillat.
La particularité de l’approche épidémiologique est de travailler sur des échantillons larges et représentatifs. Dans cette étude, menée entre 2019 et 2023, les données sont issues de près de 850 000 contrôles laitiers et 124 000 inséminations artificielles, sur 574 troupeaux consommateurs de luzerne situés dans quatre départements. Les rations de ces troupeaux ont également été intégrées, soit près 25 000 constats d’alimentation mensuels fournis par Eilyps. En utilisant ce jeu de données, il a été possible d’identifier six types de rations représentatives : ensilage de maïs majoritaire et ensilage d’herbe ; ensilage de maïs et herbe enrubannée ; ensilage de maïs et pâturage ; pâturage ; ensilage d’herbe majoritaire et ensilage de maïs ; foin et herbe enrubannée.
Pour chaque ration, l’apport de luzerne, sous toutes ses formes, permet globalement d’obtenir une hausse significative du rendement laitier (voir le tableau ci-dessus). Il existe cependant deux exceptions à cette observation : la ration reposant sur le pâturage (+ 0 g de lait/kg de luzerne) et la ration à base d’ensilage d’herbe majoritaire et d’ensilage de maïs (-95 g de lait/kg de luzerne). Une hypothèse pour expliquer ce phénomène serait un « effet de dilution » lié à la présence d’herbe fraîche. Cet effet positif et négatif sur certaines rations est aussi perçu avec l’ajout de luzerne déshydratée. « Le gain le plus significatif s’observe dans la ration ensilage de maïs majoritaire et ensilage d’herbe », relève Maéva Caillat (250 g/kg).
Côté fécondité, c’est-à-dire l’intervalle entre le vêlage et la conception d’un nouveau veau, l’impact de la luzerne est peu ou pas marqué. Cependant, dans le cas de la luzerne déshydratée, l’effet positif sur la fécondité semble un peu plus présent. L’ingénieure de recherche s’est aussi intéressée à l’impact de la luzerne sur la qualité du lait. Ajouter de la luzerne sous toutes ses formes ou de la luzerne déshydratée aurait tendance à faire baisser le taux protéique et monter le taux butyreux, avec à nouveau un effet plus important dans le cas de la luzerne déshydratée. Les évolutions positives comme négatives sont cependant assez faibles. « Peut-être y a-t-il aussi un effet de dilution pour le taux butyreux puisque la vache produit plus de lait », relève Maéva Caillat. Sur le plan pratique, la grande limite de ces résultats est le rapport prix de la luzerne et prix du lait. Si le prix du lait est trop bas, malgré la hausse de rendement liée à l’ingestion de luzerne, il ne couvrira pas l’achat de l’aliment.
(1) La luzerne toute forme correspond à de la luzerne sous forme fraîche, d’ensilage, d’enrubannage ou encore déshydratée.
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