
Même si elle n’était pas issue du milieu agricole et qu’elle voulait changer de production, Albert Béchu a tout de suite vu en Noémie Prochasson l’énergie et la rigueur qui lui permettraient de reprendre, avec succès, son exploitation.
Il y a des cédants vendeurs et des cédants transmetteurs. Ancien producteur de lait bio à Luitré-Dompierre (Ille-et-Vilaine), Albert Béchu fait partie de cette catégorie. « Aucun de nos enfants ne souhaitait s’installer en vaches laitières mais nous n’avions pas envie que l’exploitation soit démantelée », retrace le jeune retraité.
« Avec mon épouse, nous voulions qu’un jeune reprenne la ferme, continue l’élevage ». C’est chose faite avec l’installation de Noémie Prochasson. La jeune femme entre en contact avec Albert par le biais du RDI. Après avoir travaillé dans des organisations agricoles et coopératives, elle voulait passer de l’autre côté de la barrière.
Trouver la bonne ferme
« En 2017, j’ai commencé à réfléchir à une installation en production caprine, retrace-t-elle. Ma première intention était de faire de la transformation, mais c’est une activité exigeante en temps et en investissements. En plus, je ne trouvais pas d’exploitation qui me convenait ». Noémie décide d’opter pour la filière longue bio.
Elle visite une douzaine de fermes. « Au fur et à mesure, j’agrandissais mon rayon de recherche, sans résultat, jusqu’à celle d’Albert, de bonne dimension, adaptable au type d’élevage souhaité et située, en plus, sur la commune où j’habitais », se félicite-t-elle. La première visite a lieu en février 2019. La jeune femme s’y installe, deux ans plus tard, en février 2021.
Que l’élevage perdure
Que l’exploitation corresponde à ses attentes, un bon début, mais ce n’est pas suffisant pour qu’une installation agricole réussisse. « Le feeling est bien passé dès la première visite, se souvient Albert. Nous avons tout de suite eu envie de lui donner sa chance ». Pourtant, le profil et les objectifs de Noémie n’étaient peut-être pas ceux que les cédants avaient en tête au départ. « Une femme, non issue du milieu agricole et qui veut remplacer les vaches, je cumulais les handicaps », plaisante la jeune installée.
Mais sa détermination, le sérieux de son projet, son désir de maintenir un atelier d’élevage convaincront Albert et son épouse. Ils trouveront même des avantages au changement de production. « La présence d’une route départementale, qui divise le parcellaire, rendait compliquée la reprise de la ferme en bovins lait, reconnaît Albert. Voir mes vaches partir a été un peu difficile. Que l’élevage perdure, c’est ce qui comptait. »
Les ingrédients d’une transmission réussie
Plusieurs éléments ont fait le succès de la transmission d’exploitation entre Albert et Noémie. La confiance mutuelle déjà, qui s’est vite instaurée entre eux. « Quand je lui demandais un chiffre, une information, Albert a toujours joué cartes sur table, raconte Noémie. J’ai senti que lui et son épouse voulaient vraiment m’aider. »
Et cela s’est traduit sur le plan économique. « Inutile d’assassiner un jeune, plaisante Albert. Avec mon comptable, j’avais chiffré la valeur de la ferme et réalisé différentes simulations selon que le repreneur veuille ou non racheter la maison, le foncier, etc. »
« Après, on s’est adapté au projet de Noémie. J’ai fait des concessions sur le montant du bâtiment et je n’ai pas imposé la reprise de tout le matériel : elle a choisi ce dont elle avait besoin. » Il lui a aussi mis les terres en location. Albert et son épouse ont conservé leur maison. « Je suis content d’être resté à la campagne. Mais on aurait été prêt à la vendre si ça avait été un critère pour permettre l’installation au sein de l’élevage. »
Une installation en deux étapes
Cette bonne entente doit continuer même après, pour que le duo cédant/repreneur d’exploitation trouve un juste équilibre entre un cédant qui s’impose ou, au contraire, laisse le jeune installé livré à lui-même. Albert a épaulé Noémie pour sa première année culturale. « Je viens si elle m’appelle. À un moment, il faut accepter que ce ne soit plus sa ferme, mais celle du jeune et qu’il travaille à sa façon. » Noémie trouve l’attitude d’Albert « équilibrée » et a particulièrement apprécié qu’il la présente à tous ses interlocuteurs.
Au 1er janvier 2025, son conjoint Anthony va la rejoindre sur la structure. « Il a toujours visité les exploitations avec moi parce qu’il avait, à plus ou moins long terme, aussi l’intention de s’installer », explique la jeune femme. Les futurs associés vont donc augmenter le troupeau, reprendre 25 ha et créer un atelier d’engraissement de génisses. Pour Albert et son épouse, ça sera alors la double satisfaction de voir, non pas un, mais deux jeunes reprendre leur ferme.
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