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Financement de l'installationFabrice, éleveur : « Le portage foncier a soulagé les premières années »

Fabrice Etcheverry, jeune éleveur de broutards limousins, a été le premier de son département à bénéficier du portage foncier. (©Yoann Frontout)
Fabrice Etcheverry, jeune éleveur de broutards limousins, a été le premier de son département à bénéficier du portage foncier. (©Yoann Frontout)

Les leviers de financement pour les jeunes agriculteurs ont évolué rapidement ces dernières années. Développement du portage foncier, fin des prêts MTS JA, aides de la région… L’installation sur la ferme familiale d’un jeune éleveur bovin en 2016 témoigne de ces mutations.

Fabrice Etcheverry s’est installé en mai 2016 sur la ferme familiale, à Oradour-Saint-Genest, en Haute-Vienne (87). Depuis les années 80, son père y élève des broutards de race limousine, des veaux vendus au sevrage. Lorsqu’après son Bac pro en production animale, Fabrice décide de se joindre à l’aventure, l’exploitation a déjà bien grossi : sa mère et ses deux frères ont rejoint la structure, constituant un Gaec.

Les quatre associés gèrent alors un cheptel de 220 vaches allaitantes sur 345 ha, dont 90 en céréales pour la consommation du troupeau. L’objectif pour le jeune agriculteur est d’agrandir encore l’élevage, en apportant 90 ha et 70 mères supplémentaires. Une extension qui nécessite la construction de deux bâtiments de stockage (pour le matériel et le fourrage) et la transformation de deux infrastructures existantes en étables.

DJA, aide PCAE et du conseil départemental

Pour financer son projet d’installation sur la ferme familiale, Fabrice se tourne vers sa chambre d’agriculture. Puisqu'il n'a pas d’apport personnel, il s’appuie sur des aides et demande des prêts. Il obtient ainsi une aide à l’installation du conseil départemental de 2 300 € et est par ailleurs éligible à la DJA, la Dotation jeune agriculteur, pour un montant de 17 500 €. « Maintenant, je toucherais autour de 30 000 € de DJA, mais la part des intérêts que l’État m'a pris en charge compensait cette différence », explique le jeune agriculteur.

Les intérêts qu’il mentionne sont ceux relatifs aux prêts Moyen terme spéciaux jeunes agriculteurs (MTS JA). Presque tous les frais de Fabrice sont passés dans ces prêts proposant un taux d’intérêt bonifié de 2,5 à 1 % en zones défavorisées (comme c’est le cas pour Fabrice) sur cinq ans. « Aujourd’hui, les prêts MTS JA ne seraient plus intéressants puisque l’on peut déjà emprunter à la banque à des taux de 1 % », précise Fabrice. Inopérants, ils ont ainsi été supprimés en 2017 mais continuent à courir pour ceux qui, comme lui, les ont débloqués avant.

Pour les bâtiments, Fabrice a par ailleurs bénéficié d’aides via le Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Ces subventions, pilotées par la Région, sont évaluées suivant une grille prenant en compte de nombreux critères : type de production, zone géographique, mode d’installation, nombre et âge des associés… « J’ai eu droit à un taux d’aide de 43 % sur un PCAE de 80 000 €, mais un jeune qui s’installe hors cadre familial peut viser jusqu’à 55 % », souligne l’agriculteur.

Le portage foncier «  m'a permis d'investir dans du matériel »

Pour l’accès au foncier, Fabrice a profité, sur 60 de ses 90 ha, d’un dispositif alors très récent, le portage foncier mis en place par la Safer et le Crédit agricole. « J’étais le premier dossier sur le département, raconte l’agriculteur. Il y avait en réalité 150 ha à acheter car la propriétaire des terrains que louait mon frère avait décidé, au moment où je m’installais, de les vendre. »

Acquérir le foncier devenait alors difficile pour la famille et il n’était pas question pour Fabrice de louer à fonds perdu. « Mon frère s’était installé en 2005, ce qui signifie qu’il a payé 11 ans de fermage : c’est comme s’il avait, en définitive, acheté deux fois son terrain. » Avec le portage foncier, la Safer achète les terres et les loue pendant cinq ans ou plus à l’agriculteur avant de les lui vendre, en déduisant le loyer – 6 000 € TTC par an pour les 60 ha de Fabrice – du prix de la rétrocession. « Ce dispositif a soulagé financièrement les premières années de mon installation et m'a permis d’investir dans du matériel », témoigne Fabrice.

En jouant ainsi sur plusieurs leviers, le jeune agriculteur a pu développer une stratégie de financement viable pour rejoindre la ferme familiale. Le travail, quant à lui, ne manque et ne manquera pas : l’année dernière, le père de Fabrice est parti à la retraite et cette année sa mère quittera à son tour le Gaec. La fratrie tiendra alors, seule, les rennes de l’exploitation.

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