
Manifestation. L’Apli et une délégation de l’EMB ont défilé sans heurts au SIA avec des revendications bien connues, seules aptes, selon eux, à sortir les producteurs européens d’une impasse chronique.
Après le déplacement parisien du mardi 13 février dernier à proximité de l’Assemblée nationale, visant à alerter les élus et à mettre les projecteurs sur l’élevage laitier, les membres de l’Apli ont de nouveau fait le déplacement au SIA. À cette occasion, ils ont bénéficié du renfort de producteurs européens de l’EMB en provenance de 10 pays, des voisins belges, suisses ou allemands, mais aussi des représentants venus du Portugal, de Norvège et des Pays baltes. « Un grand merci à tous ces producteurs courageux, a d’abord tenu à souligner Adrien Lefèvre, président de l’Apli. Nous nous retrouvons ici pour faire comprendre que l’enjeu est européen, avec toujours le même mot d’ordre depuis maintenant quinze ans : le juste prix et la rémunération des agriculteurs. »
Les représentants des différentes délégations ont pu pointer la problématique des pratiques commerciales déloyales dont découle un prix du lait insuffisant pour couvrir les coûts de production. « Nous venons d’un pays où le prix payé aux producteurs est un des plus bas d’Europe, confiait Jonas Vilionis, éleveur lituanien. Notre secteur laitier est en péril, avec des milliers de vaches qui disparaissent chaque mois. » Unique représentant portugais, Carlos Neves a également rappelé l’exigence du prix, mais aussi celle d’une politique européenne simplifiée : « Le poids de l’administratif est trop lourd et il est nécessaire d’harmoniser les normes pour tous les pays. » L’Allemand Romuald Schaber, du syndicat BDM, a pour sa part rappelé que son pays réfléchissait à une sorte d’Egalim national et témoigné du mal-être paysan outre-Rhin, où selon une étude sociologique 50 % d'entre eux seraient en situation de burn-out.
Le lait équitable, modèle d’une filière rémunératrice
Au total, plus d’une centaine d’éleveurs ont ensuite défilé sans heurts dans le salon parisien pour revendiquer une agriculture équitable : « Une agriculture qui garantisse au consommateur que tous les maillons de la chaîne ont été traités de façon équitable, a martelé Erwin Schöpges, ex-président belge de l’EMB, fondateur de FairBel. Équitable pour les producteurs par le biais de prix qui couvrent tous les coûts de production, équitable pour le transformateur et équitable pour la distribution. » Le cortège de producteurs a fait des haltes symboliques devant les stands de l’Europe ou de la Maison du lait où il a distribué des briques de lait FaireFrance. Un concept de commerce équitable mis en avant pour montrer qu’une rémunération plus juste est possible. La marque déposée par l’EMB est présente dans 6 pays : France, Italie, Allemagne, Suisse, Luxembourg et Belgique où elle se décline sur de la viande et les fruits.
Gestion des volumes, OP renforcées et clauses miroirs
Pour les participants, auxquels se sont joints des représentants de l’OPL (section laitière de la Coordination Rurale), les subventions ou autre allègements fiscaux ne suffiront pas à sortir de l’impasse chronique dans la laquelle se trouvent les producteurs : « Nous en appelons aux responsables politiques européens pour mettre en place des réformes en profondeur du marché que nous réclamons depuis trop longtemps afin de soutenir le revenu des agriculteurs », déclarait ainsi Kjartan Poulsen, président danois de l’EMB. Des réformes inspirées de mesures défendues inlassablement par l’EMB depuis sa création et restées jusqu’ici lettre morte : application active des instruments de gestion des crises tels que la réduction volontaire de la production reprise dans l’organisation commune des marchés ; des normes contractuelles européennes, portant notamment sur les volumes et les prix avant livraison du lait, et auxquelles seraient également soumises les coopératives ; des clauses miroirs strictes pour les importations et des mécanismes de contrôle du respect de ces règles ; des mesures favorisant un regroupement plus large au sein des organisations de producteurs. « La position actuelle de l’Europe n’est pas acceptable. Nous sommes ici pour revendiquer un prix équitable et nous continuerons à lutter comme nous le faisons depuis des années pour maintenir l’élevage laitier partout en Europe ».
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