Accompagner les agriculteurs et les éleveurs, qui s'apprêtent à céder leur exploitation, est l'une des missions du Civam, avec l'Adage en Ille-et-Vilaine. Comment abordent-ils cette étape délicate de leur carrière ? Quelles sont leurs principales préoccupations ? Quel regard portent-ils sur la transmissibilité de leur structure ? Mathilde Lefèvre, animatrice dans ce département, partage son expérience d'accompagnatrice. « De nombreux cédants pensent que leur ferme n'a pas d'avenir. À nous de faire évoluer cette vision. »
« Les cédants, qui viennent vers nous, arrivent avec l'envie de voir une suite se construire pour leur ferme. Vu l'énergie qu'ils y ont mis pendant toute leur carrière, beaucoup sont même assez déterminés », explique Mathilde Lefèvre, animatrice au Civam Adage 35 (voir encadré ci-dessous), deux organisations accompagnant les agriculteurs et agricultrices qui vont céder leur exploitation.
Voir une suite se construire pour la ferme.
« Leurs inquiétudes sont aussi nombreuses : "Est-ce que la transmission de la ferme va être possible ? Est-ce que je vais rencontrer une ou plusieurs personnes, qui vont souhaiter poursuivre ce que moi j'ai initié ? », détaille-t-elle. « Au-delà de la continuité de leur structure, les exploitant(e)s tiennent à celle des pratiques qu'ils ont mises en place », poursuit l'animatrice.
Écoutez Mathilde Lefèvre, animatrice au Civam Adage 35, lors du Space 2021 :
« Il est important de rappeler que beaucoup d'agriculteurs et agricultrices, proches de la retraite, n'imaginent pas que leur ferme est transmissible et a un avenir. Ils ne font aucune démarche », insiste Mathilde Lefèvre. C'est pourquoi, il est « essentiel » selon elle que « tous les acteurs du monde agricole parlent de transmission ». « As-tu déjà pensé à ta succession ? Où en es-tu ? Comment ça, ta ferme n'est pas transmissible ? Toutes le sont, discutons-en ensemble : les exploitants en fin de carrière doivent entendre ces questions de la part d'un maximum d'interlocuteurs pour que, petit à petit, un cheminement se fasse dans leur esprit. »
Pour que, petit à petit, un cheminement se fasse.
« La transmissibilité d'une ferme est fortement marquée par la manière dont les cédant(e)s perçoivent leur structure, leur profession et l'avenir de l'agriculture en général, souligne l'animatrice. C'est un élément subjectif et une même personne peut l'appréhender différemment, à différentes étapes de sa vie. Peut-être, aujourd'hui, tel exploitant ne croit pas son exploitation transmissible mais à force d'être questionné par ses partenaires et de voir des expériences réussies sur son territoire, sa vision peut évoluer. »
« Ainsi, nous essayons d'inciter nos adhérent(e)s à entretenir une image désirable de leur structure, de leur métier, de l'agriculture, de l'élevage laitier herbager en particulier (système vers lequel un grand nombre d'entre eux se sont orientés, NDLR) », met-elle en avant. Les porteurs de projets, surtout lorsqu'ils ne sont pas issus du milieu agricole, y sont très sensibles. »
« Alors, nous encourageons les cédants, les éleveurs et tous les agriculteurs, qui aiment ce qu'ils font et s'y épanouissent, à en être fiers et le dire. Cela ne peut que faire pousser des envies ! » « Comme le dit l'un des intervenants de la formation que nous organisons (cf. plus bas dans l'article), vous ne transmettez rien du tout, mais vous offrez à la possibilité à votre repreneur de construire sa vie », conclut Mathilde Lefèvre.
Dire qu'on aime son métier, ça fait pousser des envies !
« Accompagner à travers l'échange »
L'accompagnement à la transmission du Civam Adage 35 s'articule autour de trois pôles :
une formation de groupe sur 5 jours (10-12 exploitant(e)s bientôt à la retraite)
Il s'agit de « poser les bases de la réflexion », c'est-à-dire passer en revue « les bonnes questions » sur lesquelles réfléchir, en particulier « dans les domaines juridiques, fiscaux et foncier ». Autres objectifs : estimer l'outil de production, mieux connaître les porteurs et porteuses de projet agricole, et préparer la retraite.
un accompagnement individuel à l'échelle de l'exploitation
Ceci, pour faire le point sur les envies, les besoins, les projets du cédant, réaliser un diagnostic de sa ferme, lister les démarches à engager, diffuser l'annonce de reprise (sur le site web www.installation-transmission-paysanne.bzh, le mettre en relation avec un ou des repreneur(s) qui, eux aussi, est accompagné pour « voir comment les choses se passent de chaque côté », de « l’amont à l’aval de la transmission ». « Nous cherchons à savoir s'il y aura une période de transition entre le(s) cédant(s) et le(s) jeune(s), mais aussi à créer du lien entre le futur installé et le territoire à travers les groupes d'échange, les Cuma... », précise Mathilde Lefèvre.
« Tout ceci pour faciliter, au-delà des aspects humains, la transmission des savoirs agroécologiques : exploitation de l'herbe, via notamment le pâturage, etc. Pour l'Adage, association qui accompagne les éleveurs dans les systèmes herbagers, l'enjeu est de montrer toutes les potentialités de ces modèles en termes d'installation et de transmission. Les fermes herbagères ont des atouts à faire valoir et sont porteuses d’avenir pour les générations futures ! »
des espaces d'échanges réguliers (débats et témoignages thématiques, dans le cadre de cafés ou rallyes transmission entre autres)
« Transmettre sa ferme peut s'avérer très remuant et compliqué à vivre à certaines étapes. Se sentir entouré et échanger dans un cadre bienveillant avec des pairs, ça aide ! »
Céder sa ferme peut être remuant. Se sentir entouré, ça aide !
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